Airways college, qu'est ce que ça vaut?

Cursus de formation, maintien de compétence, licences, écoles, ...

Modérateur : Big Brother

Avatar du membre
Kastor
Chef pilote posteur
Messages : 490
Enregistré le : 23 juin 2005, 02:00

Message par Kastor »

Je me permets de poster ici un texte de Jacques Darolles qui est tombé dans ma boîte mail récemment. Il parle de son parcours, de l’importance de commencer jeune mais surtout de l’importance d’avoir un plan pour obtenir un bon travail en attendant d’arriver dans un cockpit. Après à chacun d’en tirer ses conclusions.
J'ai juste 40 ans et l'histoire de mon entrée dans la carrière commence à dater un peu. Cependant, il y a des constantes quelles que soient les époques. Je te raconte tout ça en public sur la liste, au cas où il y en aurait d'autres que ça intéresse...

J'ai fait un IUT génie Meca entre 1976 et 1978 (le contenu de l'enseignement a pas mal changé depuis ) et j'ai commencé comme mécanicien navigant. J'ai fait une année à l'ENAC pour faire les certifs MN, et dans la foulée, j'ai passé tous les certifs pilote en candidat libre, j'ai bossé comme un dingue, mais je n'ai pas regretté : plus tard, se taper les certifs alors que tu as un boulot, des enfants, et toutes les emmerdes de l'existence, c'est beaucoup plus dur. Alors il vaut mieux en faire un max quand on est encore en milieu école, et qu'on est vachement disponible.

J'ai commencé à piloter à l'aéro-club Clément Ader à Muret en 1974. Je me suis payé mon PP pratique, la licence OMN et l'IATT, tout ça au SEFA. Je suis sorti avec tout ça et mes certifs en 1982, et pas d'embauche, évidemment. Comme beaucoup de monde, j'ai bossé au sol en attendant, grâce à mon DUT, dans des emplois d'attente. Heureusement, j'ai eu un job intéressant à l'Aérospatiale où j'en ai profité pour apprendre plein de trucs. Je suis rentré sur concours à Air France en 1986, comme stagiaire OMN, INAC exactement, après pas mal de tâtonnements, car Air France a toujours eu une politique très incohérente sur les recrutements : j'ai notamment été reçu à deux concours qui ont été annulés deux fois par la suite, merci d'être venus.

Une fois lâché OMN, ça a roulé tout seul car Air France dans sa politique doctrinaire de suppression des OMN m'a payé l'IFR et tout le reste.

Plusieurs conclusions :

1) Il faut acquérir un bon bagage scolaire car ça aide pour les certifs, et ça peut te permettre d'avoir un bon boulot d'attente.

2) Il faut dès le départ savoir que ça risque d'être long. J'ai fini par être lâché OMN à 30 ans, copilote à 36. Les cockpits sont remplis de gens têtus plutôt que de gens brillants.

3) Il faut passer les certifs, d'une façon ou d'une autre, c'est indispensable. Commence tôt. Passe tout ce que tu peux, (QRI) tant que tu es jeune, passé un certain âge, c'est l'enfer.

4) Ne pas perdre le contact avec l'aviation légère et les aéro-clubs, qui sont une grande source de bons sens. Mon aéro-club m'a lancé, depuis 9 ans je paie ma dette en tenant la barre de la présidence contre vents et marées. Tu t'aperçois après quelques années que tu as autant gagné en donnant dans le bénévolat qu'en tendant les mains comme un con.

5 et surtout : ) Avant de se lancer dans tout ce bazar, il faut se demander si c'est réellement cela qu'on veut faire, car c'est un sacré chemin. Si on hésite entre médecin et pilote, il vaut mieux faire médecin. L'important dans la vie est de faire ce qu'on a choisi, parce que la vie finit par passer, c'est inévitable, alors autant la passer bien. Je rencontre de temps à autre des copains de lycée ou d'IUT, qui étaient beaucoup plus brillants que moi à l'époque, qui sont aujourd'hui avocats, assureurs ou dirlos de quelque chose, mais qui se lèvent tous les matins en traînant la patte, parce qu'ils vont s'emmerder toute la journée: c'est pas ça qu'ils voulaient faire...
Si je m'amuse comme un gamin avec un 747 à 40 ans, c'est parce que j'ai accepté de ramer des années quand j'en avais 20 ou 25. Tu verras, après, les gens te disent "Tu as eu de la chance !"

Alors sache que c'est un choix très lourd, mais on ne le regrette pas : c'est un investissement à très long terme.
Quant à la faiblesse apparente du travail sur un avion automatisé, largement colportée par la rumeur populaire, je peux te dire que normalement, toi non plus tu n'as plus rien à faire, puisque tu as un ordinateur. C'est la nature du travail qui change, et le cerveau humain qui a du mal à suivre.
A bientôt sur nos lignes...

Jacques Darolles
++
Avatar du membre
supernova
Chef de secteur posteur
Messages : 840
Enregistré le : 02 oct. 2016, 21:13
Localisation : Grounded

Message par supernova »

Texte intéressant et plein de bon sens.

Néanmoins il faut prendre avec des pincettes les conseils d’accès au métier des vieux commandants de major, ils ont passé des diplômes différents, pendants les années punk (!) et n’ont aucune idée du marché de l.emploi d’un jeune pilote sorti de formation en 2020.

C’est toujours intéressant d’avoir leur point de vue, mais pour ce qui est du parcours à connaître pour accéder à un cockpit, rien ne vaut les conseils d’un jeune copi fraichement rentré.
Répondre
  • Sujets similaires
    Réponses
    Vues
    Dernier message