Aérocauchemar
Modérateur : Big Brother
Aérocauchemar
LA Dream Team...
J'ai passé les tests de sélection cadet AF. Ils ont rigolé quand ils m'ont vu arrivé en uniforme. Il était impeccable. J'ai passé tout la nuit à le repasser. Mémé m'a dit que j'avais fière allure, et que je lui rappelais son Alfred dans son uniforme de contrôleur de la RATP.
Ils ont encore rigolé quand j'ai quitté la salle, lors de ma première épreuve écrite, après 3 minutes. Où ils ont moins rigolé c'est quand j'ai bidouillé en moins de 2 le PC, sur lequel je passais un des tests, pour qu'il donne les réponses à ma place... Je les connaissais les réponses. Je n'avais même pas à réfléchir. Pour moi c'était aussi simple que 1+1=10. Donc comme j'avais du temps devant moi. J'ai choisi cette solution. Ils m'ont alors dit que ce n'était pas nécessaire des continuer les épreuves... j'étais sélectionné ! J'étais content. Je leur ai fait la bise.
Ils m'ont quand même fait passer un test en vol sur un 320. En place gauche. Mais là, ils ont fait la gueule quand ils ont vu, qu'en fait je pilotais avec mon I-phone. Ils ont arrêté le test immédiatement. J'ai cru que c'était fichu...
J'ai passé les tests de sélection cadet AF. Ils ont rigolé quand ils m'ont vu arrivé en uniforme. Il était impeccable. J'ai passé tout la nuit à le repasser. Mémé m'a dit que j'avais fière allure, et que je lui rappelais son Alfred dans son uniforme de contrôleur de la RATP.
Ils ont encore rigolé quand j'ai quitté la salle, lors de ma première épreuve écrite, après 3 minutes. Où ils ont moins rigolé c'est quand j'ai bidouillé en moins de 2 le PC, sur lequel je passais un des tests, pour qu'il donne les réponses à ma place... Je les connaissais les réponses. Je n'avais même pas à réfléchir. Pour moi c'était aussi simple que 1+1=10. Donc comme j'avais du temps devant moi. J'ai choisi cette solution. Ils m'ont alors dit que ce n'était pas nécessaire des continuer les épreuves... j'étais sélectionné ! J'étais content. Je leur ai fait la bise.
Ils m'ont quand même fait passer un test en vol sur un 320. En place gauche. Mais là, ils ont fait la gueule quand ils ont vu, qu'en fait je pilotais avec mon I-phone. Ils ont arrêté le test immédiatement. J'ai cru que c'était fichu...
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- Enregistré le : 03 sept. 2010, 21:39
Mais ils m'ont dit que j'étais celui qu'ils attendaient. Qu'ils avaient quelque chose pour moi. Un programme spécial. : LE XBUS.
c'est un programme ultra-secret, aboutissement ultime de la recherche appliquée sur l'intelligence artificielle. Il s'agit en fait de l'avion intelligent. Enfin, ce n'est pas l'avion qui est intelligent, c'est le matériau qui le tapisse entièrement. L'avion n'est qu'une simple application. Il y en a d'autres. Le matériau en question est un tissus dit « quantique » formé de milliers de nano-processeurs à quadruple coeur - qui tournent à 2 pétaHz - utilisant la technologie NIAASC (No Instruction At All Set Computer). Vous avez saisi...
c'est un programme ultra-secret, aboutissement ultime de la recherche appliquée sur l'intelligence artificielle. Il s'agit en fait de l'avion intelligent. Enfin, ce n'est pas l'avion qui est intelligent, c'est le matériau qui le tapisse entièrement. L'avion n'est qu'une simple application. Il y en a d'autres. Le matériau en question est un tissus dit « quantique » formé de milliers de nano-processeurs à quadruple coeur - qui tournent à 2 pétaHz - utilisant la technologie NIAASC (No Instruction At All Set Computer). Vous avez saisi...
C'est l'équivalent de 10 puissance 6 tronches de polytechniciens, centraliens, prix Nobel en tout genre au mm carré. Et tout l'avion est tapissé avec ce produit. On construit l'avion. On bascule l'unique contact manuel et c'est parti.
Le système se branche immédiatement sur tous les réseaux ouverts qui traînent et piratent les autres : il apprend, il analyse, il essaye, il sélectionne et il devient intelligent, il s'auto programme en permanence. Plus, il se génère, et se re-génère en cas de problème.
Bref, Il finit par comprendre à quoi il sert : à transporter des passagers d'un point A à un point B à des horaires fixes.
En principe, ils ont bien dit en principe, le Xbus obéit à l'instruction « globable »: son horaire et sa destination. Avec pour règle d'or : le client est roi. Le pilotage, les lois aérodynamiques, les règles de l'air, tout ça il connait. Le reste aussi d'ailleurs. Tout le reste. Et ça, c'est un peu le problème.
Le système se branche immédiatement sur tous les réseaux ouverts qui traînent et piratent les autres : il apprend, il analyse, il essaye, il sélectionne et il devient intelligent, il s'auto programme en permanence. Plus, il se génère, et se re-génère en cas de problème.
Bref, Il finit par comprendre à quoi il sert : à transporter des passagers d'un point A à un point B à des horaires fixes.
En principe, ils ont bien dit en principe, le Xbus obéit à l'instruction « globable »: son horaire et sa destination. Avec pour règle d'or : le client est roi. Le pilotage, les lois aérodynamiques, les règles de l'air, tout ça il connait. Le reste aussi d'ailleurs. Tout le reste. Et ça, c'est un peu le problème.
