Baker a écrit : ↑02 mars 2025, 10:21
Comment a évolué ta perception, du coup ?
Concernant le duty, c'est vrai que le béton trop long, c'est chiant. D'un autre côté, il faut aussi être conscient que chaque heure passée en l'air dans un avion de ligne use, et en passer, chaque année, un peu moins en l'air et un peu plus au sol, à la fin d'une carrière, ça peut faire la différence.
Sur les découchers, c'est en effet très personnel. Certains vont préférer rentrer tous les soirs à la maison. D'autres vont avoir envie de faire des découchers, estimant (c'est mon cas) que c'est un des gros avantages du métier de navigant de pouvoir découvrir de nouvelles villes et de nouveaux pays.
T'es revenu sur Paris ou tu commutes ?
Merci pour ce joli déterrage de post ! C'est vraiment très amusant de revoir ces propos tant d'années après.
Alors il s'est effectivement passé beaucoup de choses depuis 2018. A l'époque j'avais 2 ans d'expérience en low cost chez EZS avec un poste de TKI tout neuf et j'étais ravi d'y être.
De 2018 à 2022, j'ai été énormément tiraillé vis à vis d'Air France versus EZS. Il y a les aspects où c'est EZS qui m'a convaincu de partir et d'autres où c'est AF qui m'a convaincu de venir.
Le premier truc qui m'a fait partir d'EZS c'est le rythme, l'upgrade et le management d'une nullité abyssale.
Le rythme chez EZS c'est infernal. Tu voles comme un malade toute l'année car il y a peu voir pas de périodes creuses en Suisse à cause du ski l'hiver. T'as peut être deux mois creux et encore. L'opération est un bordel sans fin où tu passes ton temps à être tout le temps en retard à courir avec le couvre-feu. Ca ne s'arrête jamais. Et encore, je n'étais pas de ceux qui volaient le plus car j'étais instructeur.
Également, en Suisse l'upgrade est un chantage parfaitement assumé et les taux d'échec sont très très largement supérieurs au reste du réseau EZ. T'as des gars qui se sont pris un an de temporisation pour avoir envoyé leur médical que 7 jours en avance au lieu de 10 jours. Moi ils ont préféré me faire du chantage aux jours de maladie. Hé oui 11j de maladie sur l'année précédente malgré femme et enfants à l'hopital 1,5 mois, c'est bien trop ! "On ne peut pas se permettre de passer des gens un peu faibles à gauche" m'a t'on dit.
Le management c'est du grand n'importe quoi. Mais ce n'est pas entièrement de leur faute car c'est finalement leur "taff" de le faire à l'envers aux salariés. Mais quand tu as des syndicats aussi nuls en face, le combo est assez vénère. Ils ont mis 15 ans à obtenir le 5/4 que si tu le prends ca te coute 7% de salaire alors que dans la plupart du réseau c'est du 100%. Les autres formules de temps partiel était une arnaque sans égal. En 10 ans, ils ont réussi à avoir une augmentation de 5% en plus du CPI cette année ce qui équivaut sensiblement à ce qu'on avait perdu au moment du COVID mais avec 5 ans de retard. Toujours au taquet des FTL. Honnêtement, je me suis longuement posé la question si c'était plus bénéfique d'avoir ces syndicats ou rien du tout. Au moins quand y'en a pas, t'es pas déçu. Je n'ai toujours pas la réponse. C'était tenu par des bons gars que j'appréciais beaucoup mais les résultats étaient soit très bien cachés soit non perceptibles soit inexistants.
Et je passe sur la nullité absolue d'OCC. La just culture aux contours très très limités. Au fur et à mesure des années, j'ai compris un peu mieux la réalité de ce qu'il y avait juste derrière la façade et je n'ai pas du tout aimé ce que j'ai vu.
Si j'avais du rester chez EZS, ca aurait été très compliqué à moyen/long terme soyons honnête. J'aurais tenté un upgrade en Suisse et si ca avait merdé, j'aurais demandé mon transfert en France je pense. Les conditions en Suisse sont correctes financièrement mais tout le reste, ca craint sévère. Si j'étais passé à gauche en Suisse, ca aurait été pour réduire à 70%.
D'un autre coté, j'ai découvert un peu plus Air France et j'ai beaucoup aimé ce que j'ai vu.
J'ai côtoyé un gars qui était CdB TRE 777 et j'ai énormément apprécié cette personne ainsi que son approche. Ayant grandi au planeur entouré de personnes d'AF, j'en ai pas gardé la meilleure image. Mais quand j'ai appris à connaître cette personne, ca m'a donné la foie qu'il était possible de bien vieillir en tant que pilote contrairement à l'immense majorité de ce que j'ai pu voir chez EZS.
J'ai également été très attiré par le coté impersonnel de la major. Tu n'es qu'un numéro et tu évites en bonne partie les querelles de village comme dans une base même plutôt grande. Ca, ca me plait beaucoup. J'ai également compris l'importance fondamentale du travail des syndicats dans ce métier. Et quand tu creuses un peu du coté du SNPL, bah c'est pas la même ambiance quand le "syndicat" Suisse.
J'ai découvert les modalités de temps partiel chez AF et j'ai halluciné. Après, j'ai creusé sur les aspects planning et j'ai continuer à halluciner.
Une fois que j'y suis arrivé, j'ai découvert une compagnie à l'opposé d'une large partie de ce que j'imaginais. Une volonté de se remettre en question et d'évoluer très largement supérieure à ce que j'ai pu voir chez EZS. L'ambiance y est très très largement meilleure que chez EZS. Les conditions de travail sont incomparables.
Ce qui est amusant c'est que chez AF, la perception d'easyJet est d'un très très haut niveau. Bien plus élevé que la réalité de ce que j'ai connu. Alors qu'AF n'a, aujourd'hui, pas grand chose à envier à EZ à mon avis. Je me retrouve souvent à expliquer à des collègues qu'easy c'est pas aussi bien que ce qu'ils pensent et que quand on dézoome un tout petit peu, c'est pas si joli.
Le commuting, ca ne fait pas plaisir MAIS ca n'a rien à voir avec ce que j'imaginais. Chez EZS, si tu dis que t'as eu une galère de commuting et que t'as raté une journée de duty, tu te prends un avertissement direct. Donc en vrai tu fais pas ca car t'es pas idiot et tu dis que t'es malade. Chez AF, t'as des humains intelligents en face qui peuvent comprendre qu'une galère de temps en temps ca arrive. Avec les GP et un endroit bien choisi tel que GVA, ca se fait très bien.
Les découchers MC, c'est assez conforme à l'idée que je m'en faisais. Largement sans intérêt mais quelques moment sympa quand même lorsqu'on tombe sur un bon équipage et qu'on fait l'effort de se sociabiliser un peu.
Il y a d'autres inconvénients chez AF avec notamment l'instruction qui est de qualité assez variable mais bon rien de trop problématique. Surtout que si un instructeur fait n'importe quoi, tu peux toujours refuser de voler avec dans un cadre non punitif. Testé et approuvé.
Bref, le "coût" commuting+découchers est pour moi anecdotique par rapport aux immenses bénéfices de conditions de travail et de carrière chez AF. Même encore un an après, je me sens souvent soulagé d'être parti d'EZS. Je pensais que cette sensation passerait mais en fait non. AF, c'est vraiment une boite géniale avec des conditions exceptionnelles. Ce n'est pas parfait mais c'est, de loin, ce qui s'en rapproche le plus pour moi.