conducteurdebus a écrit : ↑07 nov. 2020, 19:03
Bonsoir tout le monde,
Je suis nouveau sur aéronet et je lis avec intérêt les échanges. Pour ma part je suis sorti d'une formation intégrée en 2001... donc autant vous dire que j'ai été frappé par une grosse crise aussi à ma sortie, mais gardez le moral,avec de la ténacité et de la motivation on y arrive! Maintenant commandant de bord Airbus 320 dans une compagnie nationale.
Je délpore deux choses dans les échanges que je lis :
- Un côté ultra-pessimiste, trop de négativité. La conjoncture est hyper difficile c'est sûr et j'ai moi-même eu peur pour mon job. Par contre, ce qui est sûr, c'est qu'on va vers du mieux et que l'aviation va se remettre. Le vaccin va changer la donne et les technologies de tests rapides qui avancent très vites vont permettre aux voyageurs d'éviter les quarantaines. Cet hiver va être le plus compliqué de l'histoire de l'aviation moderne mais l'année prochaine va voir une nette amélioration, qui va se poursuivre.
Pour bien resituer les choses c'est bien le virus qui empêche les gens de voyager et pas une crise économique ni le green-bashing de l'aéronautique.
Au niveau des pilotes sans emploi, il y en a en effet beaucoup pour le moment. Mais cela va changer. D'une part, les compagnies vont reprendre leurs pilotes licenciés dès qu'elles le peuvent (exemple British qui fonctionne avec un community retention scheme et toutes les compagnies qui ont eu et ont toujours recours au chômage temporaire). Plusieurs anciens élèves de ma promotion, remerciés de chez Emirates et Etihad, ont déjà retrouvé un emploi dans des compagnies de cargo (aerologic notamment) et dans des compagnies d'aviation privée (où ça recrute encore). Je trouve que le fait de faire penser aux jeunes qui se lancent qu'ils vont nager dans une mer de milliers et de milliers de pilotes sans emploi et qu'il n'y aura rien pendant 10 ans est complètement faux. Sans parler de tous ceux qui sont partis en retraîte (chez AF notamment)
- Le côté mal informé de beaucoup de personnes sur ce forum. Je vois beaucoup de personnes avoir des propos définitifs sur des choses qu'ils ne connaissent vraisemblablement pas, propos basés je pense sur des "entendus dire".
La discussion intégré vs modulaire par exemple. Je suis d'accord que les deux chemins mènent à Rome mais de tout temps, les recrutements ont privilégié la voie intégré et les élèves issus des "grandes écoles" pour leur côté "formatté" et leur standard de qualité de formation (après il y a des exceptions comme dans tout). Qu'on soit d'accord sur le principe ou pas, n'empêche c'est comme ça. J'ai vu cela tout au long de ma carrière mis à part la fin de la décennie 2010 où le différentil intégré / modulaire était devenu moins évident.
Je suis d'accord par contre que c'est la personnalité du pilote qui compte avant tout, au final le recruteur veut voir si vous êtes des personnes avec qui ils aimeraient voler dans le futur.
Donc aux jeunes qui veulent se lancer dans la formation, je dois vous dire que vous ne trouverez sans doute pas un travail dans les semaines qui suivra votre remise des ailes. Cela prendra peut être 6 mois, 1 an, 1 an et demi. Entre-temps, comme nous en 2001 et comme beaucoup j'imagine en 2008, vous trouverez un petit job en attendant qui vous permettra de payer votre emprunt mais vous devrez sans doute rester chez vos parents. Vous passerez vos soirées à revoir votre ATPL et "how to ace pilots' interviews" sera votre livre de chevet. Mais au final, vous y arriverez, et plus vite et mieux que ceux qui passent leur temps sur ce forum à jetter de la négativité plus qu'il en faut. Ces mêmes personnes, dans quelques années, vous regarderont et diront "ils ont osé et ils y sont arrivés".
Bien à vous tous!
Captain babybus