Tentative de s*icide classe 1

Classe 1, Classe 2, CEMPN, EASA, FAA, dioptries et compagnie

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fouga
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Re: Tentative de s*icide classe 1

Message par fouga »

Si notre ami a eu l'honnêteté d'en parler ici et que les experts médicaux du sujet ont donné un avis, malgré tout le respect que j'ai pour les médecins aéro/généralistes/dermato/orl (complétez la liste avec autre chose que psychiatre dans le cas présent), je pense que l'avis du spécialiste du domaine est souverain et l'emporte même si tous les deux sont médecins...

Le médecin aéro n'est pas forcément contre vous, mais pour quiconque n'a jamais travaillé avec des responsabilités dans une industrie critique ou sensible, je pense que vous n'avez pas la moindre idée du poids d'une signature sur lui. Donc à vous de voir ce que vous lui donnez, mais quand il sait il ne peut plus fermer les yeux...

Le cas de la Germanwing est encore autre chose... le type était connu et la compagnie le savait depuis longtemps... en réalité depuis qu'il était cadet, et normalement il n'aurait jamais dû être breveté...
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- A400M -
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Re: Tentative de s*icide classe 1

Message par - A400M - »

À tous ceux qui pensent que les médecins décident, je vous invite à lire le rapport récent du BEA suivant:

https://bea.aero/les-enquetes/evenement ... lemont-05/

Les médecins savaient, mais ont laissé faire. Lorsque l'on a pu en arriver là une fois, une deuxième fois reste à envisager.

Certes il n'entraîne personne avec lui, mais que dire du propriétaire qui perd sa machine après avoir été extrêmement arrangeant et compréhensif avec son pilote ?

Il y a des points médicaux qui sont effectivement sans gravité s'ils ne sont pas déclarés. Mais là à ce stade les conséquences peuvent être catastrophiques... Les médecins peuvent se tromper, dans un sens comme dans l'autre.
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Dubble
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Re: Tentative de s*icide classe 1

Message par Dubble »

Votre intention est louable, mais peut-être que vous faites plus de mal en diabolisant la situation, ce qui entrainera des lecteurs à ne jamais parler de leurs troubles dépressifs éventuels au moindre professionnel, laissant dériver la situation.
Le compromis se trouve ici. Le médecin engage sa signature sur un cas personnel. Mais il engage indirectement l'ensemble du système.
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fouga
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Re: Tentative de s*icide classe 1

Message par fouga »

En y réflechissant, je pense que quand on a une question médicale (et ça peut être autre chose que juste psy...), si on sait pas on devrait d'abord en parler avec son généraliste, en lui donnant les tenants et les aboutissants liées à la situation particulière du contexte aéronautique... il devrait pouvoir donner un avis et des options qui arrangeront tout le monde sans mettre en danger la sécurité, et je pense qu'on est plus à même de suivre les directives d'un médecin dont on a confiance, y compris si ça ne va pas dans ce qu'on espère...
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Fioupelan
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Re: Tentative de s*icide classe 1

Message par Fioupelan »

fouga a écrit : 22 déc. 2024, 14:33 on devrait d'abord en parler avec son généraliste [...] il devrait pouvoir donner un avis et des options qui arrangeront tout le monde sans mettre en danger la sécurité
Exactement, et même pas que son généraliste, mais un ou plusieurs spécialistes également. Le problème c'est qu'il y a de nombreux cas où les médecins du monde "civil" donnent un avis positif, mais où ça bloque au CEMPN, à cause du parapluie sécuritaire français.
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Dams94
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Re: Tentative de s*icide classe 1

Message par Dams94 »

Bonjour

Je ne rentrerai pas dans les débats du parapluie sécuritaire ou non, ni sur le bien-fondé des exigences de la PART-MED car je ne suis pas le législateur mais l'applicateur d'une réglementation européenne à valeur de loi.

Un antécédent de TS doit évidemment être signalé. Il entraînera évidemment une inaptitude au vol mais enclenchera une série d'examens complémentaires, et notamment l'avis d'un psychiatre au fait du milieu aéronautique, qui jugera, en fonction de l'histoire individuelle, de la guérison (ou non) et du risque de récidive (ou non). Cela signifie donc qu'il est possible d'obtenir une classe 1 avec un tel antécédent, à condition de montrer "patte blanche médicale".

Après, comme beaucoup l'ont déjà dit, c'est une affaire de conscience (et de responsabilité).

