Pilote, un lointain souvenir ?

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SkyShark
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par SkyShark »

Merci pour cette mise au point, Bleedair.
Cap231 je te rejoins sur de nombreux points. Cependant, je fais justement partie de ces étudiants qui sortent d'école avec une nouvelle vision des choses, bien différente de celle que l'on avait à l'entrée dans l'école.
Je suis entré par passion pour l'aéronautique que j'avais depuis tout petit, l'envie de faire voler des avions. Mais voilà, entre temps, les problématiques environnementales ont fait surface et deviennent un sujet important.

Puis il y a plein de contradictions auxquelles on fait face. D'un côté on nous parle d'une croissance exponentielle du trafic pour les années à venir, avec un doublement du nombre de passagers tous les 10 ans. Puis de l'autre, on nous parle de transition énergétique, que l'avenir c'est de construire des avions moins polluants, électriques (la grosse blague, quand on sait le poids des batteries et leur composition), ou encore les 2° à ne pas dépasser.

Bref, pas besoin d'être ingénieur pour comprendre que l'équation est insolvable : on ne peut pas assurer un bilan carbone neutre d'ici 2050 alors que le nombre d'avions dans le ciel augmente exponentiellement. La technologie ne nous sauvera pas et l'avion électrique n'a rien de "vert".

Alors il faut trouver des solutions. Et par solution, il ne s'agit certainement pas d'anéantir l'aérien, mais plutôt trouver un juste équilibre entre améliorations technologiques, décroissance, réorganisation des entités et des acteurs, et plein d'autres aspects. Il n'a jamais été question de clouer la flotte mondiale et puis basta.

Bien sûr je peux comprendre que cet état d'esprit paraisse insensé aux yeux de certains, quand on est né et avons grandi dans cette logique perpétuelle de croissance. Quand on a toujours vécu "comme ça" forcément, on prend moins de recul que les jeunes qui ont une tout autre vision des choses, car eux, voient leur avenir s'assombrir.

En espérant avoir éclairci ma position...

Edit : au passage, les "compensations" carbone des compagnies où on plante des arbres (askip) = grosse arnaque environnementale également
Modifié en dernier par SkyShark le 30 mai 2020, 01:03, modifié 1 fois.
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DAlphaMike
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par DAlphaMike »

Ces jeunes sont jeunes, et comme tous les jeunes ils sont rêveurs et naïfs.
Leur vision va drastiquement changer lorsqu'ils vont affronter la réalité du monde du travail et devoir couper le cordon des parents. ;D
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pAolO
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par pAolO »

Dubble a écrit : 29 mai 2020, 09:27 À l'époque où JMJ restait dans le constat, j'étais entièrement d'accord.
Donc, en gros, tant que ça te concernait pas, ce qu'il disait était bien. Maintenant qu'il passe au concret, c'est un ecolo extrémiste. :-?

Je passe sur ta démonstration parfaitement falacieuse.
Si tu veux creuser un peu ce fil était pas mal fouttu, avec divers calculs, et le constat est sans appel, le train défonce l'avion, quelque soit la configuration.
Tofly2leretour a écrit : 29 mai 2020, 12:34 Le Shift utilise, comme la plupart des écolos, l'aviation pour faire de la communication. C'est le fond de leur métier, leur seule façon d'exister. Et s'il faut tordre les chiffres pour ça, ils n'hésiteront pas une seconde.
Faut arrêter la schizophrénie 2 sec, le sujet fait parti d'un grand plan de propositions, et l'aviation n'est qu'une goutte dans ce qu'il veulent proposer.
SkyShark a écrit : 30 mai 2020, 00:27 Bref, pas besoin d'être ingénieur pour comprendre que l'équation est insolvable : on ne peut pas assurer un bilan carbone neutre d'ici 2050 alors que le nombre d'avions dans le ciel augmente exponentiellement. La technologie ne nous sauvera pas et l'avion électrique n'a rien de "vert".
Merci d'apporter un peu de raison dans cette discussion. :pekin:
DAlphaMike a écrit : 30 mai 2020, 00:47 Ces vieux sont vieux, et comme tous les vieux ils sont raleurs et reacs.
Leur vision va drastiquement changer lorsqu'ils vont affronter la réalité du monde en réchauffement et devoir se mettre au potager, parce que leur retraite ne tombe plus tous les mois. ;D
FTFY
«I have a lot of beliefs, and I live by none of them» Louis C.K
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par A330driver »

La technologie ne nous sauvera pas
En fait avec les écolos on ne comprend pas clairement qui doit être sauvé dans l’histoire. Parce que la planète, on s’entend, change d’état comme elle la toujours fait et continuera a le faire. Que l’humain ait un impact sur le processus, les espèces s’adapteront en conséquence et la planète sera toujours là mais avec un paysage différent, comme cela a toujours été.
La question que je me pose alors est pourquoi un Skyshark ou autre Greta de ce monde est si préoccupé par les questions environnementales? Hormis faire le mouton en suivant une tendance à la mode....est-ce la peur que son confort de vie actuel ne soit pas le même dans le futur? Croire que de ralentir les émissions de C02 l’empêchera de mourrir, chose qui est de toute façon inévitable? Ou ils sont tout simplement guidés par un profond élan d’altruisme, pour donner une meilleure chance à la génération future, celle que l’on met au monde de façon démesurée par pure plaisir personnel, et qui contribue à accentuer le problème?
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bleedair
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par bleedair »

A330 driver, tu manques un autre point en fait.
le fait d'anticiper c'est tout. L'etre humain s'adapte, oui, mais mieux vaut éviter un changement brutale non ?
ya qu'a voir le covid. cela a surpris un peu tout le monde alors qu'on pouvait anticiper. Quand on voit les gouvernement amateurs, on peut s'interroger à propos de leur capacité à gérer autre chose égale ou supérieur au covid. L’idée étant d'éviter des effets covid justement et d'apprendre à gouverner sur le long terme.
C'est marrant, les français ralent toujours , critiquant les gouvernements qui ont une vision court termiste. Mais quand des gens proposent d'anticiper les problèmes à venir, des gens critiquent le long terme. C'est quoi votre argument ? (car on en voit pas) le fatalisme ? profiter de votre confort ? la peur du changement ? ne pas etre ambitieux ? Pourrir les générations futures pour vous sentir mieux ?
A330 , quand tu pilotes ton 330 sur flight sim, t'anticipes jamais ?
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Le chat blanc
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par Le chat blanc »

Y'a des gens ici qui bossent là-dessus?


https://drive.google.com/file/d/1vsA1Ox ... A1qrbX0zg
"Dans le plus beau bureau du monde, on n'est jamais assis que sur son cul."
Montaigne, à ses débuts dans l'aéronautique.
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Dubble
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par Dubble »

pAolO a écrit : 30 mai 2020, 05:24
Dubble a écrit : 29 mai 2020, 09:27 À l'époque où JMJ restait dans le constat, j'étais entièrement d'accord.
Donc, en gros, tant que ça te concernait pas, ce qu'il disait était bien. Maintenant qu'il passe au concret, c'est un ecolo extrémiste. :-?

