C'est pas mal comme post ça, ca n'a jamais été fait et ca peut en intéresser plus d'un.
Pour ma part, c'est plus le coté scolaire que je vais aborder car j'ai (pour le moment) eu la chance de ne pas vivre de galère dans le milieu aérien.
Ca commence tôt, j'ai toujours voulu faire pilote depuis aussi longtemps que je m'en souviens et que ma famille s'en souvient. On m'a souvent répété que c'est génial d'avoir un rêve, sauf que ça rends la peur de l'échec encore plus présente. Forcément, comme tout jeune en france qui veut faire pilote, j'entends parler des Cadets Air France (RIP) et de l'ENAC.
Bien que n'aimant pas forcément ça, j'étais bon en maths, et j'ai pu avoir de bons résultats jusqu'à la Terminale. Les premiers ennuis ont commencé pour le choix de la prépa, j'ai un peu merdé mes choix apb tellement j'étais sûr de moi, et au final mon lycée que j'avais mis en 1 m'a refusé (je cite mon prof de maths : ils n'ont pas voulu de vous car l'ENAC ne rentre pas dans les stats). Je finis donc dans ma 2ème prépa, petite prépa à coté de chez moi.
Je me débrouille plutôt bien la première année, je bosse l'ENAC à fond et je prends de l'avance sur le programme (pas vraiment fun fun de faire ça en prépa, ca fait une charge de travail conséquente et non sans risque). Je réussi les écrits (alors que d'autres devant moi dans le classement dans ma classe sont recalés, normal, c'est un concours qu'il faut bosser), et les premières difficultés arrivent.
Les profs me menacent de me refuser le passage en spé si mes résultats baissent trop parce que je bosse l'ENAC et ma prof de maths ira même jusqu'à me rajouter des DM pour que j'aie moins le temps de faire autre chose).
J'ai fini par passer les PSY1 et les PSY2, et arriver 40ème au final ... soit 12ème sur liste d'attente. Ca fout un gros coup au moral, d'échouer si près du but, de se dire que pour 12 places, il va falloir souffrir pendant 1 année en spé. L'été est là pour se remotiver mais c'est quand même dur de se dire qu'on est passé si près du but.
A la fin de la spé re-belote, on m'oblige a passer d'autres concours de l'ENAC si je veux pouvoir faire 5/2 (mon objectif à l'époque était de tout miser sur l'ENAC en 3/2 et de passer les concours ingé en 5/2) et quand je finis 12ème aux écrits ENAC (c'est l'année où les classements étaient visibles dans le code source) je me dis que je serai bien classé et je me relâche un peu. C'est certainement à cause de ce relâchement que je me fais éliminer aux PSY2.
Encore un gros coup dur et beaucoup de remise en question, j'ai un peu vécu ça comme une regression, et je devais décider ce que j'allais faire par la suite. Au final en ayant eu ma claque de la prépa, j'ai décidé d'aller faire une license à la fac, pour pouvoir plutôt que de faire une école d'ingé, commencer des études privées de pilote de ligne si je n'avais pas l'ENAC.
Bien sûr tout ça vient avec les commentaires de la famille qui, malgré un soutien énorme, n'hésite pas à remettre en question mon projet quitte à essayer de m'en dégoûter (pilote de gros taxi, métier sans avenir, pas de boulot, pilote automatique, que faire de son rêve son métier est peut être une mauvaise idée, etc ...). Je pense que ca venait d'un bon sentiment, mais ça n'aide pas forcément, au moins ca permet de se durcir et de vérifier qu'on est réellement motivé).
Bref, j'ai fait la fac, gagné des sous (parce que let's face it, la fac en sortant de prépa, ca laisse assez de temps libre pour aller bosser ... A plein temps

bon ok sans avoir des résultats extra mais j'ai eu mon année). Et ... une fois n'est pas coutume, j'ai échoué aux PSY2.
Décidé à me lancer dans des études, j'ai pris une année "sabbatique" pendant laquelle j'ai bossé en mettant le plus possible de coté, passé mon PPL et le permis. Ca m'a permis d'avoir de quoi payer les ATPL théoriques en intégré (j'avais vu ce que la fac avait donné, je pensais avoir besoin d'être encadré pour travailler) en angleterre.
Je suis donc parti en angleterre, avec beaucoup (encore) de remise en question : Est ce que je vais en être capable, de suivre des cours en anglais de trouver un boulot plus tard, etc...
Heureusement je m'en suis bien sorti et j'ai juste adoré (profs intéressants, endroit vraiment sympas, des super potes et enfin au revoir les mathématiques). A la fin, à cause de problèmes internes à l'école, ils ont du décaler la 3ème phase et j'ai donc du négocier, rentrer en france et la faire tout seul pour avoir terminé avant la date limite d'inscription à l'ENAC en EPL/U.
La il a fallu de la motivation et de la rigueur pour bosser tous les jours 6h chez soi, mais bon comme pour tous ceux qui le font à distance.
J'ai fini par terminer à temps et ... finir par avoir l'ENAC.
Dernier point qui m'a fait peur, après avoir raté 2 fois les psy2, je n'étais pas totalement rassuré à l'idée de retourner passer des sélections compagnie à la sortie de l'ENAC, et pourtant j'ai réussi à avoir easyJet.
Au final, et pour répondre aux questions : Beaucoup d'échec, de remise en question, de doute, de stress, de peur de ne pas avoir d'emploi à la sortie (surtout avant d'avoir eu l'ENAC).
Une confiance en soi : certainement pas, s'en savoir capable ne vous fera jamais réussir une selection ni trouver un travail, il faut douter, et travailler ce qui ne va pas pour progresser.
Un mental d'acier : oui et non, il en faut pour pouvoir persévérer, mais la passion aide beaucoup sans avoir forcément un mental d'acier.
Un optimise hors norme: certainement pas, il faut être réaliste, se préparer à un marché de l'emploi bouché, et à des difficultés imprévues.
Voix négatives : elles permettent de voir le coté négatif de ce que l'on idéalise, mais il faut savoir les écouter sans les laisser décider pour nous, par contre le soutien est très important et permet de continuer à avancer dans les moments de doute.
Boosté au quotidien : la passion, les encouragements des instrus, famille, amis.
Si je peux ajouter, on croise souvent des gens qui ont "un ami pilote qui leur a dit que", des pilotes qui disent que eux ils en ont marre et qu'ils veulent changer, des médias qui veulent faire du chiffre et vous pondent un tas de conneries (cf easyJet TLS en ce moment) etc. Je n'ai pas assez de recul pour en parler moi même, mais il y a plein de pilotes, qui se manifestent beaucoup moins, mais qui aiment ce qu'ils font (presque) tous les jours et qui sont toujours aussi émerveillés par le survol de paysages magnifiques/ coucher de soleil/ approches au dessus de certaines villes de jour comme de nuit.
On croise aussi BEAUCOUP, de gens qui "cherchent" un travail dans l'aérien. Par cherche il faut comprendre depuis la piscine de papa maman ils ont envoyé 4 CV dans les 2 grosses compagnies les plus proches de chez eux. Si vous êtes prêt à bosser, n'importe où, n'importe quand, vous trouverez à coup quasi sûr du boulot, même si il faudra faire des sacrifices.
Je ne connais que très peu de personnes motivées et un minimum intelligentes qui n'ont pas trouvé de travail.
Voilà, keep believing