Il m'ont choisi parce que j'avais le bon profil. J'allais pouvoir entrer en symbiose avec le système, avec Xbus. En symbiose complète. Je ne sais pas trop ce que cela veut dire mais ils m'ont expliqué qu'en gros, on allait bien s'entendre. J'ai été présent dès le début de la construction. Dès la naissance... Uniquement présent. Dans un coin. Mais pas loin. Ils m'ont aussi expliqué que BUS (c'est comme ça que je l'appelle maintenant) allait me considérer comme sa maman. Comme son papa, j'ai rectifié, faut pas exagérer. Et que tant que je serai là, il sera sage et obéissant. Ils n'étaient cependant pas certains de son rythme de vieillissement mental et se méfiaient beaucoup de la crise d'ado qui n'allait pas manquer de surgir. L'age bête.
Tout cela, c'était il y a deux ans. Depuis, j'ai le titre de commandant de bord chez AIR FRANCE, sur BUS, (mais c'est marqué Airbus dessus). Vous allez rire, je n'ai aucun brevet de pilotage. Pour la théorie, pas de problème. Pour la pratique, ils m'ont dit, « non là vraiment, on peut pas. ». Mais de toute façon, j'ai pas à savoir piloter. il n'y a pas besoin de pilote... ni de personne en fait.
C'est dans le cockpit que se trouve l'unique vrai bouton ON/OFF - Il est toujours sur ON. Toujours. Le reste ne sert à rien. Et c'est là que j'interviens. Si vraiment il y avait un gros problème, ils m'ont pas encore dit lequel, je dois mettre sur OFF.
C'est dans le cockpit que se trouve l'unique vrai bouton ON/OFF - Il est toujours sur ON. Toujours. Le reste ne sert à rien. Et c'est là que j'interviens. Si vraiment il y avait un gros problème, ils m'ont pas encore dit lequel, je dois mettre sur OFF.
Ca me rappelle la blague:
"Dans le cockpit du futur, il y aura un pilote et un chien. Le pilote pour surveiller les instruments, et le chien pour le mordre s'il touche à quelque chose"
Bons vols,
PS: Excellent APM, j'attends la suite du feuilleton
"Dans le cockpit du futur, il y aura un pilote et un chien. Le pilote pour surveiller les instruments, et le chien pour le mordre s'il touche à quelque chose"
Bons vols,
PS: Excellent APM, j'attends la suite du feuilleton
Celui qui se perd dans sa passion perdra moins que celui qui perd sa passion. (Saint Augustin)
Au début, il y a eu un vent de panique quand BUS a voulu décoller pour la première fois en battant des ailes et en basculant alternativement tous les volets. Faut le comprendre. C'est le plus évident. Tout ça est rentré dans l'ordre quand ils ont rigidifié les longerons. Il a bien fallu qu'il trouve autre chose : "puissance atteinte, badin actif, pas d'alarme... V1, Rotation". il ajoute toujours « mon kiki... ». Et c'est parti.
N'empêche, un contrôleur y a laissé des plumes... pas que des plumes.
N'empêche, un contrôleur y a laissé des plumes... pas que des plumes.
Bus sait toujours où il est. Et il se voit. Il a couplé tous les systèmes de navigation par satellites, une demi douzaine je crois. Il compare sa position avec ce qu'il voit et aussi son image, sous n'importe quel angle, piquée aux satellites espions. Il y a l'embarras du choix. Il en a des vidéos... Il est un peu narcissique.
Il paraitrait cependant qu'il revienne de temps en temps à la montre et au cap, et qu'il vérifie, visuellement, au dernier moment, s'il est bien là où il faut. Même là, il ne se trompe jamais. Ou alors c'est voulu.
Il paraitrait cependant qu'il revienne de temps en temps à la montre et au cap, et qu'il vérifie, visuellement, au dernier moment, s'il est bien là où il faut. Même là, il ne se trompe jamais. Ou alors c'est voulu.
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Reçu en 2003 :
12 mai. Internet c'est fini. C'est plein d'envieux et de crétins. Le fils du voisin qui a 9 ans m'a dit tellement que je l'étais, je pourrais être chef d'escadrille. Je n'ai pas compris ce que j'étais tant que ça mais avant d'être chef d'escadrille, il faudrait que je sache piloter. Il m'a suggéré que je vende à son père tout mon matériel informatique et de m'inscrire dans une école de pilotage.
13 mai. C'est vrai ce que ça se déprécie vite les ordinateurs. Le père du fils de mon voisin me l'a payé une misère comparé à ce qu'il m'a coûté chez Surcouf le mois dernier. Il m'a dit que c'est normal, c'est à cause du nouveau Pentium XII à 15 Gigahertz qui va sortir en 2008. Je lui ai demandé s'il voulait aussi mon abonnement à Wanadoo, je ne sais pas ce que j'ai dit de drôle mais il a éclaté de rire.
14 mai. J'ai trouvé dans une revue un aéro-club à Saint Cyr l'Ecole. J'y vais cet après-midi pour m'inscrire. Mais avant, le fils du voisin m'a dit qu'il fallait que j'achète un uniforme et des Ray-Ban, les mêmes que celui dans la publicité du journal "Pilote de Ligne, un métier d'avenir". Le fils du voisin m'a dit qu'il fallait aussi la valise pour mettre les manuels de vol. Je ne sais pas où trouver tout ça. Le fils du voisin qui est vraiment débrouillard pour son âge m'a dit qu'il s'occupait de tout.
