Pilote de transport puis pilote de ligne ?

Pour parler d'autres choses que les sélections en elles-même: la vie de pilote militaire, tel avion, tel autre...

Modérateurs : Palmito, HR200

Répondre
Avatar du membre
Auteur du sujet
Tarek
Elève-pilote posteur
Messages : 10
Enregistré le : 02 juin 2011, 21:34

Pilote de transport puis pilote de ligne ?

Message par Tarek »

Bonjour,

Quelles sont les licences que passent les pilotes de transport (et non pas de chasse) à l'armée ?
Au bout de 10 ans, est-ce possible de passer pilote de ligne dans le civil ?

Merci !
Avatar du membre
arogues
Chef de secteur posteur
Messages : 1790
Enregistré le : 25 oct. 2004, 02:00
Contact :

Message par arogues »

Maintenant ce sont les mêmes licences que les civils (donc CPL - ATPL, MCC, IR et QT qui va bien selon l'avion).
Donc oui la reconversion vers le civile est largement possible et très souvent pratiquée.
@+, Antoine
Mon blog : http://blog.arogues.org
Avatar du membre
4T60A
Chef pilote posteur
Messages : 505
Enregistré le : 03 avr. 2016, 12:33
Âge : 59

Message par 4T60A »

À l'époque où j'ai été dans le transport militaire (1985-2000), il n'y avait comme équivalence civile que le Pilote Professionnel (PP, ancienne mouture du CPL) et le stage IFR (ancien nom de l'IR). J'ai eu à passer tous les théoriques en candidat libre, ainsi que le test IFR-bi (en pratique une dizaine d'heures de Beech 76 m'ont été nécessaires pour m'habituer à l'avion et surtout au travail monopilote).

Ensuite au bout de 15 ans d'armée j'ai été autorisé par l'institution militaire à embarquer un testeur DGAC sur un vol d'entraînement afin de passer une QT associée à l'ancêtre du MCC. Ce module disparu depuis lors s'appelait la 1ère QT JAR25, et était requis pour faire sauter les limitations de poids des avions accessibles en tant que copi.

Et en effet, comme dit ci-dessus, tout est maintenant harmonisé entre l'armée (au moins le transport militaire) et le civil. De plus, l'uti des avions de transport militaires hors vols tactiques est très proche de ce qui se pratique dans l'aviation commerciale, il est donc évident que faire ses premières armes aux commandes de Transall, d'Hercules ou de Casa 235, en attendant de passer ultérieurement sur A400M, sur A330MRTT ou sur les Falcon du GLAM, ouvre ensuite beaucoup de portes.
Avatar du membre
grodep
Chef de secteur posteur
Messages : 938
Enregistré le : 19 août 2009, 08:46
Âge : 51

Message par grodep »

Désolé de rabâcher, mais il peut être utile de préciser que rentrer dans l'armée avec comme unique projet de se faire payer ses qualifs civiles afin de s'enfuir au plus tôt dans le civil est un très mauvais calcul et qu'il est d'ailleurs souvent à l'origine de nombreux échecs.

Un parcours de pilote militaire, chasse ou transport, ça s'envisage de manière sérieuse et sous l'angle du service à la nation.

Les licences sont désormais uniformisées comme le précisent les deux précédents interlocuteurs, pour autant, obtenir certaines de ces licences ne se fait pas "automatiquement" et seules les cpl, atpl théorique sont délivrées dans tous les cas. Pour les autres, et je pense notamment à l'ATPL pratique, c'est loin d'être gagné...

Enfin, il y a, avec le passage de certaines QT, la signature d'un lien au service d'une durée variable de 3 à 6 ans, qui limite, et c'est bien le but, le départ anticipé vers le civil.

Quand tu rajoutes à tout ça, le fait que notre armée, dans sa délicate gestion de ses personnels, dispose de quelques outils efficaces pour les décourager de partir trop vite, tu peux ensuite raisonnablement réfléchir à la pertinence de ton parcours au sein des armées...

NB: du coup, pour répondre à ta question précisément: oui, c'est possible, mais ce n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire: au bout de 10 ans dans l'armée en rentrant comme EOPN, tu n'auras pas beaucoup avancé:
4-5 ans pour l'obtention du brevet de pilote.
Tu auras donc sensiblement 5 années en tant que pilote, soit environ 2500 à 3500h sur moyen/gros porteur militaire, car les chances de faire des avions "civils" (Airbus ou falcon) sont proches de 0 à la sortie d'école. Je peux te dire que ce genre de cv n'a que peu de chances de t'ouvrir des portes...
Avatar du membre
4T60A
Chef pilote posteur
Messages : 505
Enregistré le : 03 avr. 2016, 12:33
Âge : 59

Message par 4T60A »

Grodep, je suis un peu surpris quand tu annonces 5 ans pour le brevet. 5 ans, c'est la durée plausible en effet entre l'intégration dans l'armée et la qualif CDB. Pour le brevet, c'est de mémoire plutôt 2 ans / 2 ans-1/2.

