En 2009, Baboo a de nouveau connu des pertes abyssales. La compagnie genevoise a dû mettre au chômage partiel 60% de son effectif pendant quelques semaines. En avril, le Britannique Mark Darby est venu remplacer à la direction Jacques Bankir. Que compte faire le nouveau CEO, ancien ingénieur aéronautique qui dirigeait auparavant LIAT, une compagnie des Antilles, pour redresser la barre de la compagnie genevoise fondée par Julian Cook?
Bilan Certains observateurs estiment la perte de Baboo en 2009 à 30 millions de francs. Juste ou faux?
Mark Darby On ne communique pas sur nos pertes. Mais ce n’est un secret pour personne que Baboo n’a pas atteint la rentabilité, même s’il y a une amélioration ces derniers mois. Il nous la faut pour 2011.
B Et si vous n’y parvenez pas?
MD Nous y parviendrons! Mais nous avons un actionnariat solide.
B Sauf que Julian Cook, fondateur et président du conseil d’administration, va monter une compagnie en Afrique. Ne pensez-vous pas qu’il va se désengager de Baboo?
MD Pour l’instant, il n’a rien dit dans ce sens. Je connais Julian Cook, il est très attaché à Baboo.
B Pourtant, Baboo aurait tenté dernièrement de se faire racheter par Swiss, sans succès.
MD Ce n’est absolument pas le cas.
B Malgré un chiffre d’affaires et un trafic passagers en hausse (30% et 38% respectivement), Baboo n’est toujours pas rentable. C’est quoi le problème?
MD Le marketing. C’est la grosse lacune actuellement. Nous manquons cruellement de visibilité, raison pour laquelle nous ne remplissons pas suffisamment nos avions. Ma tâche principale consistera donc à mieux nous faire connaître.
B Quel en sera l’impact au niveau du budget?
MD Nous allons doubler le budget marketing. Au niveau du Web mais aussi envers les agences de voyages à qui nous allons proposer des offres très attractives.
B Où allez-vous prendre cet argent?
MD Il s’agira de renforcer la politique du contrôle des coûts. On ira chercher l’économie dans les opérations au sol par exemple. Savez-vous qu’en volant de dix kilomètres à l’heure moins vite, on épargne 1% des coûts? Ensuite, au lieu d’utiliser un avion à raison de six heures par jour, comme c’est le cas aujourd’hui, on passera à neuf heures. Enfin, on limitera le travail au desk en encourageant le check-in par Internet.
B Allez-vous supprimer des postes dans les six mois à venir?
MD Ce n’est pas une priorité. On fera sans doute de petits ajustements, en ne remplaçant pas certains départs. Mais au lieu de licencier, on louera à d’autres compagnies l’un ou l’autre de nos appareils avec tout le personnel navigant, en hiver notamment, ou lorsqu’une compagnie attend la livraison d’un appareil.
B Allez-vous couper dans le service à la clientèle, très soigné par rapport aux compagnies low-cost?
MD Non, le service est précisément ce qui fait notre différence. Nous voulons la cultiver.
B Et augmenter le prix des billets qui sont bas pour la qualité fournie?
MD Non plus.
B Jacques Bankir, avant de partir, déclarait vouloir doubler la flotte, à dix avions. D’accord avec lui?
MD Non. Si nous avions cinq avions de plus, ce serait un désastre! Le marché est beaucoup trop fragile. Il nous faut d’abord consolider. Même dans une compagnie comme EasyJet, Stelios Haji-Ioannou a dit que la croissance devait cesser. Frappé de plein fouet par la crise, le secteur aérien doit désormais se battre pour des parts de marché dans un contexte de décroissance.
(à défaut de vouloir nous racheter, j'ai dans l'idée qu'ils préfèreraient nous voir disparaître, tout comme EZS d'ailleurs)