Antidépresseur rédhibitoire pour intégrer ?

[Moil]

Bonjour,

Je suis en 2ème année de prépa et je prends des antidépresseur (Fluoxétine/prozac). Dans les normes d’aptitude il est indiqué qu’il ne faut pas avoir de trouble mentaux pour obtenir un certificat médical de classe 3

Voilà j’ai pas vraiment trouvé la réponse à ma question sur internet alors je la pose ici. Est-ce qu’on peut me refuser à cause de ça ?

[Brouce974]

Bonsoir, comme on dit... "pas vu pas pris" ?

Il s'agit, d'un dilemme moral, entre toi et ta conscience. Beaucoup te déconseilleront d'exercer ce métier (contrôleur, au vu de la classe requise), par souci d'efficacité, et sécurité. ICNA nécessite un état psychologique stable, si autant de restrictions existent, ce n'est pas un hasard, tu t'en doutes.

Maintenant, il t'appartient à toi seul, de savoir, si tu te sens réellement capable d'exercer ce métier, malgré cet handicap psychologique que tu évoques. Rien ne t'empêche de "dissimuler", tout ceci relève du secret médical, et bon nombre risquent de hurler au sacrilège, en expliquant par A + B, les règles juridiques, en conséquence d'un mensonge médical. Et pourtant, j'en connais, qui passent sans problème au travers de ce "filtre".

Personne n'est au courant de ton problème, au niveau de la visite médicale, ils ne le sauront pas si tu ne le dis pas. Personnellement, je ne me prononce pas à ce sujet, tu es seul décisionnaire, réfléchis-y sereinement. Il coexiste des arguments en ta faveur, ainsi qu'en ta défaveur, aucune solution n'est meilleure qu'une autre ici.
Si tu choisis la dissimulation, n'oublie pas que la dénonciation est de mise, tes connaissances pourraient te trahir à ce sujet, pour des raisons qui leur sont propres (jalousie, moralité, ou que sais-je encore ?). Donc, emprunter la voie du mensonge, à tes risques et périls.
Si tu choisis l'honnêteté, je crains qu'il n'existe aucune dérogation (renseigne-toi, peut-être que je me trompe), donc tu risques de devoir renoncer à ce métier qui te tient à coeur.

Bon courage à toi, et à ceux qui se retrouveront dans ton témoignage.

[Moil]

Merci pour cette réponse.

Je ne compte pas mentir là dessus vu les problèmes juridiques que cela pourrait me poser. Mon traitement est plutot efficace et bien supporté, donc j’ai pas vraiment l’impression d’être handicapé. Je l’ai commencé à cause d’une dépression légère en prépa et je compte l’arrêter vers aout.

Je n’ai rien trouvé de clair sur les médicaments interdits pour la classe 3. Le mieux je pense (si je suis admis...) ce sera de tout expliquer au médecin aéronotique et de le laisser décider au moins je dormirais tranquille

[Brouce974]

C'est une possibilité en effet. De prime abord, tu n'es pas contraint de raconter toute ta vie de A à Z au médecin, au risque qu'il ne se prononce sur une défaillance définitive. Évoquer les éléments essentiels et concis, les médicaments consommés, t'honorera, et ne te portera pas préjudice juridiquement en cas de problème (en retraçant ton parcours, on saura que tu as été droit en cas d'accident), surtout si tu estimes être guéri totalement. (seul toi te connaît, le médecin n'étant pas à ta place, il se basera sur tes dires après tout.)

Si tu dis "penser être guéri, avoir l'impression", l'interprétation risque d'être "potentielle rechute, pas fiable, instabilité, danger". Je pense qu'aucun risque ne sera pris, tu as, techniquement, la sécurité des passagers entre tes mains, l'hésitation te pénalisera. Soit t'es guéri, soit non. Ce sont des évidences, certes, néanmoins, au vu de ton intérêt pour le métier, il serait dommage de t'éliminer toi-même, par manque de conviction.

Enfin, il est judicieux d'y penser maintenant, toutefois, il te faut en premier lieu, réussir les écrits et oraux, pour ça, sois déterminé, tu ne seras pas le seul (on sera en concurrence, comme beaucoup d'autres ici, pas de pitié !).

