N’ayant pas vu de RETEX détaillé sur ce cas, je me permets de vous écrire le mien, en espérant que cela aide la communauté.
Avant toute chose, j’ai conscience qu’un pneumothorax n’est pas quelque chose d’anodin, qui, si récidive en pleins vol, peut compromettre la sécurité. C’est pour cela que je me suis renseigné avant d’entamer quelque démarche que ce soit auprès d’un centre d’expertise médicale. J’ai notamment pu lire dans la sous-annexe 1-A des Normes d’aptitude médicale pour la délivrance d’un certificat médical de classe 1 que : « Le candidat présentant un pneumothorax spontané doit être déclaré inapte en attendant les résultats d’un bilan complet ». Ceci m’a été confirmé par le secrétariat du CEMPN de Toulouse Blagnac, m’assurant que normalement, il ne devrait pas y avoir de problème à l’obtention de la Classe 1 après-passage de mon dossier en commission.
Maintenant que le préambule est terminé, voici mon histoire. Le 17 juillet 2022, je suis admis aux urgences pour une vive douleur à la poitrine du côté gauche avec une suspicion de pneumothorax spontané. Après, échographie, scanner et radio, ces suspicions s’avèrent confirmées, j’ai donc un pneumothorax gauche avec décollement apical avec un doute sur l’existence de deux bulles d’emphysème apicales homolatérales. Ce pneumothorax n’a pas nécessité de drainage, je suis donc resté 24 h sous oxygène à l’hôpital avant de partir pour un repos à la maison avec une contre-indication à vie à la plongée sous-marine et au saut en parachute. Je passe des radios, 1 semaine, 2 semaines et 1 mois après mon hospitalisation qui montre un bon recollement et finis finalement par voir le pneumologue de l’hôpital qui me considère comme guérit, mais me conseille de limiter pendant 2 ans les sports de contact, activités très intense etc … (à noter qu’un autre pneumologue me disait que je pouvais continuer à vivre normalement, car si le pneumothorax doit récidiver, il récidivera quelle que soit l’intensité de l’activité que je fasse, la maladie est sujette à interprétation, j’ai l’impression…). Quoi qu’il en soit, je décide de me reposer.
Bien entendu, bien que l’on ne m’ait rien dit à propos de la classe 2, je décide de ne plus voler tant que je ne serai pas allé voir un médecin aéronautique pour la passer une nouvelle fois. On est alors en janvier 2023, après avoir fait un bilan complet chez un pneumologue ainsi que mes dernières radios montrant qu’il n’y a plus de décollement du poumon, je prends rendez-vous chez un médecin aéronautique qui me délivre la classe 2 sans renvoi au pôle. La page est temporairement tournée et je reprends ma vie de pilote PPL tout à fait normale sans aucune séquelle.
Tout ceci nous emmène à l’été 2024, la fin de ma formation en école d’ingénieur commence à montrer le bout de son nez, il est donc temps de préparer la suite pour devenir pilote. J’avais déjà passé l’année à regarder des RETEX pour la classe 1 sans en trouver, je suis bien évidemment inquiet quant à la possibilité d’obtention du certificat. Et c’est là que j’obtiens la majorité des informations m’indiquant que l’obtention de la classe 1 allait être un parcours du combattant, mais pas impossible à finir.
J’ai aussi pu voir sur ce forum des réponses de personnes recommandant de passer sous silence quelconque problème pour éviter de s’emmerder. Inutile de dire que ce comportement est absolument débile et que tenir de tels propos alors que ces personnes exercent un métier dont la vie de centaine de passagers est entre leur main dénote un vrai manque d’honnêteté intellectuelle, d’intelligence et de prise en compte des risques. J’aimerais bien voir si leur discours resterait identique si leur anonymat s’envolait !
Mon histoire continue le 17 octobre 2024, hier à l’heure où j’écris ces lignes. Je passe donc ma visite médicale d’admission au CEMPN de Toulouse Blagnac tout en sachant que j’allai être déclaré inapte. Ophtalmo, orthoptiste, ORL, prise de sang, analyse d’urine ok. Viens au tour du médecin généraliste et de la question décisive : « Avez-vous des antécédents d’hospitalisations ? ». Je sors mon dossier médical sur le pneumothorax et je suis bien déclaré inapte par le médecin en chef. Après avoir vu que mon dossier n’a pas été remonté lors de ma visite de classe 2 et que lors de mon admission à l’hôpital, il y a eu des suspicions de bulles qui n’ont jamais été confirmées ou infirmées, il décide d’annuler ma classe 2 ainsi que le LAPL.
Son discours n’est pas pessimiste, il me conseille alors d’aller voir un professeur en pneumologie pour qu’il réalise une consultation avec angioscanner et préciser l’estimation du risque de récidive. Une fois, ceci fait, il faudra alors que j’envoie les résultats au centre pour que mon dossier passe en commission. Il m’a alors conseillé d’aller voir au CHU de Bordeaux par exemple.
À l’heure où j’écris ces lignes, j’ai déjà appelé le CHU de Bordeaux. Vous vous doutez bien qu’un gamin de 23 ans qui arrive et qui dit qu’il veut voir un professeur en pneumologie parce qu’il en a besoin pour sa visite médicale de pilote, ça les a bien fait rire. Donc la recherche s’annonce longue et fastidieuse, mais je vous tiendrai informé via des updates sur ce post.
Je viens aussi d’aller voir mon médecin traitant qui m’a prescrit l’angioscanner tout en se montrant très pessimiste même s’il n’y a pas de bulle au scanner. Selon lui aucun pneumologue et encore moins un professeur n’osera se mouiller et prononcer quant au risque de récidive très faible si c’est le cas. La décision, selon lui, est déjà prise et me laisse miroiter d’une éventuelle possibilité de succès idyllique. Il est clair que si des bulles sont présentes au scanner, c’est mort.
Si jamais ce sera avec grand plaisir que je répondrai à vos questions, et j’en profite pour solliciter votre aide si jamais l’un d’entre vous aurait des pistes d’explorations. J’aimerais bien que cet espace soit un espace d’échange pour toutes les personnes qui ont eu des pathologies et n’ont pas pu non plus avoir de RETEX.
Plein de vols heureux et fly safe !