Accepter les compromis
Modérateur : Big Brother
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Auteur du sujetSpraazy
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Accepter les compromis
Bonjour,
Ce message a pour but d’échanger avec des personnes ayant traversé la même période de doutes que la mienne au sujet d’un projet de reconversion.
Depuis mes 15 ans , mon plan est clair. Devenir pilote de ligne, après un solide plan B (école d’ingénieur). C’est chose faite, et aujourd’hui, après 4 ans d’expérience sur le marché du travail, le doute s’installe quant à ma reconversion. J’ai pourtant été véritablement animé par ce besoin de devenir pilote pro depuis plus de 10 ans, sans remettre en question ce choix de vie. Breveté PPL, école d’ingénieur aéro, CDI dans une compagnie aérienne dans la maintenance, 3 essais aux cadets AF, cadet Luxair, Tui..
Tous mes choix ont été motivés dans le but final d’être dans un cockpit à long terme. Aujourd’hui, je côtoie des pilotes de ligne, et voit les choses de plus près. Je comprends que la vie d’un pilote repose sur des sacrifices perpétuels, que ce soit pour accéder à un job, comme au quotidien une fois en poste. Des réveils à 3h du matin 5 fois par semaine, un environnement de travail impactant la santé à long terme, une sécurité de l’emploi très fragile, des employeurs peu scrupuleux exploitant le caractère passion du métier ect..
Les conversations avec des pilotes me font comprendre que la plupart sont plus intéressés par avoir un temps partiel pour développer un business annexe, que faire du planeur ou du dr400.
Il n’existe aucun métier parfait, et je suis conscient qu’il faut faire des compromis. Je suis le seul à savoir si je pourrais accepter ces derniers. Je ne recherche pas un psy sur le forum pour m’aider à comprendre mon mal-être, mais des gens, qui, se sont posés les mêmes questions que moi avant de se lancer (ou pas) dans cette aventure coûtant 100 briques.
Certain d’entre vous ont-ils renoncés à leur projet de pilote de ligne, dans l’idée de préserver le caractère passion/plaisir de l’aviation de peur de s’en dégoûter par la voie pro (voler par soi-même en club, instruction, activités annexes). Comment votre choix s’est motivé ?
Ce message a pour but d’échanger avec des personnes ayant traversé la même période de doutes que la mienne au sujet d’un projet de reconversion.
Depuis mes 15 ans , mon plan est clair. Devenir pilote de ligne, après un solide plan B (école d’ingénieur). C’est chose faite, et aujourd’hui, après 4 ans d’expérience sur le marché du travail, le doute s’installe quant à ma reconversion. J’ai pourtant été véritablement animé par ce besoin de devenir pilote pro depuis plus de 10 ans, sans remettre en question ce choix de vie. Breveté PPL, école d’ingénieur aéro, CDI dans une compagnie aérienne dans la maintenance, 3 essais aux cadets AF, cadet Luxair, Tui..
Tous mes choix ont été motivés dans le but final d’être dans un cockpit à long terme. Aujourd’hui, je côtoie des pilotes de ligne, et voit les choses de plus près. Je comprends que la vie d’un pilote repose sur des sacrifices perpétuels, que ce soit pour accéder à un job, comme au quotidien une fois en poste. Des réveils à 3h du matin 5 fois par semaine, un environnement de travail impactant la santé à long terme, une sécurité de l’emploi très fragile, des employeurs peu scrupuleux exploitant le caractère passion du métier ect..
Les conversations avec des pilotes me font comprendre que la plupart sont plus intéressés par avoir un temps partiel pour développer un business annexe, que faire du planeur ou du dr400.
Il n’existe aucun métier parfait, et je suis conscient qu’il faut faire des compromis. Je suis le seul à savoir si je pourrais accepter ces derniers. Je ne recherche pas un psy sur le forum pour m’aider à comprendre mon mal-être, mais des gens, qui, se sont posés les mêmes questions que moi avant de se lancer (ou pas) dans cette aventure coûtant 100 briques.