Je passe sur ta démonstration parfaitement falacieuse.
Si tu veux creuser un peu ce fil était pas mal fouttu, avec divers calculs, et le constat est sans appel, le train défonce l'avion, quelque soit la configuration.
Non.
En résumé, tant que jancovici disait que l'économie dépend de l'énergie, sans en tirer de conclusion morale, j'étais d'accord.
Moi la seule conclusion que j'en tire c'est que l'approvisionnement énergétique d'un pays c'est la chose la plus importante à sécuriser.
Je ne suis plus d'accord à partir du moment où on cherche à appliquer des solutions qui ne seraient que contre productives si on les appliquait seuls.

Et pour le train vs avion je vais mettre en forme mes calculs pour montrer que ce n'est pas du tout aussi contrasté que certains voudraient le faire croire.

Les chiffres "15 fois plus" "40 fois plus" sont complètement exagérés.
Modifié en dernier par Dubble le 30 mai 2020, 13:09, modifié 1 fois.
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cap231
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par cap231 »

SkyShark a écrit : 30 mai 2020, 00:27 Cap231 je te rejoins sur de nombreux points. Cependant, je fais justement partie de ces étudiants qui sortent d'école avec une nouvelle vision des choses, bien différente de celle que l'on avait à l'entrée dans l'école.
Je suis entré par passion pour l'aéronautique que j'avais depuis tout petit, l'envie de faire voler des avions. Mais voilà, entre temps, les problématiques environnementales ont fait surface et deviennent un sujet important.
Alors non, ce n’est pas en 5 ans que les problématiques environnementales sont apparues et sont devenues un sujet important. Cependant en 5 ans d’école d’ingénieur tu as ingéré un paquet de nouvelles connaissances, vécu pas mal de nouvelles expériences, rencontré du monde et passé un certains nombres d’heures sur les réseaux sociaux…. Bref tu à mûri et tu t’es fait une idée selon ta perception de la situation. Et je te rassure ce processus n’est pas fini! Tu auras un boulot, un salaire, un n+1, une famille, une maison, des emmerdes…. qui vont largement influencer ta perception de la situation.
Quitte à garder un peu de fibre aéronautique, prends de la hauteur et essayes de voir la « Big Picture »: Il y a un problème climatique certes, mais il y a aussi un système économique, et des personnes qui jubilent à l’idée de donner des leçons aux autres (l’ère des influenceurs…), sans que ces leçons soient totalement prêtes à être données.

A la fin de mes études, j’aurais probablement réagi comme toi, pragmatique:

« _ Hey, il paraît que si on ne réduit pas nos émissions de CO2, dans 30 ans on va tous crever!
_ Bah si on arrêtait d’émettre du CO2?
_ Super idée! je vais déposer un brevet et monter une start-up… »

Si on veut réaliser une transition d’une telle ampleur, je pense qu’il faut avoir des idées suffisamment claires sur les objectifs et la façon d’y arriver. C’est difficile de dire aux gens (dont je fais parti) « bon les gars, pour sauver nos futures générations, on vous propose de réduire vos émissions. On ne sait pas trop si ça aura de l’effet, ni si vous devrez changer de boulot, déménager, vivre avec les minima sociaux qui se réduiront avec le PIB et la dévaluation de la monnaie, mais il faut y aller maintenant, en avant!)

Personnellement je pense qu’on en est loin. Des think tank comme le shift project ont le mérite d’informer (qui aurait cru que la consommation de porno mondiale rejetait 2 fois plus de CO2 que l’aviation en France? :-? ), mais ils sont loin de faire le tour du problème (notamment sur les plans économique, social et politique).
SkyShark a écrit : 30 mai 2020, 00:27 Bref, pas besoin d'être ingénieur pour comprendre que l'équation est insolvable : on ne peut pas assurer un bilan carbone neutre d'ici 2050 alors que le nombre d'avions dans le ciel augmente exponentiellement. La technologie ne nous sauvera pas et l'avion électrique n'a rien de "vert".
Je propose de miser sur la fusion nucléaire, qui permettra de produire de l’hydrogène afin de propulser nos moyens de transports. Cela nous permettra d’avoir quelques millions d’années d’énergie propre. OK, Je me place du coté extrêmement ambitieux du curseur… Mais qui aurait parié il y a 20 ans qu’un fondateur de site de paiement en ligne serait sur le point de réussir à envoyer des hommes dans l’espace en fusée réutilisable et de proposer une voiture électrique au coût/performance/autonomie comparable à une voiture thermique? Si on met l’argent là où il faut et qu’on envoie nos polytechniciens faire de la recherche (bien payée) plutôt que de la finance à Wall Street ou du conseil marketing, l’avenir technologique n’est pas si sombre.
SkyShark a écrit : 30 mai 2020, 00:27 Alors il faut trouver des solutions. Et par solution, il ne s'agit certainement pas d'anéantir l'aérien, mais plutôt trouver un juste équilibre entre améliorations technologiques, décroissance, réorganisation des entités et des acteurs, et plein d'autres aspects. Il n'a jamais été question de clouer la flotte mondiale et puis basta.
Si cet équilibre existe! Ma vision est très probablement biaisée, je te l’accorde, cependant j’ai l’impression qu’en France, on tire beaucoup sur l’aviation ces derniers temps. On a tendance a oublier que sans aéronautique => pas d’éolienne, sans spatial => pas de panneau solaire... Evidement les brevets, les innovations et les financements (directs ou indirects) de l’aéronautique vers la recherche verte ne sont pas inclus dans son bilan carbone. Il y a probablement d’autres secteurs moins source d’innovation et plus source de CO2 à s’occuper en priorité. Il serait bon que l’aéronautique n'occupe que l’équivalent de son impact carbone soit 2,8% de la couverture médiatique sur la transition énergétique.
SkyShark a écrit : 30 mai 2020, 00:27 Bien sûr je peux comprendre que cet état d'esprit paraisse insensé aux yeux de certains, quand on est né et avons grandi dans cette logique perpétuelle de croissance. Quand on a toujours vécu "comme ça" forcément, on prend moins de recul que les jeunes qui ont une tout autre vision des choses, car eux, voient leur avenir s'assombrir.
Ne prenons pas les « vieux » que pour des cons, le principe d’une croissance infinie impossible n’est pas si difficile à appréhender. Seulement Il est beaucoup plus facile d’accepter un changement des règles du jeux quand on n’a pas commencé la partie. Et ça, on ne peut le comprendre que lorsque l’on a un certain recul, de vieux….
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A330driver
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par A330driver »