14 mai (soir). Le fils du voisin est revenu avec l'uniforme et les accessoires. L'uniforme est un peu petit pour moi. J'ai regardé l'étiquette à l'intérieur. Il y avait écrit "Property of Korean Airlines". C'est pas étonnant s'il font fabriquer les uniformes à l'étranger... La valise par contre est très joliement décorée de belles étiquettes "Hilton Singapour", "Sheraton Francfort" et "CREW". En plus il est rempli de jolis classeurs noir avec des ailes dorées dessus. J'ai demandé au fils du voisin combien je lui devais, c'était pas cher, à peine plus que l'argent de l'ordinateur. J'aurais peut-être dû lui demander la facture pour l'assurance.
15 -16 -17 mai. Je tourne et retourne dans St Cyr depuis 3 jours. Las ! Pas d'aéroport. Pourtant des pistes éclairées et des 747 ça doit bien se voir de loin ...
18 mai. De guerre lasse, j'ai appelé l'aéro-club et il m'ont très obligeamment indiqué le chemin. Je ne regrette pas d'avoir choisi ce club, il est situé près d'une immense pelouse à perte de vue, par contre les bassines jaunes qui y sont alignées ne sont pas du meilleur goût et on ne voit pas les pistes. C'est dommage. En tout cas ils étaient tellement impressionés par mon uniforme qu'ils ont appellé tous les autres pilotes pour qu'ils le voient. J'ai prié de m'excuser pour les chaussures, car celles que m'a rapporté le fils de mon voisin étaient franchement trop petites (du 39 et je chausse du 44) et me faisaient trop souffrir. Du coup, au dernier moment dans la voiture, j'ai préféré mettre mes tongs, celles que j'utilise
lorsque je vais ramasser les coquillages à Berck-Plage. Celui qui avait l'air d'être le chef de l'escadrille m'a demandé où j'avais garé mon Boeing. Quel crétin, je lui ai dit que si j'avais un Boeing, je viendrais pas dans son école pour apprendre à piloter. Il a eu une violente quinte de toux et tous les autres pilotes sont partis. Il m'a fait remplir plein de formulaires et m'a dit de cocher toutes les options pour l'assurance. Je lui ai demandé dans combien de temps je pouvais compter être chef d'escadrille comme lui. Il m'a regardé bizarrement, il a souri puis il a dit que je
pouvais considérer que c'était comme si c'était fait. Je crois que je vais aimer le pilotage. Il m'a ensuite présenté celui qui sera mon instructeur. Il m'a dit qu'il formait des pilotes depuis 35 ans et qu'il pourrait apprendre à voler à une méduse. C'est impressionant bien que je n'en vois pas l'intérêt. Je reviendrais la semaine prochaine pour ma première leçon. En attendant il m'a donné le manuel pour apprendre à piloter. Il n'est pas très épais, je pensais que les avions étaient plus complexes à piloter. De toute façon ma valise est déjà pleine. Avant de partir, je lui ai promis
d'apporter quelques nains de jardin agrémenter sa belle pelouse.
19 mai - J'essaye en vain de joindre le fils de mon voisin pour qu'il m'échange les chaussures. Pas de réponse.
25 mai. Ca y est aujourd'hui c'est ma première leçon. En arrivant devant l'aéro-club, je n'avais pas remarqué la dernière fois ce
vieil avion sur le gazon. Sans doute un symbole de l'Aviation Révolue et un Hommage aux Pilotes Précureurs Disparus... Dire qu'ils volaient là-dessus. Quel courage ! Alain mon instructeur m'a dit qu'on allait faire un vol d'accoutumance et m'a demandé si j'étais sujet au mal de mer. Je lui ai dit que oui mais je ne voyais pas le rapport. Quel crétin, je ne veux pas être marin, je veux être pilote. Il m' a pris une dizaine de pochettes en papier et a été chercher un sac poubelle de 100 litres derrière le bar. Il m'a ensuite demandé si je savais où se trouvait l'Hôtel Juliette
pour que j'aille l'y l'attendre. J'étais fort gêné. Je suis allé voir le chef d'escadrille et je lui ai dit que mon instructeur me faisait des avances et qu'il se méprenait. Je lui ai fait comprendre que je n'étais pas homosexuel et qu'il n'étais pas question que nous allions à l'hôtel ensemble. Il a crié très fort. Il paraît que l'Hôtel Juliette est l'immatriculation de l'avion dans lequel je dois voler et que je ne peux pas le manquer, c'est le seul devant le
club. Je lui ai fait remarquer que le seul avion que je voyais était celui qui rendait hommage à l'Aviation Révolue et aux Pilotes Précurseurs Disparus. Il m'a dit que pour 52.000 francs de l'heure il pouvait me trouver un Falcon 50, sinon il faudrait se contenter de celui-là. Je suis un peu déçu, comme quand j'ai voulu me connecter la première fois sur Pilotweb.
