Décollage autonome

[Thony1991]

Bonjour,

les avions de ligne sont capables aujourd'hui d'effectuer des atterrissages automatiques sous certaines conditions. Il y a quelques mois, Airbus a annoncé avoir réussi à faire décoller un A350 en automatique.
La question que je me pose est la suivante:

Pourquoi ce n'est qu'aujourd'hui que l'on réussit à effectuer des décollages automatiques alors que ça fait des années que les avions sont capables de se poser en total autonomie ?
Disons que ça me semble paradoxal et je ne vois pas où sont les difficultés à faire décoller un avion tout seul.

Merci !

[fouga]

Je pense que c'est avant tout lié à la prise de décision...

Techniquement parlant je pense que faire décoller l'avion est plus facile que le faire atterrir, je parle de mon point de vue d'automaticien où suivre une cône de descente (déjà 2 variables à gérer avec par exemple le LOC et le GS à suivre ), ajuster la vitesse et ensuite faire l'arrondi est plus complexe que le décollage: tenir l'axe (1 variable à contrôler via le palonnier), ajuster la puissance et à Vr engager une assiette de x degrés, ensuite on revient au travail normal du pilote auto quelques secondes après.

Donc si c'est plus difficile, c'est parce que dans le cas de l'atterrissage on passe d'un environnement "dangereux" qui est le vol à un environnement "sécuritaire" qui est le sol, si ton moteur venait à prendre feu ou un pneu à éclater pendant la décélération ça se terminera au pire par une évacuation sur la piste et du boulot pour les pompiers. Si c'est au moment du décollage et que ça se passe avant V1, normalement, le pilote va interrompre le décollage car envoyer la machine en l'air dans cette situation n'a pas forcément d'avenir...
C'est donc là pour moi la difficulté, à l'atterrissage tu confis au pilote auto un avion "sain" qui va se retrouver dans une situation sûre après l'atterrissage, alors qu'au décollage on va passer d'une posture à un environnement dangereux et l'enjeu du décollage en plus de passer "airborne" c'est de le faire uniquement si l'avion est en état de voler (état qui peut se dégrader au moment du décollage justement).
Pour un pilote avec notre capacité à sentir les choses et à fusionner les données dans notre tête, on peut sans passer des heures à lire des paramètres rapidement (moins d'une seconde dans le meilleur des cas) interrompre le décollage.

Mais pour une machine, il faut une flopée de capteurs et un paquet d'algorithmes, de stratégie et de scénarios pour que la machine arrive à la même prise de décision que l'humain... et je pense que c'est à cause de ça qu'il a fallu des années pour y arriver, pour qu'un automatisme n'envoie jamais en l'air un avion qui n'est pas capable de voler, et que dans le même temps il n'interrompt pas à outrance des décollages car trop strict dans sa stratégie de sécurité...

[- A400M -]

Fouga aime bien faire des longs pavés haha, pourtant ici la réponse est toute simple : il n'y a aucun besoin client pour cette fonction, sinon il est vrai que ça fait un moment qu'ils l'auraient développée

[Le Dauphinois]

Fouga aime bien faire des longs pavés haha, pourtant ici la réponse est toute simple : il n'y a aucun besoin client pour cette fonction, sinon il est vrai que ça fait un moment qu'ils l'auraient développée

Je suis d’accord, et je pense que c’est pour les raisons évoquées par Fouga. Quand les conditions MTO se dégradent, tu es content de ne pas attaquer la réserve en tournant le temps que ça se dégage et d’avoir un avion qui se pose tout seul sans rater la piste. Pour le décollage au pire on reste au parking.

[- A400M -]

Fouga aime bien faire des longs pavés haha, pourtant ici la réponse est toute simple : il n'y a aucun besoin client pour cette fonction, sinon il est vrai que ça fait un moment qu'ils l'auraient développée

Je suis d’accord, et je pense que c’est pour les raisons évoquées par Fouga. Quand les conditions MTO se dégradent, tu es content de ne pas attaquer la réserve en tournant le temps que ça se dégage et d’avoir un avion qui se pose tout seul sans rater la piste. Pour le décollage au pire on reste au parking.

En effet, donc pour du MPO aucun besoin d'avoir un auto TO. Ils font ça en vue de leur futur avion SP, qui devra être capable de prendre la relève du pilote à tout moment si ce dernier tombe en rade.

[Thony1991]

D'accoooord
Je vous remercie pour vos réponses en tout cas !

[Dubble]

La vraie raison c'est que l'atterrissage automatique se base sur le capteur ILS de l'avion. L'avancée technologique qu' Airbus a récemment fait consiste à se baser non pas sur des signaux électriques, mais sur les images d'une caméra. Ceci lui permet de se passer de l'ILS ainsi que de faire un décollage autonome de la même manière.

Je ne crois pas que le décollage automatique soit capable de prendre la décision de ne pas décoller en cas de panne ou de collision avec un oiseau. En tout cas pas au-delà d'une logique basique basée sur une liste d'exclusions ou de conditions.

[Weuzz]

alors que ça fait des années que les avions sont capables de se poser en total autonomie ?
Disons que ça me semble paradoxal et je ne vois pas où sont les difficultés à faire décoller un avion tout seul.

Merci !

Auto land, auto TO oui. Mais je nuancerai les termes « totale autonomie » ou « tout seul »qui sont un poil exagérés je trouve.

Il me semble que le duo homme/machine reste très fort même dans ces configurations. C’est toujours aux pilotes d’abord d’appréhender l’environnement, son contexte et ensuite concocter un réglage aux petits oignons des systèmes qui va permettre à ces automatismes de s’exécuter dans de bonnes conditions. Sans parler de l’effort de surveillance du bon déroulé de ce que fait la machine.

A mon sens, ce n’est pas encore une totale autonomie mais plutôt des actions physiques en moins à faire.