bleedair a écrit : 30 mai 2020, 10:17 A330 driver, tu manques un autre point en fait.
le fait d'anticiper c'est tout. L'etre humain s'adapte, oui, mais mieux vaut éviter un changement brutale non ?
ya qu'a voir le covid. cela a surpris un peu tout le monde alors qu'on pouvait anticiper. Quand on voit les gouvernement amateurs, on peut s'interroger à propos de leur capacité à gérer autre chose égale ou supérieur au covid. L’idée étant d'éviter des effets covid justement et d'apprendre à gouverner sur le long terme.
C'est marrant, les français ralent toujours , critiquant les gouvernements qui ont une vision court termiste. Mais quand des gens proposent d'anticiper les problèmes à venir, des gens critiquent le long terme. C'est quoi votre argument ? (car on en voit pas) le fatalisme ? profiter de votre confort ? la peur du changement ? ne pas etre ambitieux ? Pourrir les générations futures pour vous sentir mieux ?
A330 , quand tu pilotes ton 330 sur flight sim, t'anticipes jamais ?
L’A330 je le pilote en vrai (quoiqu’en chômage technique actuellement) et effectivement anticiper fait partie du job surtout en tant que Cdb. Ceci-dit faut pas se rendre malade en voulant absolument anticiper des situations potentiellement catastrophiques, crées par ses propres perceptions, en oubliant le présent. La vision tunnel c’est pas forcément le mieux non plus.
Je ne vois pas du tout la pertinence de tes arguments: ambitieux, peur du changement, fatalisme, sans être offensant c’est toujours les mêmes mots creux de sens qui n’apportent aucun intérêt à ta cause.
Peux-tu nous opporter des arguments un peu plus convaincants pour comprendre ou est exactement votre mal-être? Qui voulez-vous sauver et pour quelle bonne raison exactement?
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Dubble
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par Dubble »

Voilà donc trois démonstrations sur le train.
Je vais les séparer en trois messages pour plus de lisibilité.

Le premier sur les émissions et consommations, en fonction du mix énergétique.
Le second sur les émissions de construction.
Le troisième sur la comparaison entre des émissions d'une grande quantité d'un coup, et d'une quantité au total aussi grande mais étalée dans le temps.

Résumé :
1 - L'avion ne pollue pas 15 40 ou 100 fois plus que le train, même en émissions marginales (qui oublient les émissions de construction)
2 - Les émissions de construction du train sont énormes, 8000 tonnes de CO2 par km
3 - Ces émissions ont lieu très tôt et c'est un problème car elles peuvent réchauffer la terre plus longtemps. C'est donc un désavantage supplémentaire à prendre en compte pour le train.
Surtout si on regarde la situation à un horizon de temps pertinent pour nous.
Au final, on peut dire que train et avion ont une pollution d'environ le même ordre de grandeur. Le train, même nucléaire, n'est certainement pas 10 fois moins polluant que l'avion.
Voilà pour l'accroche.

On va aller chercher des sources.
Déjà, j'indique que je me base sur la page wikipedia suivante :
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89missions_de_CO2_des_transports_ferroviaires_en_France#Trains_de_voyageurs

Ensuite, je précise que je me base sur les remplissages constatés, ils ne sont pas fous fous pour le train...
Je vais raisonner à l'échelle européenne, car c'est utile pour d'une part voir ce qu'il se passe quand on sort de l'exception nucléaire française, et parce que c'est l'échelle du transport aérien moyen courrier. Certains écologistes voudraient que le train assurent toutes les liaisons sur ces distances.

Pour finir cette introduction, il faut ramener chaque moyen de transport à la distance sur laquelle il est pertinent.
Pour moi, le moyen de transport adapté sur moins de 200km c'est la voiture (ce n'est que mon opinion, parce que j'aime le transport individuel) ou le train.
On parle ici de distances supérieures à 500 kilomètres, où l'avion a sa pertinence. Entre 200 et 500, le choix de la voiture ou du train se discute.
L'avion dans certains cas aussi (obstacles naturels ou absence de lignes ferroviaires/autoroutes)
Sur des distances plus courtes, le seul cas où l'avion est vraiment intéressant, malgré les contraintes de temps passé vers et à l'aéroport, c'est les obstacles naturels, dont notamment la mer.
Et il existe des avions adaptés pour ces distances, qui consomment très peu. Type ATR.

On va commencer par le train au diesel, comme il y en a encore quelques uns en France. C'est d'ailleurs un train que je prends fréquemment sur une ligne qui m'intéresse.
un autorail diesel plus important, l'X 76 500, aussi appelé « XGC » qui est la version diesel de l'AGC (Autorail à Grande Capacité). L'AGC est le premier matériel de transport régional modulable conçu pour assurer des services TER et interrégionaux ; il existe dans de nombreuses versions diesel, électrique ou bi-mode ; plus de 700 rames ont été commandées. Dans sa version 3 caisses diesel, il en a été mis en service 146 rames. Dans cette version il peut emporter 160[sup]15[/sup] personnes, pèse environ 119 t à vide (134 t en charge normale) et peut atteindre 160 km/h grâce à une motorisation totale de 1 244 kW (1800 cv). La valeur de consommation est de 200 l[sup]16[/sup] de gazole aux 100 km. Sur la base d'un parcours annuel de 100 000[sup]17[/sup] km ; sa durée de vie économique a été estimée à 3 000 000 km sur 30 ans.
Donc, une consommation de 1.25L/100 par passagers.
Ainsi qu'il a été rappelé, le taux d'occupation est une variable essentielle ; il est cependant peu communiqué. Une étude de l'Agence Européenne de l'Environnement de 2001[sup]23[/sup] annonce un taux moyen d'occupation des trains en Europe de 35 %,
Il faut donc diviser par 0.35. 1.25L/0.35 = 3.6L/100km/passager.
Je vais te donner deux exemples précis pour l'avion: un Paris Amsterdam en A319, vol court (500km), ceux dont on dit qu'ils consomment trop parce que le décollage et la montée représentent une part trop importante du vol. 1900kg de carburant, un A319 se configure à environ 145 passagers, rempli à 90%, ça fait .. 3.6L/100/passager aussi !
Prenons un vol un peu plus long, avec un A320 cette fois ci. Paris Alger, 1400km, plein à 90% ça fait 162 passagers. La consommation est de 4000kg environ, soit 5000 litres.
Résultat : 2.2L/100 par passager. Beaucoup moins que le train, aux remplissages moyens constatés.
A noter que sur un trajet avec un obstacle naturel, le train aurait du faire un détour énorme.