26 mai - Ma première leçon ne s'est pas bien passée. Alain, mon instructeur, m'a rejoint dans l'avion très en colère. C'est très étroit à l'intérieur et il criait fort. Puis il a manipulé plein de boutons et le moteur s'est mis à pétarader. Quel bruit. Heureusement que nous avions des écouteurs. Puis il s'est mis à rouler sur la pelouse. Je lui ai dit que ce n'était pas bien et que le jardinier du club sera fort mécontent. Il m'a traité de crétin. Il paraît que ce n'est pas une pelouse mais ce sont les pistes. Devant mon étonnement, il m'a dit que Monsieur Adépé, le propriétaire de l'aérodrome était aussi le propriétaire de Roissy et d'Orly. Et comme il avait beaucoup de soucis avec les écologistes et l'environnement, il expérimentait ici les futures pistes de Roissy et que cet avion était un prototype secret. Et nous avons décollé. Il m'a montré comment on pilote. On pousse sur le manche pour descendre et on tire pour monter. On l'incline à droite pour tourner à droite et à gauche pour tourner à gauche. Sur le manche, il y a un bouton rouge. Je ne sais pas à quoi il sert. Sûrement pour les mitrailleuses.. J'ai dit à Alain que je connaissais déjà tout ça car j'avais un simulateur de vol chez moi, il était très épaté (c'est le fils du voisin qui a 9 ans qui me l'avait passé.) Il m'a dit "Si tu as fait du simu, alors à toi les commandes et montre-moi ce que tu sais faire". Alors j'ai fait comme avec le simu, sauf qu'Alain n' a pas apprécié ma technique de pilotage. Il a fait des bruits bizarres en crachant dans les sacs en papier tout en criant. La tour de contrôle criait aussi dans l'écouteur. Il disait que St Cyr n'était pas un axe de voltige, d'arrêter tout de suite les évolutions et surtout d'arrêter de faire "Tatatatatatatat tata..." sur la fréquence. L'avion que je suivais criait aussi. Alain a repris les commandes. Il était tout pâle. C'est triste pour un pilote d'avoir le mal de mer. Je comprends pourquoi il avait prévu les sacs. Il m'a demandé qu'est-ce que j'avais comme simulateur. Quand je lui ai dit que c'était Wing Commander III, il a fondu en larmes et on est rentré se poser. Là il y avait plein de gens qui attendait Alain, une camionette jaune avec un gyrophare jaune, une camionette bleue avec un gyrophare bleu. Il faut que je m'inscrive sur la planche de vol pour un nouveau rendez-vous.
4 juin - J'ai un nouvel instructeur, il s'appelle Didier. Il m'a dit qu'Alain avait laissé tomber l'aviation, qu'il était parti enseigner la pêche à la mouche. Il faudra qu'il me donne ses coordonnées. J'apprendrais bien à pêcher les mouches, à cause du mal de mer je monte jamais sur un bateau, et des mouches y'en a partout hein ?... Didier m'a fait écouter une radio et m'a dit de noter tout ce qu'il disait avant de partir. Il y avait plein de chiffres et des abréviations. Je lui ai dit que c'était pas la peine de noter, que j'avais un excellente mémoire. Depuis 10 ans je mémorisais les montants de la valise RTL au cas où ils m'appelleraient. Il a insisté. C'était un poil lassant ce bulletin d'information ATIS qui répétait un peu toujours la même chose et quand Didier est revenu j'en étais déjà à une trentaine de pages et pourtant il n'avais pas l'air content de mon travail. Je lui ai posé plein de questions. J'en pose à tout le monde d'ailleurs. Au fait, il faudra que je demande à Didier pourquoi ils m'appellent tous Père Fourras à l'aéro-club. Il y a un rituel très sympathique au club. Chaque fois que je pars en vol avec Didier, tous les membres du club viennent l'embrasser, le réconforter ; il y en a même qui lui proposent un verre d'alcool et une cigarette. Moi, je trouve que ce n'est pas prudent de boire avant de piloter.
12 juin - Le chef d'escadrille m'a dit que si je voulais être lâché avant le printemps prochain, il faudrait que j'augmente le nombre de
leçons. Il m'a dit que deux heures par jour, ça semblait réaliste. Je pense qu'il a raison mais je lui ai fait remarquer que les instructeurs changeaient souvent et qu'on reprenait tout à zéro à chaque fois. Il m'a dit que "Oui , c'était le problème."
13 juin - Je travaille l'examen théorique. C'est très compliqué. Le fils du voisin a accepter de me faire travailler. Il a mis au point une méthode sensationnelle. Il me donne le numéro de la question et je lui répond le numéro de la réponse. Il dit qu'après lorsqu'il dira les trois premiers mots de la question, je devrais donner aussi la réponse. cela me semble pas trop dur, c'est comme dans FA SI LA chanter.
24 juin. J'ai obtenu l'examen théorique. 60 sur 60. C'était drôlement facile. J'ai lu les trois premiers mots de la question et je cochais le numéro de la bonne réponse. La mémoire ça sert.
1er juillet. Aujourd'hui j'ai un nouvel instructeur ou plus exactement une nouvelle instructrice, elle s'appelle Catherine. En effet, Didier n'est pas encore sorti de l'hôpital suite au dernier atterissage que j'ai fait. Un dur qu'ils l'ont appelé. Moi j'ai pas trouvé qu'il soit plus difficile que les autres. En fait dès la vent arrière, j'ai senti que Didier n'était pas dans son assiette, il était pâle et transpirait beaucoup et il serraient les poings
nerveusement. J'ai pensé qu'il avait trop chaud et j'ai coupé le chauffage. "Palamixture, palamixture", il criait le pauvre, sans doute la fièvre. Alors le moteur s'est arrêté. De toute façon on était presque arrivé. Mais il voulu reprendre le manche pour piloter à ma place. Je lui ai dit que c'était moi qui payais et donc c'était moi qui pilotais. Du coup on a aussi un nouvel avion, je crois que c'est un prototype aussi car il n'est pas en meilleur état que l'ancien.
