Pilote, un métier d’avenir ?

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bleedair
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par bleedair »

Dubble a écrit : 11 nov. 2022, 21:31 "Les pilotes sur les avions, c'est en fin de vie"
Intéressant, mais avant de s'inquiéter pour la technologie, high tech, il y aura d'autres limites physiques bien avant.
A voir Arthur keller, Aurore Stephant, Philippe Bihouix...
ça dérange certaines autruches ici les articles, mais je reste dans le sujet du topic.
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Dubble
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Dubble »

bleedair a écrit : 12 nov. 2022, 09:07
Dubble a écrit : 11 nov. 2022, 21:31 "Les pilotes sur les avions, c'est en fin de vie"
Intéressant, mais avant de s'inquiéter pour la technologie, high tech, il y aura d'autres limites physiques bien avant.
A voir Arthur keller, Aurore Stephant, Philippe Bihouix...
ça dérange certaines autruches ici les articles, mais je reste dans le sujet du topic.
C'est pas évident de dire que l'un gênera avant l'autre ! A mon avis en tout cas.
On parle de 2025 pour le monopilote croisière, ça aurait déjà un impact à hauteur de quasi 20% sur les effectifs des majors. C'est un blocage des recrutements pendant 5 à 10 ans.
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Squish
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Squish »

Ya bien longtemps que le monopilote est possible même du take off au landing. Sans manquer de respect aux copis, j'ai pas besoin de copi pour piloter mon bizjet...c'est juste imposé par la règlementation.
pareil pour un CDB ou TRI sur 320. A la limite c'est utile car certains boutons sont trop à droite lol! Les problèmes à gérer, les plus difficiles sont .....au sol!
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par MetallSly »

Dubble a écrit : 11 nov. 2022, 21:31 Vers 23m : "on enseigne plus l'approche du décrochage aux pilotes"
J'ai pas regardé tout son entretien mais ce René est meilleur orateur que pilote. Du PPL à la QT on ne fait que ça de l'UPRT, surtout depuis Rio.

Le monopilote est quant à lui un problème bien plus "urgent" que l'écologie en terme d'impact sur l'avenir du métier. Est-ce que des avions existant peuvent se voir donner une certification monopilote? Est-ce que demain on peut certifier un 320 monopilote ou il faut attendre le développement d'un autre modèle avec une nouvelle certification

Mais tant que ça reste en croisière, il faudra de toute manière un pilote dans l'avion du début à la fin et donc il faudra payer du début à la fin de la journée et donc l'effectif en lui même ne se réduira pas, au moins en moyen courrier.
Qu'est ce que ça changerait concrètement chez AF par exemple, si demain tous les avions avaient une certif monopilote en croisière?
bleedair a écrit : 12 nov. 2022, 08:42 et t'inquiètes c'est pas fini...
quand il y a aura de plus en plus de difficultés pour l'environnement et l'approvisionnement alimentaire, tu te nourriras certainement pas d'écrans EFIS :turn:
Après soyons sérieux, à quoi ça sert de mettre ces articles de mauvaises qualités ici? C'est de l'écologie de bas étage comme peindre un avion en vert ou mettre de la sauce tomate sur des tableaux de maître (Heinz en plus, lol). Personne n'accroche à ce genre de chose. On va faire la coupe du monde au Qatar et les JO d'hiver en Arabie Saoudite, tout va bien.
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Dubble »

Metallsly : en gros 10-20% de l'effectif chez AF. Si on fait du monopilote croisière on dégage tous les copis de renfort.