[Zéo]

Oui, enfin le "pas vu pas pris" et le "je sais comment je me sens" s'est quand même terminé côté pilote par le crash de la Germanwings en mars 2015...
Ensuite, il est de la responsabilité du contrôleur (ou de tout candidat à une norme médicale Classe 3) de signaler tout élément médical (y compris en dehors des visites médicales régulières). Même si le contrôleur sait comment il se sent (ou pense se sentir), c'est le médecin qui a la compétence pour apprécier si cet élément est pertinent ou pas (y compris en intégrant des éléments en relation avec l'évolution des pathologies) pour exercer.
Dissimuler, c'est se mettre en danger (se retrouver dans une position difficile où l'on pourrait ne pas être en mesure de faire le job, et ça se n'est pas le genre de situation où l'on a envie de se trouver) et s'exposer pénalement (on sera seul responsable si quelque chose se passe mal) et disciplinairement (suivant les circonstances, même en dehors de tout incident, dissimuler sa situation médicale peut être assimilé à une faute grave et être un motif de radiation de la fonction publique = t'es viré).
Je te conseille sincèrement d'être transparent : un trouble psychologique n'est pas un critère d'inaptitude en soit. Lors de la visite médicale d'aptitude, cela conduira très probablement à une demande d'expertise auprès d'un médecin spécialisé dans ce type de troubles qui rendra un avis. Tu peux aussi arriver à ces rendez-vous avec des expertises médicales que tu auras pu avoir faites de ton côté afin d'avoir des éléments positifs à exposer... et même si cela devait conduire à une inaptitude, ce serait aussi une manière de te protéger : ce ne serait pas un cadeau que de laisser quelqu'un débuter dans ce type de job, où il y a un enjeu important autour de la gestion du stress, si l'on sait que la probabilité est très forte qu'il ait des difficultés, immédiatement ou dans la durée, à exercer en toute aisance !

[Brouce974]

Voilà qu'intervient une personne, qui, comme prévu, est scandalisée par rapport à ça. Il n'a pas besoin de mentir au contraire, sa solution d'être transparent est honnête, mais cela ne signifie pas pour autant raconter toute sa vie dans les moindres détails. Il ne pourra pas être poursuivi s'il n'a pas menti.

Par exemple, le médecin aurait-il besoin de savoir, qu'au niveau de ta famille, il y aurait des tensions ? On sait pertinemment, que la France est connue, pour être l'un des pays ayant le plus de consommateurs d'antidépresseurs, ceci n'arrange pas son cas. S'il ne retombe plus jamais dans la dépression, il aura gâché sa chance, car "Oui mais, on ne sait jamais, 0 risques" !

Qui peut se prévaloir, de connaître le futur état de santé d'un être humain ? Qui peut te dire, si, du jour au lendemain, tu perds un proche, tu ne tomberas pas en dépression ? Tu te diras "Bon, tant pis, je suis pas au top, j'abandonne le métier, je vais faire autre chose" ? Si c'est passager, que le médecin te déclare inapte définitivement, tu ne te sentirais pas lésé ? On traverse tous des mauvaises passes, certains s'en sortiront, d'autres non.

Concernant le crash Germanwings, tu oublies de préciser que le copilote a consulté énormément de médecins, qu'il avait des problèmes bien plus lourds, avec des tendances suicidaires, à aucun moment il n'a pensé être guéri, puisqu'il a continué de consulter à tire-larigot. L'auteur ici, ne semble pas être dans ce cas, le comparer à ce copilote, c'est décourageant.

Rien ne lui empêche, contrairement à ce copilote, d'arrêter son métier s'il s'avère qu'il y a rechute, l'accident aurait été évité, si ce copilote avait été plus précautionneux. C'est pour cela, que je disais qu'il s'agit ici, d'un dilemme vis-à-vis de la morale, à lui de décider, sa situation est alambiquée.

[Dubble]

D'autant plus qu'on parle de contrôleur aérien et pas pilote. Contrairement à l'expression qu'ils utilisent, ils ne décollent pas les avions eux-mêmes. Ils sont rarement seuls dans leurs locaux et dans leur travail...