12 juillet. Alors que j'étais dans les toilettes en train de satisfaire une envie naturelle, j'ai entendu le chef d'escadrille et mon instructeur discuter. Il parlait à voix basse et avait l'air de comploter. L'instructeur disait "T'as qu'à le lâcher solo et on sera tranquille après", l'autre a répondu "L'avion je m'en fous, me retrouver dans la rubrique B.E.A d'Info-Pilote aussi , mais la population des alentours…". L'autre a dit "Ca fera moins de
riverains après tout et on fera fermer l'autoroute". Je trouve ça louche et malhonnête. S'ils veulent me faire une surprise en me lâchant en solo lors d'un prochain vol. alors pourquoi m'avoir fait payer d'avance les 6 mois de leçon, hein !
14 juillet. Ca y est, je suis lâché solo. C'est un grand jour ! Lorsque j'ai ramené l'avion devant le club, mon instructeur et le chef d'escadrille n'en croyaient pas leurs yeux. Ils avaient même l'air déçu. Trois qui avait l'air drôlement épatés, c'était Monsieur Dussau, Monsieur Paris et Madame Alajouannine. Ils m'ont posé plein de questions pour savoir comment j'arrivais à faire de telles figures avec un tel avion à une si basse altitude avec aussi peu de vitesse. Je leur ai dit que quand on a un bon instructeur, le résultat est déjà acquis. Le compliment n'a pas eu l'air de faire
plaisir à Didier. Peut-être à cause de ses deux jambes brisées qui le font encore souffrir.
20 juillet. Ils ont embauché un nouvel instructeur rien que pour moi. Il s'appelle Toshiro Hirigawa. Il est d'origine asiatique, japonais je crois. Il n'est pas très jeune mais il pilote depuis plus 60 ans m'a t-on dit. Il est très courtois et très poli et a très fier allure dans sa combinaison beige et avec son foulard blanc noué sur le crâne. Il y a quelque chose d'écrit dessus, mais je ne comprends pas le japonais. Lui ne comprend pas beaucoup le français non plus. On m'a dit qu'il avait mis au point une technique d'appontage qui ressemblait beaucoup à mes atterissages et qu'on devrait bien s'entendre. On nous a donné un surnom : la patrouille Double-Zéro.
21 juillet. Toshiro est vraiment un grand pilote. Il m'enseigne l'art de naviguer aux étoiles. Le seul ennui, c'est qu'on ne visite que les ports. Cherbourg, Brest, Dunkerque, Gennevilliers et quand il voit un bateau, il devient bizarre. Aujourd'hui, on a survolé une péniche sur la Seine. Il a voulu absolument atterrir dessus. Il criait fort Bonsaï ou quelque chose dans ce genre. Je lui dis alors que c'est moi qui paye et donc c'est moi qui pilote. Alors il s'est excusé. C'est un pauvre type...
24 juillet. Demain je vais faire une navigation en solo. La première. Toshiro ne sera même pas là pour le voir. Il s'est bêtement ouvert le ventre en jouant avec un sabre. Il a même laissé un mot pour dire combien il était désolé d'avoir failli à sa mission. Tout ça parce que j'ai pas voulu qu'il atterrisse sur une péniche.
25 juillet. Il n'y a plus d'instructeur au club. Le chef d'escadrille m'a dit que plus personne ne voulait travailler ici. Je lui ai dit que c'était pas grave, qu'après mon brevet je ferai le stage instructeur mais ça n'a pas eu l'air de lui faire plaisir. Je lui ai demandé quelle navigation il avait prévue pour moi. Il m'a dit qu'on allait commencer par St Cyr - Chavenay, qu'il y avait pas moins loin. "Fais un toucher et reviens."
9h Je prépare l'avion et je fais le plein à ras bord,on ne sait jamais.
9h30 Les pompiers font une haie d'honneur en bout de piste. Sûrement une délicate attention de mes amis pilotes.
9h45 Je m'aligne et je lance le moteur.
9h46 Je retourne au club. J'ai oublié ma valise avec les cartes.
9h50 Je décolle enfin. Il y a plein de moutons dans le parc du Château de Versailles.
10h05 Les Parisiens sont des ploucs. Il me font des grands bonjours à croire qu'ils n'ont jamais vu un avion au dessus de la place de
l'Etoile.
10h20 Le chef d'escadrille m'a dit, "Tu peux pas te tromper, Chavenay, c'est le premier terrain que tu verras."
J'aurais dû apprendre à voler à Chavenay. C'est beaucoup plus moderne avec tous ces avions de lignes et tous ces taxiways, ces lumières et ces deux grandes aérogares. Par contre ils ne me répondent pas à la radio. Je vais faire une intégration standard.
...
12 mai. Internet c'est fini. C'est plein d'envieux et de crétins. Le fils du voisin qui a 9 ans m'a dit tellement que je l'étais, je pourrais être chef d'escadrille. Je n'ai pas compris ce que j'étais tant que ça mais avant d'être chef d'escadrille, il faudrait que je sache piloter. Il m'a suggéré que je vende à son père tout mon matériel informatique et de m'inscrire dans une école de pilotage.
13 mai. C'est vrai ce que ça se déprécie vite les ordinateurs. Le père du fils de mon voisin me l'a payé une misère comparé à ce qu'il m'a coûté chez Surcouf le mois dernier. Il m'a dit que c'est normal, c'est à cause du nouveau Pentium XII à 15 Gigahertz qui va sortir en 2008. Je lui ai demandé s'il voulait aussi mon abonnement à Wanadoo, je ne sais pas ce que j'ai dit de drôle mais il a éclaté de rire.