Certain d’entre vous ont-ils renoncés à leur projet de pilote de ligne, dans l’idée de préserver le caractère passion/plaisir de l’aviation de peur de s’en dégoûter par la voie pro (voler par soi-même en club, instruction, activités annexes). Comment votre choix s’est motivé ?
Re: Accepter les compromis
Tu pointes ici quelque chose qui est totalement ignoré par la plupart des aspirants pilotes : la réalité du quotidien d'un pilote.
Sauf à travailler dans d'excellentes conditions, il y a parfois de quoi être écoeuré par ce métier. Comme tu l'as écrit il y a des compromis à faire pour l'exercer, mais souvent ces compromis se transforment en sacrifice. Ces sacrifices peuvent paraître anodins quand on a 18 ans et des rêves pleins la tête, mais une fois installé dans la vie, ils deviennent nettement plus concrets et parfois insupportables. D'autant que les ambitions des générations qui arrivent dans les postes depuis quelques années ont changé. Beaucoup privilégient leur qualité de vie, alors qu'avant seuls comptaient les vols (je ne critique pas ici, je fais juste un constat partagé par beaucoup de collègues).
Même chez Air France... J'en parlais avec un cadre pourtant jeune de la compagnie il y a quelques mois, il était sidéré des difficultés à trouver des volontaires pour récupérer un vol par terre alors qu'il y a 15 ans un seul coup de fil suffisait.
Bref il est sain de se poser ces questions avant de s'engager dans une formation payante. D'où l'intérêt de se les poser avec une expérience de vie permettant de faire une balance entre les tenants et aboutissants de ce métier.
Sauf à travailler dans d'excellentes conditions, il y a parfois de quoi être écoeuré par ce métier. Comme tu l'as écrit il y a des compromis à faire pour l'exercer, mais souvent ces compromis se transforment en sacrifice. Ces sacrifices peuvent paraître anodins quand on a 18 ans et des rêves pleins la tête, mais une fois installé dans la vie, ils deviennent nettement plus concrets et parfois insupportables. D'autant que les ambitions des générations qui arrivent dans les postes depuis quelques années ont changé. Beaucoup privilégient leur qualité de vie, alors qu'avant seuls comptaient les vols (je ne critique pas ici, je fais juste un constat partagé par beaucoup de collègues).
Même chez Air France... J'en parlais avec un cadre pourtant jeune de la compagnie il y a quelques mois, il était sidéré des difficultés à trouver des volontaires pour récupérer un vol par terre alors qu'il y a 15 ans un seul coup de fil suffisait.
Bref il est sain de se poser ces questions avant de s'engager dans une formation payante. D'où l'intérêt de se les poser avec une expérience de vie permettant de faire une balance entre les tenants et aboutissants de ce métier.
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Auteur du sujetSpraazy
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Re: Accepter les compromis
Merci Dan pour ton retour. Oui les attentes des nouveaux pilotes changent, et je pense que cela a du bon. Le low-cost est un modèle destructeur pour le droit des employés. Il suffit de voir Ryanair qui blacklist les pilotes faisant grève et leur gel le droit de commuter gratuitement sur le réseau. La réalité est que trouver d'excellentes conditions se fait rare, et vouloir devenir pilote pour ne vouloir qu'AF est un mirage.
Faire 40+ années dans un poste de pilotage, demande de la résilience et surtout une passion inébranlable car vu de l'extérieur il y a bien des embûches. A 18 ans, sortant du lycée, sans notion de la vie active, on sous estime certain aspect du métier paraissant anecdotique. A partir de combien de temps la lune de miel disparaît chez un wannabe faisant 4 secteurs chez Ryanair en Europe de l'est ? A partir de combien de temps espère t-on ne pas être appelé en standby. Tout cela adossé à un prêt bancaire a peine soutenable.