Je pourrais te sortir le chiffre plus précis mais clairement pas négligeable.
Squish a écrit : 12 nov. 2022, 13:00 Ya bien longtemps que le monopilote est possible même du take off au landing. Sans manquer de respect aux copis, j'ai pas besoin de copi pour piloter mon bizjet...c'est juste imposé par la règlementation.
pareil pour un CDB ou TRI sur 320. A la limite c'est utile car certains boutons sont trop à droite lol! Les problèmes à gérer, les plus difficiles sont .....au sol!
Tu as besoin d'un copi pour être fiable à 10^-8, et le copi a besoin d'être copi pour pouvoir assurer lui même un jour la même fiabilité en tant que captain.
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Message par Squish »

Un seul pilote très bien formé + une très forte automatisation, je suis persuadé qu'on peut arriver largement à la probabilité que tu cites.
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Dubble
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Dubble »

Squish a écrit : 12 nov. 2022, 20:31 Un seul pilote très bien formé + une très forte automatisation, je suis persuadé qu'on peut arriver largement à la probabilité que tu cites.
Malheureusement la formation et l'automatisation ne vont pas de pair.
C'est exactement le problème soulevé par René Amalberti dans sa conférence.
On dépossède peu à peu les pilotes de leurs compétences. Nos anciens avaient bien plus de compétence technique que nous. Ils faisaient des arrivées tout réduit depuis la croisière. Nous c'est entièrement configuré à 500 ou 1000ft. Ils pilotaient avec un PA très sommaire ou pas de PA des aiguilles et des systèmes bien plus compliqués que les notres.

Aujourd'hui on commence à se rendre compte de ça et dire que c'est un souci, alors on essaye de rétropédaler.
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par tekzone »

Dubble a écrit : 12 nov. 2022, 20:47
Squish a écrit : 12 nov. 2022, 20:31 Un seul pilote très bien formé + une très forte automatisation, je suis persuadé qu'on peut arriver largement à la probabilité que tu cites.
Malheureusement la formation et l'automatisation ne vont pas de pair.
C'est exactement le problème soulevé par René Amalberti dans sa conférence.
On dépossède peu à peu les pilotes de leurs compétences. Nos anciens avaient bien plus de compétence technique que nous. Ils faisaient des arrivées tout réduit depuis la croisière. Nous c'est entièrement configuré à 500 ou 1000ft. Ils pilotaient avec un PA très sommaire ou pas de PA des aiguilles et des systèmes bien plus compliqués que les notres.

Aujourd'hui on commence à se rendre compte de ça et dire que c'est un souci, alors on essaye de rétropédaler.
Tout réduit depuis la croisière jusqu’au toucher c’est n’est pas un critère de compétence mais un critère d’instabilité de l’approche. Entièrement configuré à 500ft voire même 1000ft comme dans la plupart des compagnies, ca t’évite de très nombreux problèmes dont notamment les sorties de piste. Choses que nos anciens connaissaient également très bien. Je sais que chez AF c’est très largement accepté ces approches instables mais la réalité c’est que c’est moins safe.

Ce n’est pas en faisant plus d’approches instables qu’on va s’améliorer :tss:
Guide de préparation sélections A320 : www.preparationselection.fr
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Dubble »

tekzone a écrit : 13 nov. 2022, 16:29 Tout réduit depuis la croisière jusqu’au toucher c’est n’est pas un critère de compétence mais un critère d’instabilité de l’approche. Entièrement configuré à 500ft voire même 1000ft comme dans la plupart des compagnies, ca t’évite de très nombreux problèmes dont notamment les sorties de piste. Choses que nos anciens connaissaient également très bien. Je sais que chez AF c’est très largement accepté ces approches instables mais la réalité c’est que c’est moins safe.

Ce n’est pas en faisant plus d’approches instables qu’on va s’améliorer :tss:
En avion léger, savoir faire un encadrement c'est un critère de compétence ou d'instabilité ?

Le problème c'est pas une approche non stabilisée, le problème réel c'est d'être derrière l'avion.
Et être stabilisé à 500ft n'empêche aucunement la sortie de piste, seule la vitesse au seuil compte par rapport à ce facteur là, et d'autres facteurs comme l'oubli des reverses ou un arrondi long (qui peut suivre une finale parfaitement stabilisée!) peuvent y mener. Là encore le souci c'est d'être derrière l'avion, pas d'arriver vite ou doucement.