14 mai. J'ai trouvé dans une revue un aéro-club à Saint Cyr l'Ecole. J'y vais cet après-midi pour m'inscrire. Mais avant, le fils du voisin m'a dit qu'il fallait que j'achète un uniforme et des Ray-Ban, les mêmes que celui dans la publicité du journal "Pilote de Ligne, un métier d'avenir". Le fils du voisin m'a dit qu'il fallait aussi la valise pour mettre les manuels de vol. Je ne sais pas où trouver tout ça. Le fils du voisin qui est vraiment débrouillard pour son âge m'a dit qu'il s'occupait de tout.
14 mai (soir). Le fils du voisin est revenu avec l'uniforme et les accessoires. L'uniforme est un peu petit pour moi. J'ai regardé l'étiquette à l'intérieur. Il y avait écrit "Property of Korean Airlines". C'est pas étonnant s'il font fabriquer les uniformes à l'étranger... La valise par contre est très joliement décorée de belles étiquettes "Hilton Singapour", "Sheraton Francfort" et "CREW". En plus il est rempli de jolis classeurs noir avec des ailes dorées dessus. J'ai demandé au fils du voisin combien je lui devais, c'était pas cher, à peine plus que l'argent de l'ordinateur. J'aurais peut-être dû lui demander la facture pour l'assurance.
15 -16 -17 mai. Je tourne et retourne dans St Cyr depuis 3 jours. Las ! Pas d'aéroport. Pourtant des pistes éclairées et des 747 ça doit bien se voir de loin ...
18 mai. De guerre lasse, j'ai appelé l'aéro-club et il m'ont très obligeamment indiqué le chemin. Je ne regrette pas d'avoir choisi ce club, il est situé près d'une immense pelouse à perte de vue, par contre les bassines jaunes qui y sont alignées ne sont pas du meilleur goût et on ne voit pas les pistes. C'est dommage. En tout cas ils étaient tellement impressionés par mon uniforme qu'ils ont appellé tous les autres pilotes pour qu'ils le voient. J'ai prié de m'excuser pour les chaussures, car celles que m'a rapporté le fils de mon voisin étaient franchement trop petites (du 39 et je chausse du 44) et me faisaient trop souffrir. Du coup, au dernier moment dans la voiture, j'ai préféré mettre mes tongs, celles que j'utilise
lorsque je vais ramasser les coquillages à Berck-Plage. Celui qui avait l'air d'être le chef de l'escadrille m'a demandé où j'avais garé mon Boeing. Quel crétin, je lui ai dit que si j'avais un Boeing, je viendrais pas dans son école pour apprendre à piloter. Il a eu une violente quinte de toux et tous les autres pilotes sont partis. Il m'a fait remplir plein de formulaires et m'a dit de cocher toutes les options pour l'assurance. Je lui ai demandé dans combien de temps je pouvais compter être chef d'escadrille comme lui. Il m'a regardé bizarrement, il a souri puis il a dit que je
pouvais considérer que c'était comme si c'était fait. Je crois que je vais aimer le pilotage. Il m'a ensuite présenté celui qui sera mon instructeur. Il m'a dit qu'il formait des pilotes depuis 35 ans et qu'il pourrait apprendre à voler à une méduse. C'est impressionant bien que je n'en vois pas l'intérêt. Je reviendrais la semaine prochaine pour ma première leçon. En attendant il m'a donné le manuel pour apprendre à piloter. Il n'est pas très épais, je pensais que les avions étaient plus complexes à piloter. De toute façon ma valise est déjà pleine. Avant de partir, je lui ai promis
d'apporter quelques nains de jardin agrémenter sa belle pelouse.
19 mai - J'essaye en vain de joindre le fils de mon voisin pour qu'il m'échange les chaussures. Pas de réponse.
25 mai. Ca y est aujourd'hui c'est ma première leçon. En arrivant devant l'aéro-club, je n'avais pas remarqué la dernière fois ce
vieil avion sur le gazon. Sans doute un symbole de l'Aviation Révolue et un Hommage aux Pilotes Précureurs Disparus... Dire qu'ils volaient là-dessus. Quel courage ! Alain mon instructeur m'a dit qu'on allait faire un vol d'accoutumance et m'a demandé si j'étais sujet au mal de mer. Je lui ai dit que oui mais je ne voyais pas le rapport. Quel crétin, je ne veux pas être marin, je veux être pilote. Il m' a pris une dizaine de pochettes en papier et a été chercher un sac poubelle de 100 litres derrière le bar. Il m'a ensuite demandé si je savais où se trouvait l'Hôtel Juliette
pour que j'aille l'y l'attendre. J'étais fort gêné. Je suis allé voir le chef d'escadrille et je lui ai dit que mon instructeur me faisait des avances et qu'il se méprenait. Je lui ai fait comprendre que je n'étais pas homosexuel et qu'il n'étais pas question que nous allions à l'hôtel ensemble. Il a crié très fort. Il paraît que l'Hôtel Juliette est l'immatriculation de l'avion dans lequel je dois voler et que je ne peux pas le manquer, c'est le seul devant le
club. Je lui ai fait remarquer que le seul avion que je voyais était celui qui rendait hommage à l'Aviation Révolue et aux Pilotes Précurseurs Disparus. Il m'a dit que pour 52.000 francs de l'heure il pouvait me trouver un Falcon 50, sinon il faudrait se contenter de celui-là. Je suis un peu déçu, comme quand j'ai voulu me connecter la première fois sur Pilotweb.