Notez également que c'est cette valeur qui est plus représentative, parce que des compagnies spécialisées en moyen courrier comme easyjet ont une distance moyenne de vol plus proche de 1400km que de 500.. Je pourrai aller chercher la valeur exacte mais j'ai la flemme là.

Ensuite, intéressons nous au TGV.
Le chiffre qui va être important c'est le taux d'émissions par kWh.
pour l'électricité, il indique (Tableau 26) une valeur de 40 gCO[sub]2[/sub]/kWh ; cependant l'étude réalisée pour le compte de l’ADEME par le cabinet Deloitte sur l'efficacité énergétique et environnementale des modes de transport en janvier 2008[sup]9[/sup] met en avant une grande variabilité pour ce ratio ; si l'électricité produite par EDF présente de faibles émissions (48 gCO[sub]2[/sub]/kWh) la moyenne du marché européen de l’électricité est beaucoup plus élevée (344 gCO[sub]2[/sub]/kWh) et la valeur applicable à l'électricité effectivement achetée par la SNCF est significativement plus élevée : 101 gCO[sub]2[/sub]/kWh. Dans le Bilan Carbone de la LGV Rhin-Rhône (page 10)[sup]10[/sup] il est affiché une valeur de 80 gCO[sub]2[/sub]/kWh en 2007 avec l'objectif de ramener cette valeur à 60 gCO[sub]2[/sub]/kWh en 2020 et une réduction à 50 gCO[sub]2[/sub]/kWh en 2030.
Au final on ne sait pas trop quelle valeur choisir, alors je vais en prendre 60g pour la France et 340g pour l'Europe.
Source du 60g : https://www.connaissancedesenergies.org/contenu-carbone-des-energies-190213

Ici, je m'intéresse à la possibilité de réaliser les transports longue distance/faible demande par TGV, donc TGV à un seul niveau.
le TGV « Réseau », à un seul niveau. Une rame peut emporter 377[sup]21[/sup] personnes, pèse 383 t à vide (416 t en ordre de marche) et consomme 1 800 kW h[sup]22[/sup] d'électricité aux 100 km. Sa durée de vie économique a été estimée à 9 000 000 km sur 30 ans.
1800 kWh d'électricité par 100km pour 132 passagers (toujours au taux moyen de remplissage de 35%), soit 13.6 kWh/100km/passager.
Avec la valeur française, ça fait 816gCO2/100km/passager, ou encore 8.16 g/km/passager
Avec la valeur moyenne européenne, ça ferait 46.24gCO2/km/passager. Avec la valeur du charbon (380g), ça ferait 51.7g.
Et l'avion alors ? 2.2L/100/passager, ça fait 1.76kg/100, soit 17,60g de carbone par passager km, et donc 47.5gCO2/km/passager

Donc le TGV électrique fait mieux que l'avion s'il est alimenté en nucléaire. Mais ni 15, ni 40 fois mieux. Sur ces émissions marginales, il fait exactement 6 fois mieux. Mais on omet la construction qui est un gros facteur, et j'y reviendrai dans le message suivant.
S'il est alimenté avec le mix moyen européen, c'est aussi mauvais, voire bien pire si tu considères que le train se déplace avec une route moins directe que l'avion.

Au passage, on note aussi que le train impose de lourds travaux sur toute la distance où il doit circuler, impossible de créer une ligne de train aussi facilement qu'une ligne aérienne, et l'impact sur les sols c'est également un enjeu écologique. Même si on peut dire qu'il est moins que le RC, évidemment.

Pour finir, je précise que l'efficacité (surprenante pour certains) de l'avion vient du fait qu'ils possèdent des moteurs largement surdimensionnés, pour pouvoir monter très vite en altitude, là où l'air est très peu dense. Ceci ne leur permet pas de réduire la trainée minimale possible pour le vol, mais d'augmenter fortement la vitesse à laquelle cette trainée minimale survient. Finalement, on peut interpréter la chose en disant qu'un avion consomme si peu parce qu'il va très haut et donc très vite.

J'en tire plusieurs conclusions :
- Dans la situation actuelle, seul le TGV alimenté par nucléaire fait significativement mieux que l'avion en termes d'émissions de CO2
- N'importe quel train alimenté par énergie fossile (diesel, ou électricité à base de fossile) n'est pas significativement meilleur que l'avion
- Effectivement, si le train était rempli au même niveau que l'avion, il serait plus économe.
- Cependant, il ne l'est pas, tout comme la voiture.

Ce dernier point prouve que le transport aérien est le seul domaine qui a déjà réalisé de vrais efforts environnementaux, en maximisant l'utilisation des véhicules, sans augmenter le confort. Au contraire de la voiture, dont la consommation augmente malgré les progrès technologiques parce que les utilisateurs veulent toujours plus de sécurité et de confort.
Et au contraire du train, qui est toujours très peu rempli malgré une empreinte carbone qui n'est en réalité pas non plus négligeable.
Il reste toujours des améliorations possibles sur le transport aérien. La nouvelle génération d'avion fait gagner 15 à 25% d'émissions d'un coup.
Modifié en dernier par Dubble le 30 mai 2020, 16:29, modifié 3 fois.
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Dubble
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par Dubble »

On va maintenant s'intéresser à cette image, qui donne les émissions du train vs l'avion sur une ligne nouvellement construite.
On va se demander si la conclusion à laquelle elle amène est la bonne.
La conclusion évidente c'est "en 10 ans le train est rentabilisé" mais on va vérifier si c'est vrai ou pas.
https://jolstatic.fr/attachments/9/1/69 ... amvddi.jpg

On va parler émissions de construction des LGV.
Ces émissions de construction sont amorties sur 100 ans, avant d'être intégrées au bilan carbone du train.
On va se demander si cette valeur est cohérente.

