Le Lycée Naval, l'Ecole de Maistrance et bien d'autres cours, sont installés aux "Quatre Pompes", nom donné à l'endroit à sa construction, pour les quatre pavillons aux extrémités d'un long bâtiment donnant sur la rade de Brest.
C'est l'ancienne Ecole Navale, achevée dans les années trente, et totalement détruite à la Libération, et dont il n'est longtemps resté que les façades aveugles surplombant la base sous marine construite là pendant la guerre.
L'actuelle Ecole Navale fut donc "reconstruite", disons plutôt réinstallée dans le provisoire, dans des baraques de bois sur le tarmac et à l'emplacement du gigantesque hangar "parapluie" de la Base aéronavale d'hydravions du Poulmic, au sud de la rade de Brest, en contrebas de la Base actuelle elle même située sur le "plateau", trois cent pieds plus haut.
Ce "provisoire" a duré près de vingt ans, jusqu'à la construction de ce qu'on connaît actuellement, contruit à l'emplacement du hangar "parapluie" et des marais du Stang. L'actuelle esplanade est sur les marais du Stang, là où vos anciens, dont je fus, couraient les cross du petit matin. Le club équestre actuel est l'ancienne ferme du Stang, que l'on traversait crottés et boueux jusqu'aux yeux dans la montée ...
L'hydrobase avait été quasi complètement détruite pendant la guerre. N'en subsistent que les batiments allongés le long et au bas de la route menant à la BAN, et ce qui est partie du bâtiment de l'Ecole de Manoeuvre et de Navigation, à lemplacement de l'ancien bâtiment de commandement de la BAN, en activité jusqu'en 1970 et après. En très mauvais état, existait encore l'actuel carré des officiers de la BAN, et le bâtiment équipage.
En haut, sur le plateau, plus rien. Sauf ce témoin du passé, "L'étoil e du Béarn", plate forme encore équipée de nos jours en souterrain du sytème de brins d'arrêts destiné aux avions du groupe aérien embarqué sur le porte avions Béarn. La "ferme de Lescrozon", actuelle CIFUSIL (n'est ce pas, Messieurs les EOPAN ?) était encore à cete époque en dehors de la Base. Aucunes des structures actuelles n'existait, sauf le hangar dit "double tonneau", jusqu'en 1970, année de l'arrivée des Super Frelons au sein de la Flottille 32F. J'y étais.
La BAN elle même n'était même pas clôturée et "placée sous la protection du public" (authentique). Quelques stocks de bombes non ramassés ont été trouvés en 1970 le long des clôtures des maisons d'habitation du Boulevard de la Marine (là aussi, j'y habitais !!). Personne ne fut évacué, on fit cela au bulldozer, sans se poser de questions !
Je vous dis tout cela, jeunes gens et jeunes filles, pour que vous n'oubliiez pas d'où nous venons tous. Vos anciens ont vécu dans le provisoire, et dans la guerre froide, avec ces exercices de "protection nucléaire" dans le souterrain sous la pointe du Poulmic, pour que vous puissiez choisir en paix votre métier. Ils l'ont fait avec conscience, déplorant parfois le chauffage aléatoire, le confort relatif des hamacs, les trous dans le parking de l'hydrobase, la température parfois hivernale de la "piscine" d'alors, juste à l'extérieur de la darse actuelle du petit port... Comme vous le voyez, il faut parfois plus de vingt cinq ans pour presque effacer les traces de la guerre chez soi, sans parler des irréparables pertes humaines. Ne l'oubliez jamais, dans ce métier exigeant.

A votre arrivée là bas, beaucoup répondront à vos questions é&ventuelles sur les Quatre Pompes, ou l'étoile du Béarn. Mais sachez que sous vos pas sont ceux de vos anciens, qui vous soutiennent et vous précédent parfois. Quant à leur coeur, il est avec vous.
<font size=-1>[ Ce message a été édité par: capc le 2006-02-03 20:18 ]</font>