Bien sûr je noircis le trait, car le métier reste magique et a très peu d'équivalent dans notre société. Qui se voit confier un appareil a plusieurs dizaines de millions d'euros filant a 800 km/h ? Tout cela suscite la convoitise mais à quel prix. Je suis peut être rêveur, et finalement ne cherche que les points négatifs pour me convaincre de ne pas me lancer dans ce projet m'ayant toujours fait rêver. Mais je suis obligé de voir la différence de traitement d'un cadre sup dans une boîte française et m'interroger sur ce que l'avenir me réserve. Au final, avec du recul, c'est sûrement l'une des raisons justifiant le salaire plus élevé des pilotes par rapport au reste de la société. Les contraintes et l'instabilité se paie.
Bref comme tu l'expliques il faut avoir tous les tenants et aboutissants dans ce genre de projet de reconversion. Le secret réside peut être dans la tendance actuelle de ne pas faire le même métier/travailler dans la même boîte toute sa carrière. A méditer
Faire 40+ années dans un poste de pilotage, demande de la résilience et surtout une passion inébranlable car vu de l'extérieur il y a bien des embûches. A 18 ans, sortant du lycée, sans notion de la vie active, on sous estime certain aspect du métier paraissant anecdotique. A partir de combien de temps la lune de miel disparaît chez un wannabe faisant 4 secteurs chez Ryanair en Europe de l'est ? A partir de combien de temps espère t-on ne pas être appelé en standby. Tout cela adossé à un prêt bancaire a peine soutenable.
Bien sûr je noircis le trait, car le métier reste magique et a très peu d'équivalent dans notre société. Qui se voit confier un appareil a plusieurs dizaines de millions d'euros filant a 800 km/h ? Tout cela suscite la convoitise mais à quel prix. Je suis peut être rêveur, et finalement ne cherche que les points négatifs pour me convaincre de ne pas me lancer dans ce projet m'ayant toujours fait rêver. Mais je suis obligé de voir la différence de traitement d'un cadre sup dans une boîte française et m'interroger sur ce que l'avenir me réserve. Au final, avec du recul, c'est sûrement l'une des raisons justifiant le salaire plus élevé des pilotes par rapport au reste de la société. Les contraintes et l'instabilité se paie.
Bref comme tu l'expliques il faut avoir tous les tenants et aboutissants dans ce genre de projet de reconversion. Le secret réside peut être dans la tendance actuelle de ne pas faire le même métier/travailler dans la même boîte toute sa carrière. A méditer
Modifié en dernier par Spraazy le 08 févr. 2025, 22:55, modifié 1 fois.
Re: Accepter les compromis
Il m'est arrivé plutôt l'inverse.
Passionné d'aviation j'ai passé mon PPL à 19 ans, en même temps que je suivais des études scientifiques. Dans la foulée j'ai tenté les cadets AF deux fois, sans trop de conviction et carrément aucune préparation. Je les ai bien sûrs ratés. La crise de 2008 est arrivée, soufflant un vent froid sur mes désirs d'aviation commerciale. Mes parents étaient prêts à me financer une école privée. Clairvoyant, ou juste lâche, j'ai refusé.
Je me suis éclaté en aéroclub pendant des années, pendant que je découvrais mon métier d'ingénieur, avec des projets techniques passionnants, dans des boîtes de 10 employés ou 20 000 collaborateurs. Ma vie était stable. Salaire correct, travail intéressant, collègues amicaux. Tous les ans je faisais des dizaines d'heures de DR400, PA28, DA40, C172. J'ai passé le vol de nuit, le FCL055 pour dépasser (un peu) les frontières, puis un gros challenge : la qualif IFR.
Sauf que pendant ces quasi 2 décennies, chaque fois que je mettais un pied dans un avion de ligne mon coeur se serrait. Chaque fois que j'étais invité à faire le vol en poste avec des équipages adorables, de gros doutes m'assaillaient. Etais-je passé à côté du rêve de ma vie ?