La LGV Rhin Rhone, jonction de 140km, a été construite il y a quelques années déjà et c'est [s]l'un des rares exemples[/s] le seul exemple où un bilan complet a été réalisé.
Synthèse :
http://www.planete-tp.com/lgv-et-bilan-carbone-a1897.html
Détails :
https://www.banquedesterritoires.fr/sites/default/files/ra/Le%20bilan%20carbone%20de%20la%20LGV%20Rhin-Rh%C3%B4ne.pdf
Purement concernant la construction, excluant donc matériels roulants et déplacements, on a donc un bilan carbone de :
Études et travaux de génie civil
  • Études d’ingénierie liées au projet, 22 000 teCO2
  • Travaux préparatoires, 110 000 teCO2
  • Travaux de génie civil, 750 000 teC02
[justify]Travaux d’équipement et bâtiments ferroviaires[/justify]
  • Raccordement au réseau ferroviaire existant, 55 000 teCO2
  • Équipements ferroviaires (rails, caténaires, ballast…) 117 000 teCO2
  • [s]Construction des rames TGV, 95 000 teCO2[/s]
  • Gares et autres bâtiments ferroviaires, 29 000 teCO2
[justify]Opérations d’exploitation et de maintenance[/justify]
  • Fonctionnement des gares, 5 600 teCO2
  • [s]Maintenance des rames TGV, 24 100 teCO2[/s]
  • Maintenance de l’infrastructure, 19 900 teCO2
  • [s]Énergie de traction, 635 000 teCO2[/s]
1 108 000 teqCO2 soit 7900 (j'arrondis à 8000) teqCO2/km de voie construite.

La question que je me pose : sur combien d'années faut-il amortir ces émissions ?
Les pouvoirs publics semblent avoir choisi le chiffre de 100 ans.
Avec une fréquentation de 9.5 millions par an, on trouve un chiffre d'émissions au passager km de (7900*10^6/(9.5*10^6*100)) = (79/9.5) = 8.3geqCO2/passager.km
Déjà, on remarque que la page wikipedia a soigneusement oublié ce chiffre, ce qui n'est pas très étonnant puisque le premier lien indique que le bilan carbone de la construction d'une LGV n'a été fait qu'une seule fois, on a donc émis des tas et des tas de CO2 pour construire le reste du réseau mais sans l'avoir mesuré. Ce chiffre peut quasiment doubler l'impact carbone de la ligne TGV...
Mais ce n'est pas le sujet de mon message.

Ce dont j'aimerais parler, c'est bien cette durée d'amortissement. Est-ce qu'une LGV est vraiment aussi écologique que ne le laisserait penser cette durée d'un siècle ?
Amortir une LGV sur 100 ans ne me parait pas correct.

Car le CO2 est émis tout de suite. On peut faire un parallèle avec les intérêts composés. Le CO2 émis tout de suite, c'est un capital qui va fructifier dans l'atmosphère et augmenter la température pendant les 100 années suivantes, et de manière largement supérieure à si on l'avait émis au fil de l'eau sur 100 ans. Tout comme on aura bien plus d'argent dans 100 ans si on place 1 millions sur un compte rémunéré à 2% garanti, plutôt que si on place 10 000 par an pendant 100 ans sur le même compte.

De plus, dans 100 ans, moi et toutes les personnes qui me liront ce soir seront mortes. Nos enfants les plus jeunes seront au minimum à l'âge de la retraite.

Cette ligne offre en gros 2000 millions de sièges km (réalisés 1330, mais j'arrondis au supérieur en supposant un meilleur remplissage)
Un véhicule à moteur quelconque, émet de l'ordre de 60geqCO2/siège.km. Donc pour 2000 millions de sièges km on émet 2*10^9*55*10^-6 teqCO2 = 120 000 teqCO2
Autrement dit, rien que la construction de la ligne met environ 10 ans (un peu plus que 1108/120 car le TGV n'émet pas rien) à être rentabilisée du point de vue CO2. Mais si on parle de réchauffement climatique, c'est bien différent.

Faire ce raisonnement, c'est oublier que la voiture en 10 ans et pour l'après a largement se transformer et devenir elle aussi plus écolo. La voiture électrique alimentée au nucléaire il me semble que c'est pas mal en termes d'émissions marginales. On parle de 25 kWh/100km soit environ 8g CO2/passager km avec un mix énergétique nucléaire et un remplissage moyen, on pourrait aussi réduire leur taille et augmenter l'aérodynamisme pour réduire drastiquement leurs émissions.

Personnellement, je considère que le réchauffement climatique est un problème à horizon 2060, quand je voudrai passer ma retraite dans ma terre natale (le sud est) et qu'elle aura pris +3° dans la tête (donc peut-être +6° à l'échelle locale) et que ce sera invivable. Pour être gentil, je vais dire 50 à 60 ans, soit mon espérance de vie restante.
Vu que le réchauffement climatique a un délai de latence d'environ 20 ans, il faut tenir compte de ce délai dans les calculs d'horizon de temps.
Donc avec ce délai de 20 ans, la durée qui m'intéresse moi directement, c'est 30 à 40 ans. Disons 33.333.. pour avoir un chiffre rond.
L'impact CO2 au passager km de la construction de la LGV vient de passer de 8g à 24g, et le TGV nucléaire pollue maintenant presque la moitié d'un véhicule thermique. Ca aurait donné 40g si j'avais pris pour critère ma retraite dorée sur la côte d'azur (20 ans d'amortissement).
Et si on reprend le calcul des émissions directes avec un mix énergétique européen ("sortez du nucléaire", qu'ils disaient), on arrive à un niveau franchement comparable aux voitures et avions actuels, voire supérieur si on tient compte de mon critère égoïste de retraite en 2060.
NB : ceci n'est valable que si on compare la construction d'une nouvelle LGV avec l'utilisation d'une autoroute ou d'aéroports existants.

Bref, encore une fois on fait dire aux chiffres ce qu'on veut.
Evidemment quand on amortit une construction sur 100 ans, ça donne des valeurs très faibles, et il y a des arguments pour ça (ne serait-ce que le fait qu'on espère que la ligne durera 100 ans, cependant on peut se demander s'il y aura encore des TGV en 2120 pour aller de Strasbourg à Marseille, vu la température qu'il fera à Marseille..)
Mais il y a également des arguments contre le fait d'amortir sur une durée si longue : le CO2 n'est pas un concept financier qu'on peut amortir, c'est une quantité physique qu'on émet maintenant, et qui commence à produire des effets physiques maintenant. Si on veut limiter les effets physiques que nous verrons de notre vivant (ce qui nous intéresse nous tous directement) il conviendrait d'amortir sur une durée beaucoup plus courte (20 à 40 ans maximum).
On peut d'ailleurs facilement résoudre le paradoxe consistant à être égoïste et vouloir un meilleur climat pour soi, au détriment de ses enfants : ne pas avoir d'enfants. C'est aussi l'acte le plus écologique qui soit.