Maintenant, concernant l'engagement "affectif" envers le drapeau. C'est exact, il ne faut aucunement le négliger. Mais cela n'empêche pas pour autant de préparer le futur. J'ai eu pour ma part la chance d'une transition fluide car tout en faisant mon job de (pilote) militaire, j'ai bossé, ai passé mes certifs, mon I(F)R, et ai effectué les démarches pour obtenir le droit d'embarquer un testeur DGAC lors d' un vol d'entraînement.

À contrario, j'ai vu trop de mes confrères qui se sont retrouvés gros-jean-comme-devant au moment de leur départ, faute d'avoir anticipé celui-ci.

Maintenant, partir au bout de 10 ans (en pratique de 11 à 12, en fonction des modifs statutaires de contrat en cours de route au moment de l'accession au statut d'officier) est un choix qui va entraîner un certain nombre de conséquences. Cela entraîne la perte de toute possibilité de pension militaire, mais également la possibilité d'une progression plus rapide dans le monde civil. Chez mon employeur Corsair, deux de mes camarades rentrés dans l'armée notablement après moi ont fait le choix de partir à l'issue de leur 1er contrat officier, résultat, rentrés chez Corsair il y a 20 ans, l'un est devenu CDB il y a 15 ans et l'autre un an après. Moi qui suis rentré dans la boîte 4 ans après, en 2000, j'espère une place gauche dans 1 an 1/2 - 2 ans. ;) Mais en revanche je dispose d'une pension militaire.

Donc tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir. Attention : par rapport à ce que j'évoquais ci-dessus je suis tout sauf en train de me plaindre. Je suis très heureux de mon sort, et si c'était à refaire, je suivrais le même parcours dans les grosses lignes, à quelques ajustements près. ;)

Mais simplement, il faut avoir un projet cohérent, et savoir ce que l'on veut. Ensuite il faut s'y tenir et s'y préparer, et surtout ne pas lâcher la proie pour l'ombre.

My two cents.. ;)
Avatar du membre
grodep
Chef de secteur posteur
Messages : 938
Enregistré le : 19 août 2009, 08:46
Âge : 51

Message par grodep »

4T160A, 2 ans c'était AAAAAAvant :(

Désormais, c'est bien 5 ans, et parfois plus... le parcours à salon est très long, meme pour les EOPN, notamment en raison de l'ATPL théorique. La progression est ensuite ralentie, par des bouchons réguliers à toutes les étapes de la progression. C'est pour ça que j'ai pris la peine de détailler le cursus. C'est un vrai calvaire, et beaucoup y perdent une bonne partie de leur motivation, je pense notamment à tous les "chassou" qui se voient proposer après ces 5 ans, un retour école instructeur pour une durée mini de 3 ans.... Tu comprends mieux pourquoi autant finissent par renoncer à repartir dans la chasse à l'issue de leur période d'ab ovo, et c'est d'ailleurs bien la dessus que l'AA compte!

Pour le reste, je considère que préparer son départ de l'armée 3 ans avant la fin de son contrat et penser à sa carrière civile en rentrant dans l'armée sont deux chose bien distinctes. Ne pas anticiper son départ à la retraite est stupide, mais ne rentrer dans l'armée que pour passer ses qualifs à bon compte, c'est .... abject.

N'oublie pas non plus que si, il y a 20 ans, il était assez simple de se faire embaucher en compagnie avec son passé militaire, c'est aujourd'hui une autre paire de manches.
Avatar du membre
flyingteo
Elève-pilote posteur
Messages : 30
Enregistré le : 04 déc. 2011, 12:34
Âge : 49

Message par flyingteo »

