Ton raisonnement est bon et très juste sur plusieurs aspects mais il induit qu’il faudrait que tout le monde mette les bouchées doubles pour ne pas se faire dépasser par d’autres au détriment de cette question écologique justement et au nom de la compétition mondiale qui s’impose à nous. Ça ne reste pas moins une fuite en avant apocalyptique certaine dont on connaît tous l’issue mais tu n’as pas tort en effet. Et tout ceci entres pays qui dans le fonds ne peuvent plus vraiment se faire la guerre militairement parlant.Dubble a écrit : ↑16 sept. 2021, 12:03 Pourquoi le bilan devrait-il être fait par rapport au nombre de gens qui prennent l'avion ?
Pourquoi pas par rapport au nombre de gens qui en bénéficient d'une manière ou d'une autre ? La quasi totalité de la population, en fait.
Très franchement, le jour où "émettre 10T pour du plaisir personnel" sera inacceptable, notre activité professionnelle ne sera peut-être plus notre souci le plus important. Cela veut dire qu'on sera entrés dans une forme d'autoritarisme qui se permet de juger à notre place quelle activité est essentielle ou non essentielle pour nous, c'est très grave.
"Si on veut respecter la limite des 2°, il faut ralentir" : mais est-ce la bonne stratégie ?
Les écologistes parlent "d'urgence", le mot urgence a un objectif : tétaniser. Quand on dit urgence, on dit qu'il est trop tard, qu'il faut agir tout de suite, surtout ne pas réfléchir. Agir, et de préférence avec la solution toute faite que la personne qui tente de vous manipuler par ce mot propose.
Il y a de nombreuses questions qui ne sont pas encore complètement résolues :
- Est-ce que le réchauffement climatique et les émissions de CO2 sont vraiment le problème n°1 ?
Peut-être que non. D'après les mêmes écologistes, la trajectoire de production de pétrole va forcément se ralentir pour cause de contrainte sur la ressource. Donc dans ce cadre, le réchauffement climatique serait limité naturellement par les contraintes géologiques. Il ne serait donc plus notre problème, notre problème n°1 deviendrait la gestion de la décroissance de la ressource fossile (ce qui n'est pas tout à fait la même chose, car par exemple en cas de ressource fossile illimitée, on peut les cramer dans une technologie de capture de carbone, par exemple, et on est jamais limités sur la possibilité de faire voler des avions)
Est-ce que la décroissance se fera dans un concert mondial apaisé, ou bien est-ce que la décroissance des ressources, la décroissance des émissions, se fera de manière violente ? Si un pays (autre que nous) décide que le confort et la survie de ses habitants prime sur les autres, décide de déclencher l'anéantissement progressif des autres pays, afin de limiter les émissions de CO2 mondiales et la pression sur les ressources, notre problème n°1 c'est un problème militaire !
- Même à supposer que le problème écologique soit réellement le défi n°1, est-ce qu'on a réellement réfléchi aux implications de la lutte contre celui-ci, et est-ce qu'on accepte réellement ces implications ?
Il est toujours possible de préférer vivre une vie normale le plus longtemps possible, mais se crasher à la fin, plutôt que tenter de s'inscrire sur une trajectoire décroissante qui ne fera envie à personne, et maximisera la quantité de vie biologique humaine, mais ne maximisera pas du tout son bonheur.
En d'autres termes, vous avez un cancer, préférez-vous visiter le monde entier (en avion ) et vivre votre meilleure vie pendant quelques mois voire quelques années, ou plutôt passer la même période à tenter des traitements qui vous bloqueront tout seul dans un lit d'hopital, vous causant des désagréments physiques constants, sans garantie que cela fonctionne ?
Le mot "urgence" dissimule ce débat très intéressant et nécessaire qui devrait exister à sa place.
Les Chinois visiblement ne tablent pas sur la piste de la décroissance volontaire, et encore moins pour le transport aérien.
On aurait l'air bien stupides à s'être lancés dans une politique décroissante, avec des tensions sociales croissantes (pour le coup), des capacités militaires réduites à peau de chagrin, et à l'avoir fait seuls au monde ou presque donc sans aucune influence sur la trajectoire climatique.
Et donc les théâtres d’affrontements se sont clairement déplacés sur les capacités stratégiques essentiellement intellectuelles et technologiques.
Et dans le fond c’est peut-être à partir de là, qu’il est possible de voir s’y intégrer cette question écologique. C’est à dire l’émergence de modèles économiques de rupture ou sociétaux totalement novateurs qui feraient soudainement prendre l’avantage à certains tandis que d’autres verraient une impasse et la défaite assurée à continuer comme si de rien n’était.
As t’on intérêt d’essayer en vain de courir plus vite que quelqu’un qu’on ne peut plus rattraper vers une fin que l’on connaît déjà? Ou tente t’on d’inventer un tout nouveau jeu à présenter aux autres qui pourrait repousser l’échéance et attirer le plus grand nombre? A nous de voir.
Bien que beaucoup de gens y travaillent, ton raisonnement est bon car tout ceci est encore utopique à ce jour compte tenu de la nature humaine. Mais un changement vient toujours de personnes qui pensent différemment.