Ca c'était juste la partie CO2, mais on a pas encore abordé un dernier point important.
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Dubble
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par Dubble »

Ce qui nous intéresse réellement, ce n'est pas le CO2, il ne pose pas pour l'instant et ne posera pas avant longtemps de problème en lui-même.
Le problème, c'est le réchauffement climatique.
Ce réchauffement climatique c'est une accumulation de puissance radiative (en W), qui donne au fil des secondes, ou plutôt des années, des Joules. Des quantités assez astronomiques de Joules car la joule est une petite unité...
On a l'approximation U (énergie interne en Joules) = C (capacité calorifique) * T (en Kelvin), avec C constante, donc en gros parler de Joules et parler de température c'est quasi proportionnel. Pour un système compliqué comme la terre évidemment ce n'est pas tout à fait vrai, mais en première approximation c'est intéressant de parler de joules reçues.
Et en tout cas on pourra s'accorder pour dire que si on veut limiter le RC, on va limiter la quantité de joules reçues par la terre.

Une quantité de CO2 dans l'atmosphère à l'instant t donne une puissance en W. Mais ce qui nous intéresse c'est combien de J la terre a-t-elle reçu ?

Si j'émets une tonne par an de maintenant à 2060 (je perds pas le nord, ma retraite), ou 40 tonnes d'un coup en 2020, ou en 2060, quel est le pire, par rapport au climat de 2060, 2070, 2080.. ?
En première approche, aux horizons qui nous intéressent (30-40 ans), on peut dire que le CO2 offre un pouvoir de réchauffement global quasi constant (à 30-40% près)
https://jancovici.com/wp-content/uploads/2016/04/gaz_graph7.png
Provenant de :
https://jancovici.com/changement-climatique/gaz-a-effet-de-serre-et-cycle-du-carbone/quels-sont-les-gaz-a-effet-de-serre-quels-sont-leurs-contribution-a-leffet-de-serre/
Ce qui compte, finalement, ce n'est pas la quantité totale émise à la date de 2060 (ou autre date qui nous intéresse politiquement), c'est la quantité totale de joules supplémentaires absorbés par la terre

Dit autrement, si je veux chauffer ma piscine pour m'y baigner à 16h, si je déroule la serre de ma piscine à 15h59, ça ne sert à rien, l'eau n'aura pas eu le temps de chauffer.
Il faut la mettre dès le matin, car c'est bien l'accumulation de temps passé sous serre qui va réellement créer l'effet de réchauffement par effet de serre, qui pour le coup est recherché dans l'analogie de la piscine.

Si j'émets 40 tonnes d'un coup en 2020, puis plus rien jusqu'en 2060, mes 40 tonnes en 2060 sont encore présentes en bonne partie (sur 40 ans, à 30% près)
Et ces 40 tonnes ont créé un réchauffement (mesuré en W/m²) proportionnel à leur densité pendant ces 40 ans.
Ce qui nous intéresse, c'est l'intégrale de ces W, pour trouver des J.
Donc malheureusement il faut faire une intégrale supplémentaire, sur le très beau graphe que j'ai donné au message précédent.

J'ai fait ça dans un petit fichier excel.
J'ai pris une modélisation très basique de la décroissance du CO2 mais qui colle en gros à ce que je mesure sur le graphe en échelle log : l'année n+1, il reste 99.3% de la quantité de l'année n. Vu que ce taux est très proche de 1, les résultats en faisant un calcul beaucoup simple (négliger la décroissance du CO2) sont très proches.

J'ai également pris une durée de construction de 5 ans, en me basant sur l'exemple d'une LGV qui a remplacé en grande partie et va remplacer complètement la ligne aérienne : LGV sud ouest. Début des travaux 2012, mise en service 2017, sachant que ça n'inclut même pas la totalité du tronçon (mais seulement 60% du tronçon).

Voilà le résultat :
https://jolstatic.fr/attachments/2/3/79 ... 0_3648.png
Sur le CO2 de l'avion, celui-ci ayant été émis plus tard, il a eu moins de temps pour réchauffer la terre. Donc il fournit à l'instant t 2.2 fois plus de Watts, mais il a fourni au total 1.2 fois plus de joules seulement...
Et encore, ça c'est avec un train nucléaire. Si on prend un train diesel ou un train électrique made in charbon (ou tout simplement made in mix moyen européen, puisqu'on parle de faire du train longue distance sur l'europe), la courbe bleue du CO du train peut ne jamais repasser sous celle de l'avion, ou très tard, ce qui inverse l'ordre final.

Les conclusions :
1- L'avion est effectivement polluant, mais le train aussi, et plus on creuse, plus on constate que les préjugés à base de "ça pollue 15-40-100 fois plus" sont entièrement faux.
2- Plus l'horizon de temps qui nous intéresse est court, moins l'avantage du train est grand.
3- Faire du train longue distance en Europe en remplacement des lignes aériennes actuelles (créer easy-track, ryan-rail et trans-train) ce serait une catastrophe écologique, aux horizons de temps qui concernent les personnes vivantes aujourd'hui.
L'avion on peut réduire son utilisation de 10-20-30% et limiter les émissions d'autant. Si on décide de passer au tout ferroviaire-nucléaire, et que 15 ans après avoir construit une LGV on décide qu'on doit arrêter de polluer.. on ne peut pas, la pollution a déjà été émise lors de la construction, 15 ans auparavant, et a réchauffé la terre tout ce temps.

4- Les écolos cherchent à berner tout le monde sur ce sujet.
Ce n'est pas surprenant, ils l'ont déjà fait sur le sujet du nucléaire. Il faut "sortir du nucléaire". Au point que le gouvernement a dit officiellement "fermer la centrale de Fessenheim pour réaliser une étape de la transition énergétique", et qu'une bonne partie des gens finissent par croire que le nucléaire émet du CO2 en quantité significatives.