Chez AF ces approches ne sont absolument pas acceptées, il y a des critères de tolérance précis et si on en sort on est appelés pour s'expliquer par un collègue pilote ou un chef. (J'imagine que le critère c'est 15 ou 20kt de survitesse à 500ft)

Enfin, il y a la règle, qu'on respecte, et le débat sur la règle. La règle n'empêche pas de débattre de la règle. A ce sujet, je base tout ce que j'ai raconté ci haut sur un rapport IATA sur l'EBT. On nous dit que le taux d'événements par vol si on poursuit l'ANS est de 20% supérieur, tandis que le taux d'événement par vol si on remet les gaz est 57% supérieur. Le surrisque est donc supérieur en cas de remise de gaz. Vu que la règle veut qu'on remette les gaz, et que le surrisque est supérieur dans ce cas, la meilleure solution parait donc d'éviter l'ANS complètement. Eviter l'ANS ça veut dire quoi ? Etre devant son avion, c'est à dire avoir la disponibilité pour gérer son énergie.

On a une corrélation entre ANS et événement de sécurité, mais corrélation n'est pas causalité. ANS et événements de sécurité pourraient être deux conséquences à égalité d'une autre cause première : c'est l'hypothèse que je formule.

Ecoutez cette conférence de Amalberti... A réduire le champ d'utilisation d'un système par ses opérateurs, on peut augmenter la sécurité globale tout en réduisant les compétences individuelles. Pourquoi pas essayer un système qui préserverait les deux ?
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tekzone
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par tekzone »

Je pense que les statistiques récemment publiées par le BEA parlent d’elle-même. 97% d’atterrissages suite à des approches non stabilisées c’est assez explicite. Dans d’autres pays (enfin la plupart des autres pays pour être honnête), on est plus proche de l’inverse. Il y a donc bien une différence de culture de sécurité des vols.

Bien sûr qu’une approche stabilisée ca n’empêche pas un atterrissage long ni d’oublier de sortir les reverse. Mais ca crée clairement les conditions pour que ca se produise le moins possible. Les approches non stabilisées sont des approches où la charge de travail et le risque de saturation sont énormes. Tu n’arrives pas non plus avec le niveau d’énergie conforme à tes calculs de performance. Stabilisé ca veut dire être à la bonne vitesse entre autres paramètres évidemment.

Les statistiques sur les sorties de piste sont claires. Les approches stabilisées en limitent les risques. On peut en penser ce qu’on en veut mais les faits sont là. On peut toujours débattre à l’infini mais le lien de causalité entre approches stabilisées et réduction des évènements de sécurité adverses est clairement établi. Je suis franchement surpris de tes réflexions à ce sujet… Il y a pléthore de documents à ce sujet mais en voici un : https://www.smartcockpit.com/docs/Flyin ... oaches.pdf.

Petite citation pour la route : In 75% of the off-runway touchdown, tail strike or runway excursion/overrun accidents, the major cause was an unstable approach.

Les atterrissages suite à des approches non stabilisées créent des problèmes graves en cas de sortie de piste. Les remises de gaz créent principalement des problèmes assez mineurs tels que des altitude bust ou des non respect de trajectoires. Le choix entre les deux me parait trivial. Surtout que les remises de gaz sur approches non stabilisées se font hautes et sans aucune urgence.
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Dubble
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Dubble »

tekzone a écrit : 13 nov. 2022, 20:49 Je pense que les statistiques récemment publiées par le BEA parlent d’elle-même. 97% d’atterrissages suite à des approches non stabilisées c’est assez explicite. Dans d’autres pays (enfin la plupart des autres pays pour être honnête), on est plus proche de l’inverse. Il y a donc bien une différence de culture de sécurité des vols.
Je demande sérieusement à voir si les critères sont les mêmes...
A ce titre, avoir le nombre d'ANS (ou leur proportion sur tous les vols) permettrait de mettre en évidence une possible différence de critères.
tekzone a écrit : 13 nov. 2022, 20:49 Les approches non stabilisées sont des approches où la charge de travail et le risque de saturation sont énormes. Tu n’arrives pas non plus avec le niveau d’énergie conforme à tes calculs de performance.
Un encadrement c'est une approche non stabilisée, c'est une charge de travail énorme ?
Le niveau d'énergie est conforme au calcul de perfos si tu es à 50ft au seuil à la bonne vitesse.
tekzone a écrit : 13 nov. 2022, 20:49
Les statistiques sur les sorties de piste sont claires. Les approches stabilisées en limitent les risques. On peut en penser ce qu’on en veut mais les faits sont là. On peut toujours débattre à l’infini mais le lien de causalité entre approches stabilisées et réduction des évènements de sécurité adverses est clairement établi.
Si on regarde le taux de mortalité par type de bâtiment, les hopitaux sont des lieux très très dangereux. Ca veut dire qu'il faut éviter d'aller à l'hopital pour maximiser son espérance de vie ?
Corrélation n'est pas causalité, encore une fois.