NB: Pour le cas Lubitz, je vous rappelle qu'il n'avait pas porté à la connaissance de sa compagnie ni de son pôle médical la rechute de la dépression et car il avait en effet été arrêté de vol (il avait perdu sa classe 1) à la suite de l'une de ses dépressions. C'est précisément parce que la récidive du syndrome dépressif a été cachée que le drame s'est produit (il s'en est suivi un débat enflammé qui existe toujours sur les limites du secret médical entre la médecine civile et la médecine expertale dans ce genre de situations très touchy).
PPL(A) - Cardiologue - Médecin aéronautique agréé par la DGAC
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Fioupelan
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Re: Tentative de s*icide classe 1

Message par Fioupelan »

Dams94 a écrit : 08 janv. 2025, 16:08 C'est précisément parce que la récidive du syndrome dépressif a été cachée que le drame s'est produit
Nulle volonté de polémiquer de ma part, mais je dirais aussi "c'est précisément parce que la révélation d'un problème de santé entraîne d'office un retrait de la classe 1 que les gens les cachent (et du coup créent un vrai risque)".

Sauf erreur de ma part, aux USA les traitements par antidépresseurs qui sont bien tolérés sont acceptés par l'administration, alors qu'en France / Europe c'est l'inaptitude d'office.

C'est toute une histoire de balance "risque sur nombre incalculable de pilotes en bonne (ou meilleure) santé disponible"
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Amiral-Benson
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Re: Tentative de s*icide classe 1

Message par Amiral-Benson »

Salut à tous,

Effectivement, la question du suicide (ou des tendances suicidaires) est éminemment complexe. Et sans doute encore plus dans le domaine aéro.

Inscrit récemment, je me permets d'apporter mon point de vue de psychiatre. Précision importante : je ne suis pas médecin agréé DGAC, et je n'exerce pas en CEMPN. Je suis simplement titulaire du LAPL(A), et en tant que spécialiste au regard du sujet abordé, j'apporte mon grain de sel à la question.

La PART MED.B.055 d) est claire à ce sujet : "Le demandeur ayant des antécédents d'actes isolés ou répétés d'automutilation délibérée est
déclaré inapte. Ce demandeur doit se soumettre à un examen psychiatrique dont le résultat
est satisfaisant avant qu'une évaluation de l'aptitude puisse être envisagée". Une tentative de suicide est ainsi considérée comme un acte d'automutilation (en tout cas d'acte auto agressif, ce qui revient donc au même), et demandera donc, pour des raisons évidentes, un examen psychiatrique TRES approfondi.

On peut comprendre la volonté de vouloir cacher un tel antécédent, mais ne vaut il mieux pas être honnête, car il s'agit avant tout d'une question sécuritaire importante ? En cas d'incident ou accident, si un tel antécédent existe, il refera de toute façon surface à un moment ou à un autre. Avec toutes les conséquences, en terme de responsabilité, que l'on peut imaginer.

Cela reste, j'en conviens, difficile d'avouer un tel épisode, outre la honte que la personne concernée ressent, à laquelle s'ajoute la volonté de ne pas avoir de motif d'inaptitude.

Sans jugement aucun, je considère qu'il vaut donc mieux en parler, question de responsabilité et d'honnêteté, au regard des enjeux. Bien sûr, la question sera creusée. Mais s'il s'agit d'un épisode ancien et isolé, cela n'entraîne pas forcément une inaptitude ferme et définitive, si l'on a la certitude que le risque est bas. Mais cette question du suicide étant complexe, rien ne permet de garantir que le risque est définitivement exclu. Cela va dépendre de nombreux paramètres (histoire de vie, facteurs de risque, profil de personnalité, ressources internes qui permettent -ou pas-d'avoir dépassé cet événement, entre autres). Dans ce domaine, le risque zéro n'existe pas, et n'existera jamais. Cela peut revenir à un coup de poker.

Au final, seul le confrère examinateur aura le dernier mot, tout en sachant que oui, pour un médecin, la question de la responsabilité est lourde.

Si des règles d'aptitude ou inaptitude existent, ce n'est pas pour enquiquiner ou briser des rêves. Elles existent pour assurer une sécurité dans une activité risquée, ne l'oublions pas. Confier la conduite d'un aéronef, avec les passagers et équipages qui vont avec, ne peut pas permettre une prise de risque bien évidemment. Etre déclaré apte c'est bien, encore faut il pouvoir "assurer" ensuite, en son âme et conscience.

Le confrère qui m'a fait passer la classe 2 récemment (on se connait car on a déjà volé ensemble) m'a, entre autres, demandé si j'étais suivi par un psychiatre :lol: Il s'agissait bien sûr d'une boutade, mais cela fait partie d'un examen systématique, ne l'oublions pas. Et il m'a avoué que depuis l'affaire Lubitz, bon nombre de médecins aéro sont pointilleux à ce sujet. A juste titre.

Bref, je pense qu'il reste important de ne pas masquer ce genre de choses. Je sais que les enjeux sont importants. Cependant, nous devons tous agir avec responsabilité dans notre domaine.

Fly safe.
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