26 mai - Ma première leçon ne s'est pas bien passée. Alain, mon instructeur, m'a rejoint dans l'avion très en colère. C'est très étroit à l'intérieur et il criait fort. Puis il a manipulé plein de boutons et le moteur s'est mis à pétarader. Quel bruit. Heureusement que nous avions des écouteurs. Puis il s'est mis à rouler sur la pelouse. Je lui ai dit que ce n'était pas bien et que le jardinier du club sera fort mécontent. Il m'a traité de crétin. Il paraît que ce n'est pas une pelouse mais ce sont les pistes. Devant mon étonnement, il m'a dit que Monsieur Adépé, le propriétaire de l'aérodrome était aussi le propriétaire de Roissy et d'Orly. Et comme il avait beaucoup de soucis avec les écologistes et l'environnement, il expérimentait ici les futures pistes de Roissy et que cet avion était un prototype secret. Et nous avons décollé. Il m'a montré comment on pilote. On pousse sur le manche pour descendre et on tire pour monter. On l'incline à droite pour tourner à droite et à gauche pour tourner à gauche. Sur le manche, il y a un bouton rouge. Je ne sais pas à quoi il sert. Sûrement pour les mitrailleuses.. J'ai dit à Alain que je connaissais déjà tout ça car j'avais un simulateur de vol chez moi, il était très épaté (c'est le fils du voisin qui a 9 ans qui me l'avait passé.) Il m'a dit "Si tu as fait du simu, alors à toi les commandes et montre-moi ce que tu sais faire". Alors j'ai fait comme avec le simu, sauf qu'Alain n' a pas apprécié ma technique de pilotage. Il a fait des bruits bizarres en crachant dans les sacs en papier tout en criant. La tour de contrôle criait aussi dans l'écouteur. Il disait que St Cyr n'était pas un axe de voltige, d'arrêter tout de suite les évolutions et surtout d'arrêter de faire "Tatatatatatatat tata..." sur la fréquence. L'avion que je suivais criait aussi. Alain a repris les commandes. Il était tout pâle. C'est triste pour un pilote d'avoir le mal de mer. Je comprends pourquoi il avait prévu les sacs. Il m'a demandé qu'est-ce que j'avais comme simulateur. Quand je lui ai dit que c'était Wing Commander III, il a fondu en larmes et on est rentré se poser. Là il y avait plein de gens qui attendait Alain, une camionette jaune avec un gyrophare jaune, une camionette bleue avec un gyrophare bleu. Il faut que je m'inscrive sur la planche de vol pour un nouveau rendez-vous.
4 juin - J'ai un nouvel instructeur, il s'appelle Didier. Il m'a dit qu'Alain avait laissé tomber l'aviation, qu'il était parti enseigner la pêche à la mouche. Il faudra qu'il me donne ses coordonnées. J'apprendrais bien à pêcher les mouches, à cause du mal de mer je monte jamais sur un bateau, et des mouches y'en a partout hein ?... Didier m'a fait écouter une radio et m'a dit de noter tout ce qu'il disait avant de partir. Il y avait plein de chiffres et des abréviations. Je lui ai dit que c'était pas la peine de noter, que j'avais un excellente mémoire. Depuis 10 ans je mémorisais les montants de la valise RTL au cas où ils m'appelleraient. Il a insisté. C'était un poil lassant ce bulletin d'information ATIS qui répétait un peu toujours la même chose et quand Didier est revenu j'en étais déjà à une trentaine de pages et pourtant il n'avais pas l'air content de mon travail. Je lui ai posé plein de questions. J'en pose à tout le monde d'ailleurs. Au fait, il faudra que je demande à Didier pourquoi ils m'appellent tous Père Fourras à l'aéro-club. Il y a un rituel très sympathique au club. Chaque fois que je pars en vol avec Didier, tous les membres du club viennent l'embrasser, le réconforter ; il y en a même qui lui proposent un verre d'alcool et une cigarette. Moi, je trouve que ce n'est pas prudent de boire avant de piloter.
12 juin - Le chef d'escadrille m'a dit que si je voulais être lâché avant le printemps prochain, il faudrait que j'augmente le nombre de
leçons. Il m'a dit que deux heures par jour, ça semblait réaliste. Je pense qu'il a raison mais je lui ai fait remarquer que les instructeurs changeaient souvent et qu'on reprenait tout à zéro à chaque fois. Il m'a dit que "Oui , c'était le problème."
13 juin - Je travaille l'examen théorique. C'est très compliqué. Le fils du voisin a accepter de me faire travailler. Il a mis au point une méthode sensationnelle. Il me donne le numéro de la question et je lui répond le numéro de la réponse. Il dit qu'après lorsqu'il dira les trois premiers mots de la question, je devrais donner aussi la réponse. cela me semble pas trop dur, c'est comme dans FA SI LA chanter.
24 juin. J'ai obtenu l'examen théorique. 60 sur 60. C'était drôlement facile. J'ai lu les trois premiers mots de la question et je cochais le numéro de la bonne réponse. La mémoire ça sert.