Peut-être que la cause réelle est ailleurs, par exemple des pilotes derrière l'avion. Et des pilotes derrière l'avion feraient plus de bêtises même avec une approche stabilisée qu'un pilote devant l'avion en approche non stabilisée.
Airbus dans ses vols d'essais fait régulièrement des approches stabilisées largement sous les 500ft (de visu, 100-200ft ?) : ils ont un taux de sortie de piste largement supérieur aux vols en ligne ?
L'aviation d'affaires prend également plus de libertés avec le principe de stabilisation : ils ont plus de sortie de pistes ?
On dit qu'AF respecte moins bien la règle de stabilisation que d'autres compagnies : ça se traduit au niveau des sorties de piste, des posers longs ou des événements type "plus de x noeuds à moins de y mètres" ? Je ne suis pas sûr, car chez AF on a aussi une règle de poser à 600m que d'autres compagnies portent à 900...
J'attends encore des éléments factuels sur ce genre de choses.

En conclusion, pour moi, l'état de l'avion à 500 ou 1000ft n'est pas causal de quoi que ce soit. Par contre, l'état mental des pilotes, lui oui. Et l'état de l'avion à 500 ou 1000ft peut être un baromètre de celui-ci, mais pas une cause en elle-même. Etre devant l'avion, c'est avoir une bonne conscience de la situation. La COS, c'est ça le mot clé pour moi.
Une cause, c'est quand on prend deux échantillons représentatifs, qu'on choisit au hasard la moitié où on ne fait rien, et la moitié où on applique le facteur qu'on veut tester. On peut aussi comparer plusieurs choses d'un coup.
Prenons 3000 vols. 1000 vols standards (bien reposés, approches stabilisées), 1000 vols dans lesquels on demande à l'équipage d'arriver à Vref+30 à 500ft (bien reposés), et 1000 vols dans lesquels on demande à l'équipage de ne dormir que 3h par nuit les 5 nuits qui précèdent (dans le but explicite de les mettre dans le jus).
Quel groupe aura les pires statistiques de sécurité à l'atterrissage, à ton avis ?

Quelques illustrations sur des cas pratiques :
https://www.skybrary.aero/articles/acci ... reports-re
J'ai pris tous les incidents un par un, pour ne rajouter aucun biais
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... rance-2019 L'approche est non stabilisée, mais la cause réelle de l'accident ne serait-elle pas plutôt le fait que c'était le premier vol du pilote sur cet avion à courchevel ?
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... india-2020 : le CDB est derrière l'avion, l'approche est non stabilisée, le CDB ne réagit pas au callout de go around du copi
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... ralia-2020 approche stabilisée, pas de calcul de perfos, choix d'approcher avec volets partiels + spoilers au lieu de plein volets
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... l-usa-2019 vol de line training, tolérance sur un inverseur de poussée, oubli des speedbrakes, approche non stabilisée. La vraie cause n'est-elle pas encore une fois le fait de ne pas maitriser l'avion ?
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... anada-2018 mauvais calcul de performance, mauvaise manipulation des inverseurs de poussée, pas de conscience de la composante de vent arrière, mauvais freinage, mauvaise conscience des notams (piste plus longue disponible), erreur sur le choix de la vitesse d'approche, mais approche stabilisée et toucher parfaitement sur les plots...
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... anada-2020 approche stabilisée, mais pas de calcul de perfos, composante vent arrière supérieure aux limites, oubli de supprimer la majoration de vapp suite à un changement de piste, mauvaise identification de la performance de freinage
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... rmany-2017 approche stabilisée, arrondi flotté, piste courte
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... india-2017 piste courte, arrondi haut et flotté, poser très long, approche non stabilisée
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... geria-2018 absence de monitoring des spoilers et reverse, approche a priori stabilisée
https://www.skybrary.aero/accidents-and ... menia-2019 absence de calcul des performances, freinage prévu pour une piste de 3800 mètres au lieu de 2400 mètres réellement disponibles par notam, non prise en compte de la consigne de sortie par un taxiway compatible avec cette nouvelle longueur, absence de freinage maximal même après s'être rendu compte du risque garanti de collision avec le matériel sur la piste.