[flyer]

Hélas nous avons aussi l'équivalent du copi allemand de la germanwings, sauf que le nôtre il court toujours...

[Lac de Bethmale]

La visite médicale classe 3 est hyper pointue, il faut être au top.
Attention si tu es sujet au stress, le métier et la formation ICNA ne sont pas des vacances. Si tu veux faire carrière à la DGAC, tu peux aussi de renseigner sur les formations IESSA et TSEEAC qui offrent de superbes opportunités.

[haju68]

Bonsoir,
On retrouve le détail des normes classe 3 ici :
https://eur-lex.europa.eu/legal-content ... 32015R0340

Concernant la psychiatrie :

ATCO.MED.B.055 Psychiatrie
[...]
b) Les candidats présentant une affection psychiatrique de type:
1) trouble de l'humeur;
2) trouble névrotique;
3) trouble de la personnalité;
4) trouble mental ou comportemental

doivent faire l'objet d'une évaluation psychiatrique satisfaisante avant d'envisager une décision d'aptitude. Les candidats doivent être renvoyés vers l'autorité de délivrance des licences et faire l'objet d'une évaluation de leur aptitude médicale.

ATCO.MED.B.060 Psychologie

a) Les candidats présentant des symptômes liés au stress et susceptibles d'interférer avec leur capacité à exercer en toute sécurité les privilèges de la licence doivent être renvoyés vers l'autorité de délivrance des licences. Une déclaration d'aptitude pourra être envisagée uniquement après que l'évaluation psychologique et/ou psychiatrique a démontré que le candidat ne souffre plus de symptômes liés au stress.

b) Une évaluation psychologique peut être requise dans le cadre ou en complément d'un examen psychiatrique ou neurologique spécialisé.

La dépression rentre dans le cadre des troubles de l'humeur, ce n'est donc pas une cause d'inaptitude définitive. Le mieux serait de montrer le texte de la norme à ton médecin pour avoir son avis, ou encore mieux aller voir un médecin à normes.

Concernant l'antidépresseur :

ATCO.MED.A.020 Diminution de l'aptitude médicale

a)Les titulaires de licence ne doivent en aucun cas exercer les privilèges de la licence lorsqu'ils/elles:
[...]
2) prennent ou utilisent des médicaments prescrits ou non prescrits qui sont susceptibles d'influer sur l'exercice en toute sécurité des privilèges de la licence;
[...]
b) En outre, les titulaires d'un certificat médical de classe 3 sont tenus d'obtenir, sans délai et avant d'exercer les privilèges de leur licence, un avis aéromédical lorsqu'ils/elles:
[...]
2) ont entamé la prise régulière d'un médicament;
[...]
Dans chacun de ces cas, l'AeMC ou l'AME doit évaluer l'aptitude médicale du titulaire de la licence ou du contrôleur de la circulation aérienne stagiaire et déterminer son aptitude à reprendre l'exercice de ses privilèges.

Une attention toute particulière est nécessaire lorsqu'il s'agit de médicaments portant les pictogrammes suivants :


Mais là aussi, ce n'est pas une source d'inaptitude définitive, mais il faut cependant l'avis d'un médecin aéronautique.

Pour ce qui est de mentir au médecin évaluateur dans un métier à responsabilité, chacun fera en fonction de sa conscience...

[Alexandre Vil]

Salut! Je comprends totalement tes préoccupations. J'ai moi-même traversé des problèmes similaires pendant mes études universitaires et j'ai pris des antidépresseurs pour m'aider. C'était une période stressante, et je sais à quel point cela peut être difficile de jongler avec les exigences académiques tout en prenant soin de sa santé mentale.

Un ami m'a recommandé des anxiolytiques naturels , et ça a vraiment fait une différence pour moi. Ces produits sont souvent à base de plantes et peuvent aider à réduire le stress et l'anxiété sans les effets secondaires des médicaments sur ordonnance. Cela pourrait être une option à explorer si tu cherches des alternatives aux antidépresseurs.