Si je suis d'accord avec ce qui est décrit précédemment par les collègues je me permets de revenir sur le post de Flagada qui en balance quand même des belles.
flag'ada jones a écrit :Bon Ben je crois que tu as mis le doigt sur tout plein de contraintes pour les pilotes qui n'ont pas grand chose a voir avec la sécurité des vols: les xfl, les accords inter centre, les cite pairs... Il faut quand même admettre que le système mis en place est certes confortable pour les contrôleurs, mais qu'il date d'une époque ou le carburant ne coutait pas cher et les perfos des avions étaient bien moindres....
Concernant les city-pairs, les XFL et autres, ce n'est pas un système franco-français, si on regarde un peu dans le RAD (
http://www.cfmu.eurocontrol.int/RAD/) on voit que tous les pays Européens y ont recours. Ensuite au niveau français son plein développement n'est pas si vieux que ça, c'est fin des années 90 début des années 2000 que l'on a vraiment saucissonné l'espace aérien en couches et que l'on a joué sur les niveaux pour dégager de la capacité. En effet avant la demande était suffisamment faible pour pouvoir laisser les avions le plus haut possible le plus longtemps possible. Mais avec les fortes augmentations de trafic qu'il y a eu les 10 dernières années, il a fallu dégager de la capacité sans pour autant avoir d'outil technique permettant de changer de paradigme. La seule solution: plafonner les avions en fonctions de leur ADEP/ADES. Mais ça n'a rien à voir avec un coût de carburant faible et des perfos moindres, il ne faut pas réécrire l'histoire!
flag'ada jones a écrit :Je pense qu'à travers la critique des contrôleurs les pilotes de ce sujet critiquent le système de contrôle en France qui parait , au regard de ce qui se fait ailleurs, et d'un point de vue "utilisateur" plutôt désuet. Si encore on ressentait un niveau de sécurité bien supérieur, cela pourrait s'entendre.
Tu abordes ensuite l'aspect sécurité: et là tu mets le doigt sur un sujet intéressant. Tu parles de ressentir la sécurité et bien non on ne ressent pas la sécurité. La sécurité est tout à fait objectivable (nombre de rapprochement hors-normes par X milliers de vol, nombres d'évènements rapportés par rapports aux évènements non rapportés ou bien d'autres). Mais là bizarrement la Commission Européenne ne demande aucune harmonisation, ne pose aucun objectif! Si les anglais (que certains semblent considérer comme bien meilleurs que nous) ont refusé d'harmoniser leurs indicateurs avec ceux utilisés notamment en France vous croyez franchement que c'est parce qu'ils ont peur de paraître bien trop au-dessus du lot??? Les contrôleurs aériens européens demandent justement à ce que ce soit la sécurité (et non l'économie) qui soit placée au cœur de la politique de développement du contrôle aérien.
flag'ada jones a écrit : Et l'argument du prix est a relativiser par le fait qu'ailleurs dans le monde on aligne les recettes sur celui des dépenses. En France la DGAC est structurellement déficitaire, et c'est tout un chacun qui règle la différence via ses impôts... Se gargariser d'être les moins chers d'Europe dans ces conditions est tout relatif, il faudrait voir quelles devraient être les vrais montants des taxes pour ne pas payer les salaires par l'emprunt....
L'endettement de la DGAC, qui est lui réel, mais après que d'imagination de ta part et d'approximations!
Tout d'abord non le système de financement de la DGAC n'est pas une exception, elle fonctionne comme tous les autres pays européens. Contrairement à ce que tu dis, les autres pays européens n'appliquent pas le recouvrement des coûts (qui consiste à la fin de l'année à rembourser aux compagnies ce que l'on a trop-perçu ou leur demander plus d'argent si les redevances n'ont pas permis d'en gagner assez). Les pays européens (dont la France) font des hypothèses de trafic puis ajustent leurs taux de redevance en fonction de ces hypothèses. Pour comprendre ce qui est en jeu, revenons un peu en arrière.
il y a de ça quelques années: la DGAC appliquait le strict recouvrement des coûts: elles se faisait payer par les compagnies et à la fin de l'année leur reversait le trop-perçu (car dans un contexte de forte hausse du trafic, elle percevait plus de redevances en route que prévu). Déjà à ce moment elle était bien moins chère que les pays voisins (ce qui me permet de dire depuis le début, que l'on est compétitif). Mais depuis quelques années, sous la pression de l'Europe, elle a abandonné ce principe de recouvrement des coûts. Elle fixe ainsi un tarif (basé sur une estimation de trafic) et si elle a trop gagné elle en garde une partie ou si elle ne gagne pas assez elle s'endette. Mais contrairement aux pays voisins la France a décidé de fixer les redevances à un taux bas et donc d'endetter la DGAC (je parle bien de la DGAC pas de la France, car je le rappelle, la DGAC fonctionne via un budget annexe et reverse même une partie de ce qu'elle gagne sous forme de taxe à l'Etat). Mais cette décision vient de la volonté du gouvernement de soutenir les compagnies aériennes et en premier lieu AirFrance. Si on évaluait normalement nos redevances on reviendrait juste à la situation précédente de recouvrement des coûts où certes nos redevances étaient un peu plus élevées mais toujours bien moins chères que celles de nos voisins! Par ailleurs les compagnies sont les grandes gagnantes de ce système car il leur permet d'avoir des taux de redevances très très bas.
Plus généralement j'avoue être surpris par les infos relayées par les pilotes. Si au début elles partent d'un fait a peu près réel, elles prennent ensuite beaucoup de liberté vis-à-vis de la réalité. Cela malheureusement en dit long sur leur méconnaissance de notre système et je pense que plutôt que d'accuser sur des faits erronés il me semblerait plus sain d'essayer de se renseigner avant de juger!
Nock