Dans tous ces exemples, l'approche stabilisée ou pas ne me semble pas être le vrai facteur causal. Le point commun de tous ces exemples, c'est un manque de conscience de la situation, souvent aggravé par un défaut de pilotage manuel ou un défaut de monitoring. Poser long sur une piste courte, vs poser long sur une piste longue, c'est de la conscience de la situation.
Si j'étais payé pour faire une réelle étude je prendrais la totalité des incidents à ma disposition et je mettrais dans des cases une évaluation objective des compétences pilote, et avec ces exemples je suis certain que le défaut de COS est mieux corrélé à la sortie de piste que l'ANS.
Dans le cas où j'aurais tort, te contredire t'aura encouragé à fournir des arguments plus crédibles.
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par VinceR »

Deux questions Dubble (juste pour être sûr de comprendre):
Chez AF ces approches ne sont absolument pas acceptées, il y a des critères de tolérance précis et si on en sort on est appelés pour s'expliquer par un collègue pilote ou un chef. (J'imagine que le critère c'est 15 ou 20kt de survitesse à 500ft)
Les tolérances sur la vitesse ne sont pas bien définies ou bien tu ne les connais pas ?
Je ne suis pas sûr, car chez AF on a aussi une règle de poser à 600m que d'autres compagnies portent à 900...
Peux-tu m'expliquer ça ? Il faut poser dans les premiers 600 mètres même si la zone est plus grande ? Ou bien j'ai compris de travers ?
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Dubble »

VinceR a écrit : 14 nov. 2022, 13:09 Deux questions Dubble (juste pour être sûr de comprendre):

Les tolérances sur la vitesse ne sont pas bien définies ou bien tu ne les connais pas ?

Peux-tu m'expliquer ça ? Il faut poser dans les premiers 600 mètres même si la zone est plus grande ? Ou bien j'ai compris de travers ?
Les critères sont définis, mais je ne les connais pas. Et je ne les donnerais pas si je les avais. Le principe est de ne pas révéler le critère aux pilotes, pour éviter que le critère ne devienne la nouvelle limite non officielle en opérations.

Il faut être posé entre 300 et 600 mètres, même si la zone est très grande (la plus longue que je connaisse c'est 1050m), même sur piste très longue qu'on doit dégager au bout par notam, par exemple.
Et sauf piste courte, style Florence, auquel cas c'est encore plus restrictif. Je crois qu'ils demandent 300-450m à Florence (mais je n'y suis pas qualifié, peut-être qu'en pratique ils exigent encore plus précis que ça)
Le calcul de performances tient compte de 15% de marge quand on passe en FLD. Si on a 2000m de LD, 15% ça fait 300m, et ça couvre un poser long à 600m, mais pas à 900m. D'ailleurs, sur une LD inférieure, les 15% ne couvrent pas les 300m.

