pAolO a écrit : ↑29 mai 2020, 04:44
Mais je note que les mentalités bougent doucement, les avis deviennent partagés, alors qu'un tel sujet, il y a juste 5 ans se serait pris une volé de bois vert unanime.
Bon, y'a aussi ceux qui ont fait le chemin inverse (coucou Dubble!

)
À l'époque où JMJ restait dans le constat, j'étais entièrement d'accord.
Quand il pronait des solutions extrêmes, personne ne l'écoutait donc ça restait de l'ordre du divertissement.
Mais maintenant que ses propos arrivent sur le devant de la scène (membre du HCC, repris par divers intervenants alors qu'avant personne ne le connaissait..) je m'aperçois que ses propos sont assez extrémistes et autant biaisés que ceux des pilotes à propos de l'aérien.
J'ai lu son rapport récent (celui du shift) concernant l'aérien. Tous les chiffres sont exagérés. Du côté avion grand méchant loup, évidemment
Et surtout le problème c'est que si on applique ses solutions, si on est pas suivis on aura rien gagné à part une balle dans le pied.
C'est pourquoi je partirais plutôt sur une stratégie d'adaptation au changement climatique.
Nouvelle politique d'agriculture, et de la ville plus résilientes. Relocalisation de productions essentielles.
Incitations pour réaliser des aménagements au changement climatique : isolation, pompes à chaleur, digues..
Car il me parait clair que personne ne fera assez pour limiter le réchauffement climatique à 2°, et que les pays qui tireront leur épingle du jeu seront les mieux préparés à ça. Pas ceux qui auront émis le moins.
Du coup, petit paragraphe sur le train.
On parle de l'amortissement sur 100 ans des émissions de CO2 du train.
Effectivement, si on amortit sur 100 ans, au bout de 100 ans, les émissions totales de CO2 dans l'atmosphère sont égales, entre la situation réelle, et la situation imaginée d'amortissement où on aurait émis les émissions au fur et à mesure.
Mais en termes de réchauffement ?
Si on émet 100 de CO2 d'un coup (la réalité, avec la construction des LGV) vs si on émet 1 de CO2 par an pendant 100 ans (la situation imaginée par l'amortissement) :
- Les 100 de CO2 vont provoquer un réchauffement proportionnel à leur quantité pendant 100 ans, comme leur quantité va rester quasi constante, on aura 10 000 unités de chaleur supplémentaire (calculs en unités arbitraires évidemment)
- Les 1 de CO2 par an ne vont réchauffer la terre que à partir du moment où ils sont émis.. Si on fait la somme, on tombe sur environ 5000.
Donc grosso modo, amortir le train sur 100 ans, c'est une durée déjà arbitrairement très longue (supérieure à la durée de vie de nos enfants, probablement), mais surtout cela conduit à sous estimer les émissions d'un facteur 2 !
Si on applique un modèle de décroissance du CO2 dans l'atmosphère (car il disparait peu à peu de lui-même, j'ai trouvé le chiffre de 0.7% par an sur le site de JMJ), la surestimation des émissions est maintenant d'un facteur 1.75.
L'avion est plutôt dans le second cas : il émet au fur et à mesure.
Le train c'est le premier cas, il émet énormément d'un coup puis peu (s'il est nucléaire) par la suite.
Ensuite, si on réfléchit de nouveau à cette durée d'amortissement, on va être obligés de changer le fusil d'épaule.
Déjà, moi ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il se passera pour ma retraite, et ma fin de vie, donc un horizon 50-60 ans maxi. Il faut retirer 20 ans qui est le temps d'inertie du climat (dixit JMJ encore). Donc finalement un horizon raisonnable c'est plutôt 30 ans.
Histoire de confirmer ce chiffre, on va aussi dire que, dixit JMJ lui-même, la décroissance du pétrole à ces horizons limitera forcément les usages d'énergie fossiles et donc la pollution associée.
Car évidemment, la LGV qu'on a construit, on ne peut pas la déconstruire pour se faire rembourser le CO2! En dépit de ce que pourrait laisser penser le calcul d'amortissement, qui considère le CO2 comme des euros, ça ne marche pas comme ça.
Alors qu'on peut arrêter/ralentir l'usage de l'avion et stopper les émissions.
Donc :
- 30 ans c'est la durée que je juge personnellement la bonne pour la réflexion
- En termes de joules supplémentaires reçues par la terre, on peut calculer assez facilement que train et avion sont équivalents sur cette durée, en supposant le trafic constant
- Vu que l'évolution forcée, à un moment donné (encore une fois selon JMJ lui même) sera moins d'avion : l'avion est une solution plus écologique que le train !
En bref, la vertu supposée du train est une arnaque intellectuelle.
On peut, bien sûr, utiliser les LGV existantes.
Il ne faut
surtout pas construire une europe du rail. Non seulement cela ne serait pas rentable à 30 ans, nulle part, mais à part dans les pays nucléarisés, ce ne serait pas non plus rentable à n'importe quel horizon de temps.
Remplacer un réseau d'aviation européen par un réseau ferré, en plus de multiplier par 3 ou 4 les temps de trajet, serait une catastrophe écologique.