handil a écrit : ↑15 sept. 2021, 23:14
Dubble a écrit : ↑15 sept. 2021, 22:51
Pour bleedair et les autres : ce forum est normalement d'un niveau suffisant pour permettre un débat d'idées assez élevé.
On a déjà longuement discuté de ce sujet là.
L'avion est critiqué démesurément par rapport à son impact et aux possibilités de substitution, c'est un fait.
On est d'accord là dessus. La couverture est démesurée par rapport à l'impact qui reste minoritaire à l'échelle mondiale, en absolue. Mais en valeur relative, rapporté à la population mondiale qui prend ce moyen de transport, le bilan reste noir. C'est aussi un fait. Et un aller retour à l'autre bout du monde, c'est une année d'émission de CO2, emise en 15 jours de vacances pour un français moyen. Elle est là la réalité. Donne l'accès à l'aviation civile à ne serait-ce que la moitié de la population mondiale et c'est un désastre.
Concernant l'avenir de l'aviation, il faut être aveugle pour ne pas comprendre la claque qui attend cette industrie. Et le combat reste le CO2. On peut se dire que l'écologie ne se résume pas aux GES, mais ça reste le nerf de la guerre, celle qui nous attend. Emettre 10T de CO2 pour un plaisir personnel sera juste inacceptable dans quelques années. Il n'existe pas une industrie qui ne prend pas un virage serré pour décarboner. L'aérien le fait, mais se heurte à des contrainte qui ne seront jamais atteinte à temps.
Concernant ta position et de dire que ce débat a été mainte fois débattu, on est bien d'accord. Mais ça fait pas de mal d'y remettre une couche.
Pourquoi le bilan devrait-il être fait par rapport au nombre de gens qui prennent l'avion ?
Pourquoi pas par rapport au nombre de gens qui en bénéficient d'une manière ou d'une autre ? La quasi totalité de la population, en fait.
Très franchement, le jour où "émettre 10T pour du plaisir personnel" sera inacceptable, notre activité professionnelle ne sera peut-être plus notre souci le plus important. Cela veut dire qu'on sera entrés dans une forme d'autoritarisme qui se permet de juger à notre place quelle activité est essentielle ou non essentielle pour nous, c'est très grave.
"Si on veut respecter la limite des 2°, il faut ralentir" : mais est-ce la bonne stratégie ?
Les écologistes parlent "d'urgence", le mot urgence a un objectif : tétaniser. Quand on dit urgence, on dit qu'il est trop tard, qu'il faut agir tout de suite, surtout ne pas réfléchir. Agir, et de préférence avec la solution toute faite que la personne qui tente de vous manipuler par ce mot propose.
Il y a de nombreuses questions qui ne sont pas encore complètement résolues :
- Est-ce que le réchauffement climatique et les émissions de CO2 sont vraiment le problème n°1 ?
Peut-être que non. D'après les mêmes écologistes, la trajectoire de production de pétrole va forcément se ralentir pour cause de contrainte sur la ressource. Donc dans ce cadre, le réchauffement climatique serait limité naturellement par les contraintes géologiques. Il ne serait donc plus notre problème, notre problème n°1 deviendrait la gestion de la décroissance de la ressource fossile (ce qui n'est pas tout à fait la même chose, car par exemple en cas de ressource fossile illimitée, on peut les cramer dans une technologie de capture de carbone, par exemple, et on est jamais limités sur la possibilité de faire voler des avions)
Est-ce que la décroissance se fera dans un concert mondial apaisé, ou bien est-ce que la décroissance des ressources, la décroissance des émissions, se fera de manière violente ? Si un pays (autre que nous) décide que le confort et la survie de ses habitants prime sur les autres, décide de déclencher l'anéantissement progressif des autres pays, afin de limiter les émissions de CO2 mondiales et la pression sur les ressources, notre problème n°1 c'est un problème militaire !
- Même à supposer que le problème écologique soit réellement le défi n°1, est-ce qu'on a réellement réfléchi aux implications de la lutte contre celui-ci, et est-ce qu'on accepte réellement ces implications ?
Il est toujours possible de préférer vivre une vie normale le plus longtemps possible, mais se crasher à la fin, plutôt que tenter de s'inscrire sur une trajectoire décroissante qui ne fera envie à personne, et maximisera la quantité de vie biologique humaine, mais ne maximisera pas du tout son bonheur.
En d'autres termes, vous avez un cancer, préférez-vous visiter le monde entier (en avion
) et vivre votre meilleure vie pendant quelques mois voire quelques années, ou plutôt passer la même période à tenter des traitements qui vous bloqueront tout seul dans un lit d'hopital, vous causant des désagréments physiques constants, sans garantie que cela fonctionne ?
Le mot "urgence" dissimule ce débat très intéressant et nécessaire qui devrait exister à sa place.
Les Chinois visiblement ne tablent pas sur la piste de la décroissance volontaire, et encore moins pour le transport aérien.
On aurait l'air bien stupides à s'être lancés dans une politique décroissante, avec des tensions sociales croissantes (pour le coup), des capacités militaires réduites à peau de chagrin, et à l'avoir fait seuls au monde ou presque donc sans aucune influence sur la trajectoire climatique.