Tout est question de COS encore une fois.
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par VinceR »

Les tolérances sur les vitesses non définies ?? Dans ma compagnie (et aussi easyJet), les critères sont parfaitement définis. C'est -5/+10 kts à 1000 pieds (500 pieds pour EZY si ça n'a pas changé). Et si c'est dehors, il n'y a pas beaucoup de questions à se poser, on remet les gaz. Comme dit plus haut, t'es pas près du sol donc rien de dangereux ou difficile.
Mais bon pourquoi pas, c'est différent chez AF, et c'est peut-être bien. J'y vois une qualité : c'est pas noir ou blanc, donc en fonction de la qualité de l'approche, de la météo et d'autres paramètres, on peut décider de remettre les gaz ou de continuer. Le gros défaut, c'est qu'à moins d'être largement en dehors des clous, j'imagine que quasi personne ne remet les gaz à cause d'une vitesse trop élevée chez AF (et ça expliquerait le pourcentage incroyable de 97% lu plus haut).

Poser dans les 600 premiers mètres, c'est une règle vraiment stupide je trouve. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Si la piste fait 4000 mètres, poser en 600 mètres ou juste au bout de la touchdown zone, ça ne change rien. La question à avoir quand on pose tout au bout de la zone, c'est d'être bien sûr qu'on est dedans (surtout si la piste est courte). Et dans le doute, si on n'est pas 100 sûr, on remet les gaz. C'est plus safe (plus d'erreur c'est vrai mais peu dangereuses) que de faire une sortie de piste (potentiellement catastrophique).
Des aéroports avec des pistes courtes comme Jersey, Florence ou Gibraltar, c'est un autre problème il est vrai.

Enfin bref, j'en reste là pour éviter de polluer le topic qui n'est pas du tout sur ce que je raconte.
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Dubble »

VinceR a écrit : 14 nov. 2022, 14:04 Les tolérances sur les vitesses non définies ?? Dans ma compagnie (et aussi easyJet), les critères sont parfaitement définis. C'est -5/+10 kts à 1000 pieds (500 pieds pour EZY si ça n'a pas changé). Et si c'est dehors, il n'y a pas beaucoup de questions à se poser, on remet les gaz. Comme dit plus haut, t'es pas près du sol donc rien de dangereux ou difficile.
Mais bon pourquoi pas, c'est différent chez AF, et c'est peut-être bien. J'y vois une qualité : c'est pas noir ou blanc, donc en fonction de la qualité de l'approche, de la météo et d'autres paramètres, on peut décider de remettre les gaz ou de continuer. Le gros défaut, c'est qu'à moins d'être largement en dehors des clous, j'imagine que quasi personne ne remet les gaz à cause d'une vitesse trop élevée chez AF (et ça expliquerait le pourcentage incroyable de 97% lu plus haut).

Poser dans les 600 premiers mètres, c'est une règle vraiment stupide je trouve. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Si la piste fait 4000 mètres, poser en 600 mètres ou juste au bout de la touchdown zone, ça ne change rien. La question à avoir quand on pose tout au bout de la zone, c'est d'être bien sûr qu'on est dedans (surtout si la piste est courte). Et dans le doute, si on n'est pas 100 sûr, on remet les gaz. C'est plus safe (plus d'erreur c'est vrai mais peu dangereuses) que de faire une sortie de piste (potentiellement catastrophique).
Des aéroports avec des pistes courtes comme Jersey, Florence ou Gibraltar, c'est un autre problème il est vrai.

Enfin bref, j'en reste là pour éviter de polluer le topic qui n'est pas du tout sur ce que je raconte.
On s'est mal compris :lol:
Il y a deux tolérances de vitesse et je parlais de l'une alors que tu parlais de l'autre.
- La règle à appliquer en opérations et communiquée dans le MANEX.
- Le critère de sortie à l'analyse des vols.
La première est évidemment connue des pilotes, c'est la deuxième qui n'est pas connue, justement pour éviter le souci que cette tolérance (forcément un peu supérieure) devienne la nouvelle règle.
il y a des critères de tolérance précis et si on en sort on est appelés pour s'expliquer par un collègue pilote ou un chef. (J'imagine que le critère c'est 15 ou 20kt de survitesse à 500ft
Moi je parlais de ça, toi tu parlais du critère de stabilisation Airbus. Le critère Airbus est repris par énormément de compagnies, donc j'ai supposé que tu savais qu'on avait repris ça chez AF aussi.