Il y a deux ans j'ai fait un vol inter-îles dans les Açores entre deux jeunes pilotes dans le cockpit de leur Dash 8. J'en suis sorti avec la gorge nouée. Je ne sais pas à quoi ça correspond psychologiquement, toujours est-il que quelques mois après j'ai démissionné de mon job d'ingénieur. Moins d'un an plus tard j'étais CPL IRME MCC UPRT. Maintenant je passe des sélections. Je ne sais pas si ça aboutira, et si ça aboutit, je ne sais pas si je deviendrai un pilote blasé comme j'en croise quotidiennement.
Je me suis lancé dans cette aventure car j'en avais les moyens financiers. Je n'ai pas non plus d'attache familiale. Les gens qui tentent cette reconversion en étant obligés de prendre un crédit et d'embarquer leur famille avec eux ont toute mon admiration.
Passionné d'aviation j'ai passé mon PPL à 19 ans, en même temps que je suivais des études scientifiques. Dans la foulée j'ai tenté les cadets AF deux fois, sans trop de conviction et carrément aucune préparation. Je les ai bien sûrs ratés. La crise de 2008 est arrivée, soufflant un vent froid sur mes désirs d'aviation commerciale. Mes parents étaient prêts à me financer une école privée. Clairvoyant, ou juste lâche, j'ai refusé.
Je me suis éclaté en aéroclub pendant des années, pendant que je découvrais mon métier d'ingénieur, avec des projets techniques passionnants, dans des boîtes de 10 employés ou 20 000 collaborateurs. Ma vie était stable. Salaire correct, travail intéressant, collègues amicaux. Tous les ans je faisais des dizaines d'heures de DR400, PA28, DA40, C172. J'ai passé le vol de nuit, le FCL055 pour dépasser (un peu) les frontières, puis un gros challenge : la qualif IFR.
Sauf que pendant ces quasi 2 décennies, chaque fois que je mettais un pied dans un avion de ligne mon coeur se serrait. Chaque fois que j'étais invité à faire le vol en poste avec des équipages adorables, de gros doutes m'assaillaient. Etais-je passé à côté du rêve de ma vie ?
Il y a deux ans j'ai fait un vol inter-îles dans les Açores entre deux jeunes pilotes dans le cockpit de leur Dash 8. J'en suis sorti avec la gorge nouée. Je ne sais pas à quoi ça correspond psychologiquement, toujours est-il que quelques mois après j'ai démissionné de mon job d'ingénieur. Moins d'un an plus tard j'étais CPL IRME MCC UPRT. Maintenant je passe des sélections. Je ne sais pas si ça aboutira, et si ça aboutit, je ne sais pas si je deviendrai un pilote blasé comme j'en croise quotidiennement.
Je me suis lancé dans cette aventure car j'en avais les moyens financiers. Je n'ai pas non plus d'attache familiale. Les gens qui tentent cette reconversion en étant obligés de prendre un crédit et d'embarquer leur famille avec eux ont toute mon admiration.
Re: Accepter les compromis
Le fait d'être conscient que ce métier peut être un cauchemar est, pour moi, un marqueur de maturité dans un projet de reconversion professionnelle. Les personnes qui débarquent en pensant que ce sera génial chaque jour n'ont vraiment aucune idée de la réalité du métier.Spraazy a écrit : ↑08 févr. 2025, 11:49 Il n’existe aucun métier parfait, et je suis conscient qu’il faut faire des compromis. Je suis le seul à savoir si je pourrais accepter ces derniers. Je ne recherche pas un psy sur le forum pour m’aider à comprendre mon mal-être, mais des gens, qui, se sont posés les mêmes questions que moi avant de se lancer (ou pas) dans cette aventure coûtant 100 briques.
Certain d’entre vous ont-ils renoncés à leur projet de pilote de ligne, dans l’idée de préserver le caractère passion/plaisir de l’aviation de peur de s’en dégoûter par la voie pro (voler par soi-même en club, instruction, activités annexes). Comment votre choix s’est motivé ?
