Vrillaplat a écrit : ↑04 mars 2022, 18:58
Salut,
Je me permets d'apporter mon grain de sel en espérant que ça puisse aider.
Ancien ingénieur aéro qui s'emmerdait au bureau, je suis entré en CPL IR ME début 2020 à 32 ans avec pleins de rêves en tête, et je suis sorti de là 2 mois plus tard avec l'énorme désillusion : le covid s'est pointé entre temps, la pire catastrophe de toute l'histoire de l'aéronautique, des avions bâchés aux 4 coins du monde. Après tant de sacrifices, tant de fric balancé, tant d'heures à cliquer l'ATPL, tant d'acharnement pour valider toutes ces formations aux noms barbares et qui font de l'aviation un bordel sans nom...PPL ATPL CPL IRME IRSE MCC UPRT VFRN, le calvaire pour les proches. Enfin je suis prêt, et BAM
Avant même d'entendre parler du covid, mes critères de recherche faisaient de moi un doux-rêveur : je voulais un CDI dans un cockpit, basé en France, sans avoir à passer par la case FI, toucher un salaire décent, et surtout avec la QT payée par la boite (hors de question Ryanair, Valljet et ces boites que je trouve abjectes de faire payer). J'avais 300h TT. Déjà, ça faisait marrer les gens que je puisse oser avoir ces prétentions avec mon profil de pioupiou. Puis le covid est arrivé, et je n'ai aucunement changé mes critères de recherche, ce qui m'a valu carrément de passer pour un violoniste...
Mais il était hors de question de me prostituer à m'en dégouter de ma passion !
Au final environ 6 mois après ma toute première candidature, me voilà en CDD puis CDI dans un cockpit, dans une bonne boite, deux QT payées par l'employeur, basé en France, salaire tout à fait correct, et même 2 propositions de boites concurrentes que j'ai refusé quelques mois après.
Aujourd'hui je ne retournerai pour rien au monde dans ma précédente carrière.
Concernant le FI, à mon sens en période d'embauche ça peut être un sérieux plus niveau CRM et heures de vol pour faire ressortir un CV. Malheureusement aujourd'hui il y en a trop, et les CV sont perdus dans la masse. Dans mon entourage environ 4/5 des low timers qui cherchent sont FI. Résultat impossible de trouver un poste de FI salarié car ils sont tous occupés, et la plupart doivent se partager les élèves car ils sont 15 FI par aéroclub, ils ne volent donc que peu. Ajoute à ça les pilote pro avec expérience qui sont passés au chômage avec le covid, et qui eux aussi se sont rabattus sur les clubs pour faire FI... Personnellement je n'y ai vu qu'une manière de m'endetter encore un peu plus.
Comme toi, comme nous tous, j'ai postulé un peu partout pendant ces 6 mois de recherche. Une centaine de mail "Candidature spontanée pilote et ingénieur". Jamais de réponse, pas même une réponse négative, rien, le néant total. Une semaine après je relançais chaque boite par téléphone, et systématiquement la réponse était la même : "j'ai reçu 70 CV ces 3 derniers jours, honnêtement je ne sais pas si j'ai bien reçu le votre".
J'en suis donc venu à une première conclusion évidente : mon CV pourrait être le meilleur du monde, il est totalement perdu dans une avalanche de mails qui ne sont même pas ouverts ! Ce qui m'a mené à une seconde conclusion : il faut absolument sortir du lot. Il y a des mecs qui ont un nom car ils sont doués dans le monde du planeur, d'autres dans celui de la voltige, d'autres encore connaissent un mec qui a une boite, ou un papa qui connaît un type, d'autres encore ont un profil intagram, une belle gueule qui passe auprès du client... Bref il faut se démarquer absolument.
Du coup j'ai changé de stratégie et j'ai sorti la carte "culot". Pour me démarquer j'ai voulu faire ressortir le fait que pour mon rêve de devenir pilote, j'ai construit moi même mon avion de voltige, que j'ai fait moi même le premier vol alors que je n'avais qu'une cinquantaine d'heures TT et que j'ai fait tout mon mûrissement dessus. Bingo... J'ai commencé à avoir des réponses à mes mails. Réponses des mêmes boites qui ne m'avaient pas répondu quelques mois avant avec un mail standard, et un intitulé de mail standard. Il faut donner envie d'ouvrir le mail, peu importe le moyen... Les réponses étaient négatives certes, mais avec très souvent une petite note personnelle du genre "nous sommes très sensible à votre démarche et serions ravis de vous rencontrer lorsque la situation sera meilleure". Et effectivement, ils m'ont eux-mêmes relancé quelques mois après.
Mon job actuel, je l'ai eu en faisant la bonne rencontre au bon moment sur l'aéroclub où j'étais avec mon avion. Un mec qui connaît un mec. Mon CV a été transmis, apparemment ça aurait fait marrer le patron que j'ai construit mon avion et il m'a donné ma chance... Je me souviendrai toujours de cet appel où ma vie a complètement basculé, l'appel où on te propose une date d'arrivée sans même avoir passé un entretien d'embauche.
Bref, c'est une jolie petite histoire dont je suis fier (n'y voyez pas de manque d'humilité
) ayant eu un choix financier difficile à faire : terminer mon avion au plus vite et tenter de faire le murissement dessus, ou bien le mettre en pause et faire mon mûrissement à l'aéroclub sur DR400. C'était assez risqué comme choix, et j'y ai laissé énormément de sueur et d'énergie à bosser parfois 15h par jour. Tout aurait pu merder au premier vol, mais au final il a clairement été ce qui a fait la différence sur mon CV.
La finalité c'est à mon sens qu'il ne faut jamais abandonner, mettre toute l'énergie qu'on a et y ajouter une petite touche de culot. Il faut continuer à voler au maximum en se baladant sur les terrains, rencontrer du monde, bavarder, s'intéresser à tout et à tous, et surtout prendre du plaisir à faire tout ça ! C'est un milieu minuscule où tout le monde se connaît, et ceux que tu croiseras le lundi matin au Bourget et qui font la queue pour refueler leur jet, sont les mêmes que tu croiseras le dimanche après-midi à la JPO de l'aéroclub des alouettes.
Courage à tous, ne lâchez rien mais ne vous prostituez pas ! La finalité vaut toutes les peines du monde !