En quoi poser dans les 600 premiers mètres serait plus stupide que respecter une vitesse à 500ft ?
Tu peux résorber 10kt par 100ft, donc potentiellement arriver à +30kt et être stable aux minimas ILS sans souci.
On nous dit par ailleurs que l'intérêt d'arriver à la bonne vitesse à 500ft au plus tard permet de maximiser les chances de poser proche des plots. Si poser à 900m est acceptable, en quoi la mesure qui permet de l'éviter serait utile ?
Si poser à 900m est acceptable, on peut décaler tout son plan de 50 à 100ft vers le haut. A 500ft et au dessous ça doit être assez significatif sur un indicateur glide.

C'est au contraire parfaitement dans le topic.
D'après la conférence (dont je suis sûr que vous l'avez écoutée en entier :lol:) un métier n'est plus d'avenir quand on commence à constater que la compétence est confisquée aux opérateurs pour être remise à l'organisation.
Toute l'intelligence et donc le métier d'avenir se déplacent vers la conception.
C'est aussi un débat pour les personnes qui voudraient devenir pilote ou hésitent. Est-ce qu'on veut un métier où on nous demande de réfléchir le moins possible, mais où on est quand même responsable quand ça merde ?
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par VinceR »

Ok je comprends de quoi tu parles niveau vitesse à 500 pieds. Et je suis d'accord avec toi.
Dubble a écrit : 14 nov. 2022, 14:29 En quoi poser dans les 600 premiers mètres serait plus stupide que respecter une vitesse à 500ft ?
Parce que lorsqu'on arrive à Vapp+30 à 500 pieds, c'est qu'on est derrière l'avion depuis déja un certain temps. Ca peut être vraiment depuis longtemps comme l'approche AF à Toulon où l'approche est déjà dans les choux à 15 nm du seuil de piste, mais ça peut être juste à la fin parce que les pilotes ont simplement oublié de sortir le train au bon moment par exemple. Dans tous les cas, c'est parce qu'il y a un truc qui a été oublié ou mal géré. Et dans ce cas, on peut se poser la question : est-ce qu'on n'a pas oublié autre chose ou pas vérifié correctement certains paramètres (par exemple ne pas avoir vérifié qu'on est au bon endroit au bon moment grâce au déclenchement du rad alt sur une approche RNAV).

En revanche, si on pose long parce qu'on a trop arrondi, ou qu'on se prend un changement de direction de vent (ou une bourrasque) juste pendant l'arrondi, c'est généralement parce qu'on n'est pas derrière l'avion (enfin si, c'est possible mais bien plus rare), c'est qu'on réagit à ce qui est en train de se passer. A mon avis, c'est là la différence.

Mais dans sa globalité, je pense voir où tu veux en venir. Mais je pense que tu fais l'erreur de penser que tout le monde est cablé comme toi. C'est pas le cas. Et si on commence à faire des règles complexes, c'est évident que ça va être mal utilisé (=certains pilotes vont pousser jusqu'au bout du bout parce que c'est bon, ça va passer).

Je n'ai pas encore regardé la vidéo, je vais le faire dès que j'ai un peu de temps.
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Squish
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Squish »

Dubble a écrit : 14 nov. 2022, 14:29 Est-ce qu'on veut un métier où on nous demande de réfléchir le moins possible, mais où on est quand même responsable quand ça merde ?
ça fait longtemps que c'est comme ça non ? je me souviens dans un topic lointoin Dubble avant que tu entres chez AF, j'tavais dit, au vue de tes réponses assez "matheuses" , tu vas bien moins réfléchir dans ce job. C'est pas fait pour ceux qui intellectualisent trop ce job lol!!