C'est à mettre dans la balance de l'évaluation risques/bénéfices lorsqu'on se lance dans la reconversion. Comme lors de tout vol, il faut avoir un plan B et C si jamais ca merde et qu'on arrive jamais à atteindre des conditions de travail correctes dans l'aviation.
Par rapport au caractère passion, faire de l'aéroclub pour moi ca ne faisait pas l'affaire. On en fait quand même très rapidement le tour du DR400. On peut aller faire quelques voyages aux US ou au Canada. Mais concrètement, on a vite vu une large partie de ce qu'il y avait à voir à mon avis. Et je passe sur les ambiances d'aéroclub que j'ai pu connaitre qui en ont fait fuir plus d'un. Quand on voit les statistiques de ce que font les gens post-PPL, on voit que je suis loin d'être le seul dans ce cas.
En tant que pro à faire de la ligne, il y a tellement plus de choses à voir et à faire. Ce n'est sans commune mesure sur l'aspect passion pour peu qu'on s'intéresse à ce qui nous entoure.
Par contre, faire de l'instruction pro (IRSE/IRME/MEP), ca ca me plait beaucoup en plus du métier de pilote de ligne. Ce n'est pas pour tout le monde mais j'y trouve mon compte.
Comme disait un collègue assez justement, un métier et/ou un employeur c'est comme un mariage. Il y a des hauts et des bas, c'est normal. Si tu croises des gens dans une période basse, tu auras un point de vue très différent que ceux qui vont plutôt être un sur un point haut. L'attitude joue aussi énormément. On a tous croisé des gens qui seraient misérables quoiqu'il arrive. Et pas qu'un ou deux.
Ce que mentionne Dan, j'assume en faire partie sans aucun problème. J'ai une vie et une famille à coté du boulot. Si il y a un vol par terre, mon numéro, ce n'est clairement pas le bon à composer. Je n'ai jamais répondu au téléphone aux ops hors de mon temps de travail que ce soit en low cost ou en major. Il y a 15 ans peut être que les pères et mères navigants n'étaient pas ou moins intéressés pour s'occuper de leurs enfants ? Peut être que leur temps libre n'avait pas la même valeur ? Je ne sais pas et je m'en fiche pas mal. Si ca ne leur plait pas, qu'ils mettent des primes à la hauteur de l'effort comme dans les majors américaines.
Guide de préparation sélections A320 : www.preparationselection.fr
Re: Accepter les compromis
Il faut un peu se méfier de cette sensation.
C’est comme si on te filait les clés de cette superbe voiture qui te plaîsait tant ( Si il y’en a une). Tu avais déjà eu l’occasion de faire un tour avec une fois et wow, c’était bien celle-là qui tu voulais.
Sauf que si on te réveille régulièrement à 3h du matin pour rouler avec plusieurs heures par jour, rapidement, tu la regardera de moins en moins.
Re: Accepter les compromis
Bonjour,Spraazy a écrit : ↑08 févr. 2025, 19:22 Merci Dan pour ton retour. Oui les attentes des nouveaux pilotes changent, et je pense que cela a du bon. Le low-cost est un modèle destructeur pour le droit des employés. Il suffit de voir Ryanair qui blacklist les pilotes faisant grève et leur gel le droit de commuter gratuitement sur le réseau. La réalité est que trouver d'excellentes conditions se fait rare, et vouloir devenir pilote pour ne vouloir qu'AF est un mirage.
Faire 40+ années dans un poste de pilotage, demande de la résilience et surtout une passion inébranlable car vu de l'extérieur il y a bien des embûches. A 18 ans, sortant du lycée, sans notion de la vie active, on sous estime certain aspect du métier paraissant anecdotique. A partir de combien de temps la lune de miel disparaît chez un wannabe faisant 4 secteurs chez Ryanair en Europe de l'est ? A partir de combien de temps espère t-on ne pas être appelé en standby. Tout cela adossé à un prêt bancaire a peine soutenable.