Voilà pour les pavés du jour.
Cela m'a pris des heures à écrire, cela prend probablement des dizaines de minutes à lire et à comprendre entièrement, donc je ne suis pas sûr que j'arriverais à faire virer de bord beaucoup de gens..
Pourtant le raisonnement et les chiffres sont là, et se défendent.
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bleedair
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par bleedair »

Super intéressant Dubble. Merci. Je vais relire encore à tete reposée.
ici personne ne dit de supprimer l'avion évidemment mais limiter comme tu dis. Le cancer sont les low cost qui abusent sur les prix en amenant n'importe qui passer des pseudo vacances. Comme je disais, Le low cost c'est comme aller au cinéma à Palma alors que tu peux y aller pres de chez toi. Du grand art.
Ensuite l'argument qui n'est pas valable du transport aérien c'est de dire "on fait des efforts sur le rendement des moteurs, l'aérien innove et blablabla" tout cela pour augmenter (ou espérer d'augmenter) le traffic de 5% par an !! c'est n'importe quoi ! C'est comme dire je fais un peu plus de sport pour maigrir en contre partie je vais pouvoir manger bien plus.
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A330driver
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par A330driver »

bleedair a écrit : 30 mai 2020, 17:23ici personne ne dit de supprimer l'avion évidemment mais limiter comme tu dis. Le cancer sont les low cost qui abusent sur les prix en amenant n'importe qui passer des pseudo vacances. Comme je disais, Le low cost c'est comme aller au cinéma à Palma alors que tu peux y aller pres de chez toi. Du grand art.
Encore une fois, en quoi cela est dérangeant? Pourquoi limiter s’il y a de la demande?? Les gens ont bien le droit de faire ce qu’ils ont envie de leur vie, non? Tu es aussi n’importe qui, et tu fais aussi des choses dérangeantes pour d’autres...faut arrêter de juger les autres et d’être nombriliste.
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Raw15
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par Raw15 »

bleedair a écrit : 28 mai 2020, 22:39 En plus, entre parenthèse, un bar ou un restaurant c'est meme mieux que de prendre l'avion. Tu te vois vivre sans bars ni resto ? :)

Puisque tu as posé ce genre de question, je me permets une réponse provoque : Oui et je préfèrerais, à choisir, sans doute l'avion.

Sérieusement, que voulons-nous vraiment ? Quel type de société ?
Tout est là. Assez d'entendre qu'à l'heure des "grands choix" et des grandes décisions, l'avion ne serait pas une priorité. Quelles seraient les vrais priorités ? Internet par exemple ? Amazon ? À quand une société d'éternels geeks, à jamais enfermés dans leurs bulles, qui préféreront snapchat, youporn, le dernier iPhone etc... plutôt que de voyager en avion.
Si nous devons faire des choix pour réduire nos émissions, alors posons-nous les questions appropriées.

Rien ne vaut la liberté. St-Ex aurait ajouté que “la grandeur d'un métier est avant tout d'unir les hommes ; il n'est qu'un luxe véritable et c'est celui des relations humaines.”. Nos anciens doivent se retourner dans leurs tombes.

pAolO a écrit : 30 mai 2020, 05:24
Si tu veux creuser un peu ce fil était pas mal fouttu, avec divers calculs, et le constat est sans appel, le train défonce l'avion, quelque soit la configuration.

DAlphaMike a écrit : 30 mai 2020, 00:47 Ces vieux sont vieux, et comme tous les vieux ils sont raleurs et reacs.
Leur vision va drastiquement changer lorsqu'ils vont affronter la réalité du monde en réchauffement et devoir se mettre au potager, parce que leur retraite ne tombe plus tous les mois. ;D
FTFY
Dubble a tout dit du match avion Vs train et ce fil twitter n'apporte rien. Pour le reste belle maitrise de la sophistique.

Pour rebondir sur une de tes remarques, oui en tant que pilote nous avons un parti pris et heureusement. Notre avis en est-il moins pertinent ? C'est intéressant d'ailleurs de constater qu'à l'inverse, les chantres de la décroissance du trafic aérien ne sont pas pilotes, simple coïncidence peut-être.

Difficile d'avoir une discussion sereine sur ces sujets. À l'image de ces étudiants ingé aéro, il semble impossible d'éviter l'hystérie.
Limiter, stabiliser ou réguler la croissance du trafic, pourquoi pas. Mais ce n'est pas le discours ambiant ici, quoi qu'en disent certains. L'heure est au bashing primaire.
Je rejoins certaines interventions sur le côté irrationnel de ce mouvement néo-écolo, dans une société moderne qui a viscéralement peur de la mort. Tout ça tourne en névrose collective.
cap231 a écrit : 30 mai 2020, 12:50 Il serait bon que l’aéronautique n'occupe que l’équivalent de son impact carbone soit 2,8% de la couverture médiatique sur la transition énergétique.
+1
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bleedair
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par bleedair »

A330driver a écrit : 30 mai 2020, 18:12
bleedair a écrit : 30 mai 2020, 17:23ici personne ne dit de supprimer l'avion évidemment mais limiter comme tu dis. Le cancer sont les low cost qui abusent sur les prix en amenant n'importe qui passer des pseudo vacances. Comme je disais, Le low cost c'est comme aller au cinéma à Palma alors que tu peux y aller pres de chez toi. Du grand art.
Encore une fois, en quoi cela est dérangeant? Pourquoi limiter s’il y a de la demande?? Les gens ont bien le droit de faire ce qu’ils ont envie de leur vie, non? Tu es aussi n’importe qui, et tu fais aussi des choses dérangeantes pour d’autres...faut arrêter de juger les autres et d’être nombriliste.
la demande...lol... c'est surtout que le billet est peu chère qu'il y a la demande.
non tu ne fais pas ce que tu veux quand tu pollues "pour rien" . Le principe pollueur payeur devrait s'appliquer dans ce cas là. Ou alors simplement imposer un quotat de voyages annuels. Tu fais ce que tu veux chez toi, tu te ballades à poil si tu veux, pour autant, peux tu te ballader à poil dehors public ? bref, tu dis des inepties. Faut arreter avec le "je fais ce que je veux".
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par bleedair »

Raw15 a écrit : 30 mai 2020, 18:43
Tout est là. Assez d'entendre qu'à l'heure des "grands choix" et des grandes décisions, l'avion ne serait pas une priorité. Quelles seraient les vrais priorités ? Internet par exemple ? Amazon ? À quand une société d'éternels geeks, à jamais enfermés dans leurs bulles, qui préféreront snapchat, youporn, le dernier iPhone etc... plutôt que de voyager en avion.
Si nous devons faire des choix pour réduire nos émissions, alors posons-nous les questions appropriées.

Rien ne vaut la liberté. St-Ex aurait ajouté que “la grandeur d'un métier est avant tout d'unir les hommes ; il n'est qu'un luxe véritable et c'est celui des relations humaines.”. Nos anciens doivent se retourner dans leurs tombes.


Personne n'oubliera Amazon etc; en l'occurence on est sur un forum aéro... mais je suis d'accord avec toi. Amazon est une plaie. Demain on limite les bateaux, le cargo, on produit local, Amazon n'existera plus.

Je suis tout à fait d'accord avec la citation de St Ex. Mais ici, beaucoup ne savent pas lire en fait. Personne n'a jamais dit de supprimer l'avion hein.