Au temps de formation vers le macaron, que j'ai un peu perdu de vue, il faut ajouter un engagement de 8 ans après le macaron. Si tu pars avant, tu rembourses, mais surtout ça va se faire dans la douleur: mise au placard pour un temps interminable qui va te faire rater la précieuse opportunité que tu auras trouvé dans le civil. On a eu le cas dans mon escadron. En plus, si tu mets 4 ans (coupons la poire en deux !) pour être macaronné, ça te ferait quitter à 12 ans de service. Autrement dit, plus que 5 ans à tenir pour avoir la pension à 17 ans. C'est ballot. Cela dit, c'est 17 ans théoriques, car en ce moment c'est plutôt 22 ans de service que 17 pour qu'ils l'accordent ! Ca dépend de la conjoncture.
Pour les équivalences: tu as l'ATPL théorique, et la QT n'est pas prorogée dans le civil. L'armée ne te revalidera la QT et l'ATPL pratique que si tu pars dans les conditions que eux auront choisi. Autrement dit, tu pars un peu en slip.
Enfin, et je suis d'accord avec ce qui a été dit par mes collègues, on ne rentre pas dans l'armée de l'air juste pour la reconversion. C'est malhonnête pour l'institution qui t'accueille, malhonnête envers tes concurrents qui seront éliminés en sélection à ton profit, et malhonnête envers toi-même. N'oublie pas que dans l'intervalle, tu vas servir le pays et sans doute aller en zone de guerre. Ca implique un engagement fort et sincère.
Et puis, surtout: quel dommage de quitter précocement une carrière de rêve comme commandant de bord dans le transport militaire ! Car, oui, le métier c'est avant tout commandant de bord, et ça arrive extrêmement vite. Gérer une situation de crise avec un équipage de copains au bout du monde, et en quasi autonomie, ça n'a pas d'équivalent...
Ce n'est pas un métier, ce n'est surtout pas un marche-pied :c'est une passion.
Avatar du membre
4T60A
Chef pilote posteur
Messages : 505
Enregistré le : 03 avr. 2016, 12:33
Âge : 59

Message par 4T60A »

Eh bien messieurs, je vais très certainement vous révulser, mais je me dois d'avouer la vérité : quand j'ai tenté puis réussi le concours EOPN, puis quand j'ai intégré le circuit école de l'AA, je me préparais à effectuer une carrière de pilote au sens large. Sachant dès le départ que la filière EOPN /ORSA / OSC menait à des carrières relativement courtes, sachant que je n'avais jamais envisagé de tenter le concours d'officiers d'active (École Militaire de l'Air), et sachant définitivement que je voulais choisir moi-même le moment où j'allais arrêter de voler, j'avais prévu dès le départ que l'armée allait être un passage et non une finalité. Je dois dire que nous étions nombreux dans ma promo à penser ainsi... :tss:

Et rebelotte quand 12 ans plus tard je me suis porté volontaire pour intégrer l'escadron 03/060 Estérel (à l'époque équipé de DC8 et d'A310), antichambre du transport aérien commercial.

Tout cela ne m'a pas empêché d'effectuer mon job de militaire sous tous ses aspects, en acceptant tous ses avantages et tous ses inconvénients.

Au contraire, j'avais été profondément déçu et attristé, aux tous débuts de ma carrière, de voir certains de mes camarades se planquer dans les chichemanes de l'escadron pour bosser leurs certifs de l'ATPL, simplement pour ne pas se faire massacrer par tel ou tel commandant d'escadron hostile au monde de l'aviation civile... Nous n'étions pas des moines-soldats, que diable. :diable:
Avatar du membre
grodep
Chef de secteur posteur
Messages : 938
Enregistré le : 19 août 2009, 08:46
Âge : 51

Message par grodep »

Aucune révulsion 4T160A, car je ne découvre rien, tu t'étais déjà ouvert de ton état d'esprit dans un autre de tes posts, tu as au moins le mérite de ne pas t'en cacher.

Tu as passé suffisamment de temps dans l'armée pour savoir qu'il y a un peu de tout dans cette grande famille que composent les pilotes militaires, et on trouve chez certains des motivations parfois bien plus "exotiques" que la tienne. Pour autant, je reste persuadé que l'engagement demandé pour s'accomplir dans ce métier nécessite une motivation sans faille et des idées très claires sur ce qui nous pousse à l'exercer. Certaines situations, certaines décisions peuvent parfois nous ébranler, et si nous ne sommes pas surs de la raison de notre présence à ce moment précis, il est fort probable que la décision prise ne soit pas celle attendue et espérée.

N'oublie pas que l'engagement des forces armées aujourd'hui est sans commune mesure avec celui qu'il fut lors de ta période de service, et impose donc de la part des personnels une motivation sans faille et des convictions bien ancrées.

Personne ne regrette effectivement le temps ou il fallait se planquer pour préparer "l'ECAG 3", l'armée a bien évolué sur ce plan là, mais avant d'en arriver là, le parcours est long, et risque de le paraître d'autant plus pour ceux qui ne voient celui ci que comme une étape à franchir. Comme le rappelait flyingteo, ce serait tellement réducteur pour un métier qui t'offre bien plus que tout ce que tu pourras trouver ailleurs.
Répondre
  • Sujets similaires
    Réponses
    Vues
    Dernier message