Salut Awan,
L'argent est le nerf de la guerre. Au risque d'être un peu rude, il me semble que le plus judicieux pour toi est d'analyser dans un premier temps les possibilités de formations en fonction de leur coût et de procéder dans un deuxième temps à un arbitrage entre leur coût et tes aspirations, entre ce que je
peux et ce que je
veux. Or pour être pilote tu as aujourd'hui 3 typologies de formations.
Attention : ce que je vais exposer ci-dessous ne prend pas en compte ta capacité à accéder aux différentes formations.
1/ les formations où l'investissement et le risque financier est porté par l'aspirant pilote
Ici, tu passes à la caisse, sans filet de sauvegarde, puis tu deviens pilote.
La majorité des formations appartiennent aujourd'hui à cette première catégorie, qu'elles soient en parcours modulaire ou en parcours intégré, avec ou sans sélections "cadets" : CTC, CAE, FTE, ESMA, EPAG, Sud Aviation, etc.
Les plus chères d'entre elles sont les sélections dites "cadets", qui sont en parcours intégré : Easyjet, Qatar, pour n'en citer que deux, qui te forment chez CTC Wings ou CAE Oxford Aviation. Je dis "cadets" car ici, ces compagnies
ne prennent absolument aucun risque concernant les pilotes qu'elles sélectionnent. Le deal est : tu as été sélectionné parce que tu as du potentiel, tu paies absolument tout et, si tout se passe bien, on te prend (mais pas totalement quand même, en tout cas jusqu'à ce que tu aies fait tes preuves en ligne). Ce qui veut dire que tout est à la charge de l'élève et induit un besoin de trésorerie énorme (pouvant aller jusqu'à 140 000 euros). Mais encore une fois, si tout se passe bien, l'élève est intégré en compagnie et peut rembourser sans trop de difficultés. Note d'ailleurs que les compagnies n'ont absolument aucune obligation contractuelle concernant l'embauche : elles le font si elles en ont besoin et ce besoin est déterminé par une projection sur 2 à 3 ans n'incluant pas les imprévus économiques... Et crois moi que la banque n'aura rien à faire des aléas financiers de l'aviation concernant le remboursement des sommes dues, en temps et en heure.
Toujours dans cette première catégorie, tu as aussi les
parcours modulaires, qui te permettent d'avancer à ton rythme et surtout donc d'investir à ton rythme, avec des besoins de trésorerie acceptables et donc des prêts, si besoin, beaucoup moins conséquents (sachant que les parcours en modulaire sont, de surcroît, moins chers). Ici, deux options : la France ou l'étranger. En France, aujourd'hui, ce parcours à le défaut de déboucher très difficilement sur une intégration en ligne, avec comme déjà énoncé plus haut, beaucoup de petits boulots, voire du chômage. A l'étranger, l'avantage de l'environnement en anglais est indéniable, mais il faut pouvoir trouver du
travail à l'étranger pour faire un
modulaire à l'étranger, sinon ça n'a pas vraiment de sens. Et il te faudra chercher du travail comme les autres à l'issue de ta formation initiale.
Par ailleurs, quel que soit ton choix, en cas de défaut de paiement d'un prêt, le risque financier est ici dans tous les cas à ta charge et à celle de ton garant (papa maman en général). Enfin, c'est la santé financière de ton foyer qui dictera la décision de la banque de t'octroyer un prêt : tes parents gagnent-ils bien leur vie, ou pas ? Sont-ils propriétaires ? Si oui d'un bien immobilier de quel valeur, etc. ? Ironie de l'histoire, plus ton foyer est riche, plus il te sera facile de contracter un prêt, mais moins tu en auras besoin, et plus ton foyer est modeste, plus il te sera dur de contracter un prêt, alors que tu en as finalement le plus besoin.
2/ les formations où l'investissement financier est porté par l'aspirant pilote et le risque financier est porté par le recruteur (garanties de prêt)
Ici, tu passes à la caisse, avec un filet de sauvegarde, puis tu deviens pilote.
De mémoire aujourd'hui il n'y a que le
Future Pilot Program de British Airways qui permet un prêt garanti par la compagnie même, pour une formation financée par l'élève, à travers CTC, FTE, CAE. Ceci est non négligeable, car ça permet bien souvent de débloquer la somme demandée à la banque : une banque ne prête de l'argent que si elle est sûre d'en revoir la couleur et si possible avec peu de risque. Or qui dit revenus modestes dit, dans le monde actuel, risque accru. De plus, dans ce cas de figure, en cas d'échec pendant la formation, British Airways étant ton garant financier, elle pourra rembourser à la banque tout ce que la banque t'a prêté.
3/ les formations où l'investissement et le risque financier sont portés par le recruteur
Ici, tu deviens pilote puis tu passes (plus ou moins) à la caisse.
Cette catégorie, c'est un peu comme les trotskistes, elle en voie de disparition. C'était le cas d'Air France, ça ne l'est plus. Aujourd'hui en "actif", tu as concrètement, sauf oubli:
-EPL
-Armée de l'air
-Marine
-Swiss Airlines
-Lufthansa
Pour les militaires, je ne connais que trop peu.
Pour Swiss Airlines et Lufthansa, ta formation est quasi intégralement prise en charge par les compagnies avec un remboursement nul (Swiss European Airlines), partiel (Swiss International Airlines) ou complet (Lufthansa), une fois que tu es assis au chaud dans cockpit et le salaire qui va avec, sur des durées tout à fait acceptables, à taux zéro et non imposable. Mais il y a l'allemand. Ceci dit, ces compagnies croient vraiment en toi puisqu'elles prennent en charge ta formation, que cela soit du côté pédagogique ou du côté des pépètes. Elles se mouillent : si tu rates ta formation, elles auront perdu tout ce qu'elles auront investi et tu ne leur devra rien (sauf désistement, exclusion pour comportement inapproprié, etc.).
Pour l'EPL, le problème a déjà été soulevé ici : l'intégration en ligne. Ceci dit, dans une optique purement financière, il vaut mieux être EPL au chômage qu'avoir claqué des dizaines de milliers d'euros et se retrouver aussi au chômage, avec les 1000 euros (ou plus) de remboursement qui piquent chaque mois, tout en travaillant au MacDo.
Le point commun de toutes ces sélections ? La difficulté d'y rentrer.
Enfin, à toi de prendre tout cela en compte et de le comparer à tes aspirations profondes, de peser les pour et les contre, d'en parler cartes sur table avec tes parents et de
distinguer ce qui est possible de ce qui est souhaitable. Quoi qu'il arrive et quel que soit le parcours, rien ne remplacera ta volonté et ta capacité d'apprentissage.
Good luck !
Ps: merci de me corriger pour les oublis et les imprécisions