Bien sûr je noircis le trait, car le métier reste magique et a très peu d'équivalent dans notre société. Qui se voit confier un appareil a plusieurs dizaines de millions d'euros filant a 800 km/h ? Tout cela suscite la convoitise mais à quel prix. Je suis peut être rêveur, et finalement ne cherche que les points négatifs pour me convaincre de ne pas me lancer dans ce projet m'ayant toujours fait rêver. Mais je suis obligé de voir la différence de traitement d'un cadre sup dans une boîte française et m'interroger sur ce que l'avenir me réserve. Au final, avec du recul, c'est sûrement l'une des raisons justifiant le salaire plus élevé des pilotes par rapport au reste de la société. Les contraintes et l'instabilité se paie.
Bref comme tu l'expliques il faut avoir tous les tenants et aboutissants dans ce genre de projet de reconversion. Le secret réside peut être dans la tendance actuelle de ne pas faire le même métier/travailler dans la même boîte toute sa carrière. A méditer
Sujet intéressant.
Je tiens à préciser suite à mon expérience passée ainsi que celles de mes ex collègues encore chez eux que ce n'est pas vrai le "blacklist" suite à une grève et le gel sur le droit de commuting. De même, sur un roster 5/4, il est rare de faire des 4 secteurs à la suite (cf TSV). Exemple typique, sur une base telle que FAO ou LIS, il est plus récurent de faire un 2 secteurs qu'un 4. Les conditions de travail ont bien changé depuis de nombreuses années. Le rythme est fonction de plusieurs variables dont la base, la saison, et l'effectif.
Pour les bases permanentes (suite à l'AEL), en effet, au début c'est un peu le hasard, bien que la plupart des cadets sont affectés au UK ou en Europe de l'Ouest. Généralement, au bout de 2 à 3 ans, les pilotes finissent par obtenir leurs voeux (sauf en Direct Entry où c'est à partir de l'AEL).
C'est une très bonne formation pour se lancer dans le métier avant de pouvoir migrer vers une major. Petite aparté, Ryanair semble avoir gelé leur recrutement KD et à l'avenir, ils ne recruteront que par leurs écoles partenaires.
Sur les réveils à 3h du matin, je continue à en faire même aujourd'hui au sein de notre compagnie nationale. Si le rythme décalé est un réel problème, il serait judicieux de regarder une autre voie que celle de pilote.
Bonne journée.
Re: Accepter les compromis
Ça reste quand même une question de proportion.
Sur n’importe quel métier, si on vous met une forte dose d’horaires « durs », ça finira pareil.
J’ai une connaissance dans la logistique d’un grand magasin qui gagne correctement sa vie en se levant toute la semaine à 2h30 du matin. Sauf que quoiqu’il arrive il rentre chez lui exactement à la même heure tous les jours avant 12h. Ça reste compliqué et on voit que ça finit par marquer physiologiquement mais son petit rythme s’est installé. Petite sieste stratégique obligatoire en début d’après -midi et le reste du temps lui permet de gérer ses tâches familiales efficacement.
Dans certains secteurs d’activité il peut y avoir des repos compensateurs, primes exceptionnelles, des shift entres périodes de plage horaire « miel» et « salée ».
Pour l’aviation, ba les « red eyes filghts», l’aversion aux vols vers l’est, ou la préférence pour des rotations l’après-midi sont des choses qui peuvent légitimement être mal vécues si on en a à forte dose.
Sur n’importe quel métier, si on vous met une forte dose d’horaires « durs », ça finira pareil.
J’ai une connaissance dans la logistique d’un grand magasin qui gagne correctement sa vie en se levant toute la semaine à 2h30 du matin. Sauf que quoiqu’il arrive il rentre chez lui exactement à la même heure tous les jours avant 12h. Ça reste compliqué et on voit que ça finit par marquer physiologiquement mais son petit rythme s’est installé. Petite sieste stratégique obligatoire en début d’après -midi et le reste du temps lui permet de gérer ses tâches familiales efficacement.