1er juillet. Aujourd'hui j'ai un nouvel instructeur ou plus exactement une nouvelle instructrice, elle s'appelle Catherine. En effet, Didier n'est pas encore sorti de l'hôpital suite au dernier atterissage que j'ai fait. Un dur qu'ils l'ont appelé. Moi j'ai pas trouvé qu'il soit plus difficile que les autres. En fait dès la vent arrière, j'ai senti que Didier n'était pas dans son assiette, il était pâle et transpirait beaucoup et il serraient les poings
nerveusement. J'ai pensé qu'il avait trop chaud et j'ai coupé le chauffage. "Palamixture, palamixture", il criait le pauvre, sans doute la fièvre. Alors le moteur s'est arrêté. De toute façon on était presque arrivé. Mais il voulu reprendre le manche pour piloter à ma place. Je lui ai dit que c'était moi qui payais et donc c'était moi qui pilotais. Du coup on a aussi un nouvel avion, je crois que c'est un prototype aussi car il n'est pas en meilleur état que l'ancien.
12 juillet. Alors que j'étais dans les toilettes en train de satisfaire une envie naturelle, j'ai entendu le chef d'escadrille et mon instructeur discuter. Il parlait à voix basse et avait l'air de comploter. L'instructeur disait "T'as qu'à le lâcher solo et on sera tranquille après", l'autre a répondu "L'avion je m'en fous, me retrouver dans la rubrique B.E.A d'Info-Pilote aussi , mais la population des alentours…". L'autre a dit "Ca fera moins de
riverains après tout et on fera fermer l'autoroute". Je trouve ça louche et malhonnête. S'ils veulent me faire une surprise en me lâchant en solo lors d'un prochain vol. alors pourquoi m'avoir fait payer d'avance les 6 mois de leçon, hein !
14 juillet. Ca y est, je suis lâché solo. C'est un grand jour ! Lorsque j'ai ramené l'avion devant le club, mon instructeur et le chef d'escadrille n'en croyaient pas leurs yeux. Ils avaient même l'air déçu. Trois qui avait l'air drôlement épatés, c'était Monsieur Dussau, Monsieur Paris et Madame Alajouannine. Ils m'ont posé plein de questions pour savoir comment j'arrivais à faire de telles figures avec un tel avion à une si basse altitude avec aussi peu de vitesse. Je leur ai dit que quand on a un bon instructeur, le résultat est déjà acquis. Le compliment n'a pas eu l'air de faire
plaisir à Didier. Peut-être à cause de ses deux jambes brisées qui le font encore souffrir.
20 juillet. Ils ont embauché un nouvel instructeur rien que pour moi. Il s'appelle Toshiro Hirigawa. Il est d'origine asiatique, japonais je crois. Il n'est pas très jeune mais il pilote depuis plus 60 ans m'a t-on dit. Il est très courtois et très poli et a très fier allure dans sa combinaison beige et avec son foulard blanc noué sur le crâne. Il y a quelque chose d'écrit dessus, mais je ne comprends pas le japonais. Lui ne comprend pas beaucoup le français non plus. On m'a dit qu'il avait mis au point une technique d'appontage qui ressemblait beaucoup à mes atterissages et qu'on devrait bien s'entendre. On nous a donné un surnom : la patrouille Double-Zéro.
21 juillet. Toshiro est vraiment un grand pilote. Il m'enseigne l'art de naviguer aux étoiles. Le seul ennui, c'est qu'on ne visite que les ports. Cherbourg, Brest, Dunkerque, Gennevilliers et quand il voit un bateau, il devient bizarre. Aujourd'hui, on a survolé une péniche sur la Seine. Il a voulu absolument atterrir dessus. Il criait fort Bonsaï ou quelque chose dans ce genre. Je lui dis alors que c'est moi qui paye et donc c'est moi qui pilote. Alors il s'est excusé. C'est un pauvre type...
24 juillet. Demain je vais faire une navigation en solo. La première. Toshiro ne sera même pas là pour le voir. Il s'est bêtement ouvert le ventre en jouant avec un sabre. Il a même laissé un mot pour dire combien il était désolé d'avoir failli à sa mission. Tout ça parce que j'ai pas voulu qu'il atterrisse sur une péniche.
25 juillet. Il n'y a plus d'instructeur au club. Le chef d'escadrille m'a dit que plus personne ne voulait travailler ici. Je lui ai dit que c'était pas grave, qu'après mon brevet je ferai le stage instructeur mais ça n'a pas eu l'air de lui faire plaisir. Je lui ai demandé quelle navigation il avait prévue pour moi. Il m'a dit qu'on allait commencer par St Cyr - Chavenay, qu'il y avait pas moins loin. "Fais un toucher et reviens."
9h Je prépare l'avion et je fais le plein à ras bord,on ne sait jamais.
9h30 Les pompiers font une haie d'honneur en bout de piste. Sûrement une délicate attention de mes amis pilotes.
9h45 Je m'aligne et je lance le moteur.
9h46 Je retourne au club. J'ai oublié ma valise avec les cartes.
9h50 Je décolle enfin. Il y a plein de moutons dans le parc du Château de Versailles.
10h05 Les Parisiens sont des ploucs. Il me font des grands bonjours à croire qu'ils n'ont jamais vu un avion au dessus de la place de
l'Etoile.
10h20 Le chef d'escadrille m'a dit, "Tu peux pas te tromper, Chavenay, c'est le premier terrain que tu verras."
J'aurais dû apprendre à voler à Chavenay. C'est beaucoup plus moderne avec tous ces avions de lignes et tous ces taxiways, ces lumières et ces deux grandes aérogares. Par contre ils ne me répondent pas à la radio. Je vais faire une intégration standard.
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