Par contre, St Ex, a raison, clairement, mais en son temps.
Le problème étant le tourisme de masse. Les voyages actuels, ce n'est pas pour s'intéresser à la culture des autres bien souvent, les voyages ont bien changé. C'est plutôt faire bronzette dans un Hotel 5* à 3000Km de Paris, car c'est bien moins chère que de passer 5 jours sur la cote d'Azur. Voilà ce qu'est le tourisme. Le tourisme moderne c'est voyager loin dans un pays pauvre, mais surtout de bien garder son petit confort et profiter d'un séjours dans un hotel de luxe.
Cite St Ex aujourd’hui c'est limite un anachronisme malheureusement.
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par Tofly2leretour »

cap231 a écrit : 30 mai 2020, 12:50 . Il serait bon que l’aéronautique n'occupe que l’équivalent de son impact carbone soit 2,8% de la couverture médiatique sur la transition énergétique.
C’est exactement ça le sens de mon propos. Et on en est très loin. Qui a entendu parler de l’inauguration de la nouvelle centrale à charbon allemande à 8 millions de tonnes de CO2/an par exemple???

Pour vous donner un élément de comparaison, en 2018 la totalité du transport aérien français c’est 22,7 millions de tonnes, dont 4,8 pour les vols intérieurs (y compris outre mer). Autrement dit, la réduction de 40% imposée par l’état a AF sur son réseau intérieur, c’est 1/4 des émissions de cette superbe centrale construite pour remplacer les centrales nucléaires dont les écolos ont exigé l’arrêt...

Quant au tourisme de masse la solution est simple: faire payer le vrai prix du transport aérien, avec un personnel payé et traité correctement, sans evasion fiscale. Ça permettra d’arrêter de faire croire que traverser l’Europe en avion coûte moins cher que d’aller à l’aéroport en taxi.
Accessoirement faire aussi payer le vrai prix du train sans le faire subventionner par le reste de la collectivité... pareil pour la voiture. Vous verrez, ça va calmer tout le monde au niveau déplacements (et on verra que le transport le moins cher et le moins polluant sur 500km... c’est le bus!)
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pAolO
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par pAolO »

Dubble a écrit :Image
Je ne sais pas si c'était vraiment la peine de pondre un truc pareil, si était pour partir sur des postulats de bases biaisés:
Dubble a écrit : 30 mai 2020, 16:03 Je vais raisonner à l'échelle européenne
pour arriver à tes fins sur ta démonstration. Mais bon comme tu as l'air d'aimer ça, pour équilibrer la comparaison, je serais curieux de connaitre les émissions de constructions aéroportuaires, j'ai jamais vu de calcul avec ça intégré. :-?
Dubble a écrit : 30 mai 2020, 16:03 car c'est utile pour d'une part voir ce qu'il se passe quand on sort de l'exception nucléaire française, et parce que c'est l'échelle du transport aérien moyen courrier. Certains écologistes voudraient que le train assurent toutes les liaisons sur ces distances.
Comme dit bleedair, ce n'est pas ce qui est demandé par personne, ni par le Shift, ni ce qui est prévu d'être demandé à AF en contre partie de l'aide.
Le fil tweeter que j'ai linké était intéréssant car il se concentrait sur ces fameuses lignes.
Raw15 a écrit : 30 mai 2020, 18:43 Limiter, stabiliser ou réguler la croissance du trafic, pourquoi pas. Mais ce n'est pas le discours ambiant ici, quoi qu'en disent certains. L'heure est au bashing primaire.
Je rejoins certaines interventions sur le côté irrationnel de ce mouvement néo-écolo, dans une société moderne qui a viscéralement peur de la mort. Tout ça tourne en névrose collective.
Ah? :mef: J'adore comment beaucoup ici se posent dans la victimisation à outrance, on dirait qu'on ne vit pas dans la même dimension.
Ici le kero est toujours full detax, AF à touché 7 Millards, et l'IATA parle de reprendre la croissance x2 le plus vite possible.
«I have a lot of beliefs, and I live by none of them» Louis C.K
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Dubble
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Re: Pilote, un lointain souvenir ?

Message par Dubble »

pAolO a écrit : 30 mai 2020, 19:48 pour arriver à tes fins sur ta démonstration. Mais bon comme tu as l'air d'aimer ça, pour équilibrer la comparaison, je serais curieux de connaitre les émissions de constructions aéroportuaires, j'ai jamais vu de calcul avec ça intégré. :-?
Une LGV Nice-Brest ne nécessiterait aucun nouvel aéroport, mais des centaines de km de LGV supplémentaires.
Le réseau LGV est très peu développé. Là où il a déjà été construit, c'est super cool de s'en servir.
Mais il existe énormément de lignes où il n'est que inexistant ou balbutiant.
Donc cette comparaison finalement est entièrement valable dans le cas de la construction d'une LGV en remplacement d'une ligne aérienne.. exactement ce dont parlent les écologistes finalement, qui voudraient remplacer les lignes aériennes par de nouvelles LGV.

C'est un choix que défendent pas mal d'écolos extrêmistes mais bien connus, comme Greta T.
C'est un mauvais choix écologique, ces calculs le démontrent.
pAolO a écrit : 30 mai 2020, 19:48 Ah? :mef: J'adore comment beaucoup ici se posent dans la victimisation à outrance, on dirait qu'on ne vit pas dans la même dimension.
Ici le kero est toujours full detax, AF à touché 7 Millards, et l'IATA parle de reprendre la croissance x2 le plus vite possible.
Le kérosène n'est pas entièrement détaxé, car les compagnies aériennes payent sur le CO2 que la combustion de ce kérosène émet, au travers du système européen de quota d'émissions.
De plus, les 7 milliards à AF sont un prêt (et AF a su montrer qu'elle pouvait rembourser des centaines de millions par an, ces dernières années), au contraire de la SNCF qui touche 15 milliards de subvention par an, hors de toute crise.
Tofly2leretour a écrit : 30 mai 2020, 19:32
cap231 a écrit : 30 mai 2020, 12:50 . Il serait bon que l’aéronautique n'occupe que l’équivalent de son impact carbone soit 2,8% de la couverture médiatique sur la transition énergétique.
C’est exactement ça le sens de mon propos. Et on en est très loin. Qui a entendu parler de l’inauguration de la nouvelle centrale à charbon allemande à 8 millions de tonnes de CO2/an par exemple???

Pour vous donner un élément de comparaison, en 2018 la totalité du transport aérien français c’est 22,7 millions de tonnes, dont 4,8 pour les vols intérieurs (y compris outre mer). Autrement dit, la réduction de 40% imposée par l’état a AF sur son réseau intérieur, c’est 1/4 des émissions de cette superbe centrale construite pour remplacer les centrales nucléaires dont les écolos ont exigé l’arrêt...
Il faut donner plus de visibilité à cette information !
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