Dans certains secteurs d’activité il peut y avoir des repos compensateurs, primes exceptionnelles, des shift entres périodes de plage horaire « miel» et « salée ».
Pour l’aviation, ba les « red eyes filghts», l’aversion aux vols vers l’est, ou la préférence pour des rotations l’après-midi sont des choses qui peuvent légitimement être mal vécues si on en a à forte dose.
Effectivement, normalement, de bonnes conditions de travail permettent une meilleure balance en évitant la forte dose sur de trop longues périodes pour préserver l’envie.
Modifié en dernier par Weuzz le 09 févr. 2025, 18:54, modifié 1 fois.
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Re: Accepter les compromis
Voilà trois sujets qui devraient t'intéresser :
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Re: Accepter les compromis
Tout comme toi je me suis longtemps posé la question , de ce rêve de gosse que parfois on idéalise et de la réalité du travail en lui même et de son marché.
J’ai un parcours similaire au tien. Ce qui a motivé mon choix de tout plaquer c’est l’attrait pour le métier, l’envie de découvrir , d’apprendre, de vivre autre chose et aussi on ne va pas se mentir la peur de regretter.
La démission n’est jamais chose simple quand on connait les conditions de recrutement, la difficulté des sélections et toutes les contraintes associées. Il faut partir armé… Pour ma part j’ai bénéficié du processus démission / reconversion. Une grande aide…
Le vrai sacrifice, pour moi, ça a été de plaquer toute ma vie en France, avec Madame, pour m’installer à 16 000km, tout ça en un mois. Aujourd’hui je ne regrette rien, j’ai la chance d’avoir une place à droite sur commuter dans le Pacifique avec des bonnes conditions. Peut être que dans deux ans la situation et ma vision des choses et du métier sera différente, je ne sais pas.
Un mois avant j’avais réussi une sélection sur BE1900 en France et j’avais une offre avec des conditions déplorables mais proche de la maison. Je ne sais pas encore quel choix j’aurai fait si je n’avais pas eu l’opportunité que j’ai eu ensuite.
Dans cette grande aventure la chance est une variable non négligeable, les rencontres aussi. Un échec en sélection peut souvent amener d’autres opportunités…
Ne pas oublier non plus « la petite aviation » qui a des portes parfois plus accessibles et qui offre des expériences humaines et aéronautiques incroyables !
Bon courage à toi,
Tim
J’ai un parcours similaire au tien. Ce qui a motivé mon choix de tout plaquer c’est l’attrait pour le métier, l’envie de découvrir , d’apprendre, de vivre autre chose et aussi on ne va pas se mentir la peur de regretter.
La démission n’est jamais chose simple quand on connait les conditions de recrutement, la difficulté des sélections et toutes les contraintes associées. Il faut partir armé… Pour ma part j’ai bénéficié du processus démission / reconversion. Une grande aide…
Le vrai sacrifice, pour moi, ça a été de plaquer toute ma vie en France, avec Madame, pour m’installer à 16 000km, tout ça en un mois. Aujourd’hui je ne regrette rien, j’ai la chance d’avoir une place à droite sur commuter dans le Pacifique avec des bonnes conditions. Peut être que dans deux ans la situation et ma vision des choses et du métier sera différente, je ne sais pas.
Un mois avant j’avais réussi une sélection sur BE1900 en France et j’avais une offre avec des conditions déplorables mais proche de la maison. Je ne sais pas encore quel choix j’aurai fait si je n’avais pas eu l’opportunité que j’ai eu ensuite.
Dans cette grande aventure la chance est une variable non négligeable, les rencontres aussi. Un échec en sélection peut souvent amener d’autres opportunités…
Ne pas oublier non plus « la petite aviation » qui a des portes parfois plus accessibles et qui offre des expériences humaines et aéronautiques incroyables !
Bon courage à toi,
Tim