Mais ta question reste intéressante, et je dirais oui. C'est ce que veulent inconsciement les jeunes pilotes. faire un métier pour l'image, ne pas trop réfléchir et penser bien gagner.
Les responsabilités ? en fait, ils n'y pensent pas encore ou n'ont qu'une vague idée de ce que c'est réellement.
Quand on se lance dans ce métier à payer des QT, payer pour bosser et entrer faire l'esclave chez Ryanair, Volotea, Wizzaire etc... où est la notion de responsabilité sérieux ?
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Dubble
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par Dubble »

VinceR a écrit : 14 nov. 2022, 18:15
Parce que lorsqu'on arrive à Vapp+30 à 500 pieds, c'est qu'on est derrière l'avion depuis déja un certain temps. Ca peut être vraiment depuis longtemps comme l'approche AF à Toulon où l'approche est déjà dans les choux à 15 nm du seuil de piste, mais ça peut être juste à la fin parce que les pilotes ont simplement oublié de sortir le train au bon moment par exemple. Dans tous les cas, c'est parce qu'il y a un truc qui a été oublié ou mal géré. Et dans ce cas, on peut se poser la question : est-ce qu'on n'a pas oublié autre chose ou pas vérifié correctement certains paramètres (par exemple ne pas avoir vérifié qu'on est au bon endroit au bon moment grâce au déclenchement du rad alt sur une approche RNAV).

En revanche, si on pose long parce qu'on a trop arrondi, ou qu'on se prend un changement de direction de vent (ou une bourrasque) juste pendant l'arrondi, c'est généralement parce qu'on n'est pas derrière l'avion (enfin si, c'est possible mais bien plus rare), c'est qu'on réagit à ce qui est en train de se passer. A mon avis, c'est là la différence.

Mais dans sa globalité, je pense voir où tu veux en venir. Mais je pense que tu fais l'erreur de penser que tout le monde est cablé comme toi. C'est pas le cas. Et si on commence à faire des règles complexes, c'est évident que ça va être mal utilisé (=certains pilotes vont pousser jusqu'au bout du bout parce que c'est bon, ça va passer).
In fine on sera d'accord, c'est certain :)

Oui, être en ANS peut être symptomatique d'être derrière l'avion. Mais est-ce la seule cause possible ?
Un pilote d'essais Airbus qui fait le "circuit court" avec sortie de virage à 100ft il est derrière l'avion ?
Un PPL en encadrement il est derrière l'avion ?

Finalement la règle de la stabilisation s'auto justifie. C'est parce qu'elle existe et que les gens essaient de la respecter qu'elle permet de détecter un équipage en sous performance.
Ce que je dis n'est peut être valable qu'à 90%, parce que c'est vrai qu'un encadrement est probablement un peu plus risqué qu'une approche stabilisée. Mais être derrière l'avion doit comporter un surrisque bien supérieur à celui d'avoir décidé un encadrement.

Enfin, on peut se poser la question de la pertinence de faire respecter une règle à des gens qui sont peut-être trop dans le jus pour analyser les critères associés. Une plaque hardware serait pertinente en l'occurrence, je crois.
Je verrais bien un calcul tenant compte de divers facteurs pour analyser la réelle surcharge de l'équipage.
Le vent était arrière et passe avant juste avant 500ft ? On augmente la tolérance. Tout est nominal niveau météo, la piste est courte et l'avion est à +20kt ? "Unstable, go around"

Et la boucle est bouclée, croyant simplifier un problème et améliorer la sécurité, je retire une compétence à l'équipage :lol:
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5 Rings
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par 5 Rings »

Vapp+20 à 500’ n’est pas compatible avec des conditions « nominales » justement.

Si ta destination est sujette aux changements de vents, ça d’anticipe au briefing prévol avec de l’extra fuel pour une seconde approche, au briefing arrivée avec une mention au niveau des risques et des appels PM à adapter peut-être et un calcul perfo avec vent très défavorable, mais on n’apprendra pas à l’ingénieur que tu es que c’est le carré de la vitesse qui compte, amplifiée par de nombreuses tonnes à arrêter.

Avoir une évaluation éclairée et intelligente de la situation est essentielle mais n’est pas une raison pour oublier totalement les limites.
Je n'ai rien à voir avec le Fiverings de paroledegaulois.com ou Rcocobis.
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bleedair
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Re: Pilote, un métier d’avenir ?

Message par bleedair »

"La COP 27, c'est fini, ouf le climat est sauvé !
On peut désormais tranquillement prendre son jet privé pour aller assister aux exploits de M'Bappé au Qatar.
"

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